Aveyron : les Armagnacs et le comté de Rodez

  • Les travaux agricoles au fildes saisons, miniaturedu XIIIe siècle.
    Les travaux agricoles au fildes saisons, miniaturedu XIIIe siècle. Paris, BNF
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Centre Presse Aveyron

Étudiante en Licence d’histoire à l’institut national universitaire Champollion d’Albi, Maëva Julien devait écrire un article dans le cadre de son enseignement sur la valorisation du patrimoine et les humanités numériques. Elle a donc opté pour les Armagnacs et le comté de Rodez au Moyen Âge.

Les Armagnacs étaient des comtes originaires de Gascogne. Les comtes (dirigeants locaux sous l’influence du roi de France) d’Armagnac possédaient un vaste territoire dans le Sud-Ouest du royaume de France, principalement dans le Rouergue qu’ils acquièrent au cours du XIVe siècle, avec, en 1313, l’acquisition de la ville de Rodez où ils ont exercé leur pouvoir jusqu’en 1497. Les XIVe et XVe siècles sont une période troublée pour le royaume de France puisque c’est à ce moment que de nombreux problèmes de succession au pouvoir apparaissent.

C’était également une période de misère avec la guerre de Cent ans, les guerres civiles dont celles des Armagnacs et des Bourguignons ainsi que de nombreuses épidémies favorisées par les famines dues à de mauvaises récoltes et les mouvements de populations.

Un pouvoir privilégié avec le pouvoir central

Leur pouvoir englobait une zone comprenant l’actuel département de l’Aveyron, mais également une partie du Tarn-et-Garonne et du Lot. Les comtes d’Armagnac possédaient un vaste territoire dans le Sud-Ouest du royaume de France. Au cours du XIVe siècle, ils acquéraient de nombreux autres fiefs, notamment grâce aux alliances matrimoniales. Ils obtenaient de cette façon le comté de Rodez en 1313 qui se trouvait dans le Sud-Ouest de la France dans la région de Guyenne. Ils avaient de nombreux pouvoirs et prérogatives (judiciaires, économiques, politique). Un comté se transmettait de manière héréditaire mais était à l’origine une charge confiée à la famille concernée.

Le comté de Rodez avait un seigneur : le comte d’Armagnac. Celui-ci avait pour coseigneurs le roi de France et l’évêque de la cité. Peu à peu, le roi de France laissait son autorité dans les mains du comte puisque son territoire devenait trop grand. L’un des personnages importants de cette famille d’Armagnac était le comte Jean I. Ce dernier avait prêté serment au roi malgré l’occupation des Anglais sur son territoire durant la guerre de Cent ans, ce qui accentuait la relation de proximité et de confiance avec le roi. Les Armagnacs ont réussi à se faire une place au plus près du roi et de son pouvoir (au sein de la cour mais aussi dans les alliances matrimoniales).

Rodez : un espace d’influence pour la famille des Armagnacs

Le comté d’Armagnac était un ancien comté de Gascogne (situé dans le Sud-Ouest) compris avec le comté de Fezensac. Dans le Sud, les comtes possédaient de plus en plus de pouvoir concédé par le roi lui-même. De plus, les alliances matrimoniales ont permis à la famille d’Armagnac d’acquérir plus de territoires malgré les nombreux conflits de cette époque.

Le comté de Rodez était basé sur un système féodal car le comte prenait la place d’un véritable seigneur. Il avait des vassaux (dirigeants locaux sur des plus petits territoires), afin de diriger un vaste territoire, qui était celui de Rodez. Il exerçait un pouvoir important puisqu’il était maître des impôts et de la justice. C’était le comte qui percevait les impôts et redistribuait les richesses au peuple. La population rouergate était une population paysanne qui vivait surtout de sa production agricole. Cet impôt était au détriment de cette population qui s’appauvrissait. Une autre partie de ces richesses revenait au seigneur sous la forme de l’impôt appelé cens. Il existait d’autres impôts qui revenaient au seigneur comme les banalités, impôt sur l’utilisation des installations techniques qu’il finançait comme le four, le moulin ou le pressoir.

Décentralisation du pouvoir

Tout au long de son pouvoir, le comte d’Armagnac a modernisé l’administration des XIVe et XVe siècles. Il copiait l’administration royale et la transposait à ces territoires locaux. Il a mis en place une hiérarchisation qui incluait des conseillers notamment des nobles ruthénois. La population a vu se mettre en place un développement des juristes formés dans les universités de la région (Toulouse et Montpellier). Les Armagnacs tentaient de créer leur propre politique au sein du Rouergue, en s’éloignant du pouvoir central exercé par le roi.

Ils employaient de nombreux moyens en devenant chefs des armées et contrôleurs des finances. C’était un représentant qui avait beaucoup d’influence auprès de la population rouergate puisqu’il s’imposait comme une personne à l’écoute des besoins locaux. Grâce à cela, la puissance des Armagnacs sur le territoire s’accentuait. Le comte d’Armagnac a créé son premier foyer de puissance à Rodez, mais il s’imposait également dans d’autres comtés : Toulouse, Foix et Béarn. Pour le comte d’Armagnac, Rodez n’était qu’une de ses capitales où il exerçait son influence.

Après des années de pouvoir, au vu de l’accroissement de la famille des Armagnacs sur le territoire français, le roi reprenait la main car elle devenait trop puissante pour lui. À partir de la fin du XVe siècle, la maison d’Armagnac perdait en influence et s’affaiblissait ; elle n’avait plus la main progressivement sur des territoires alors que s’évaporait sa relation privilégiée avec le roi. Dans les années 1480, la famille des Armagnacs s’éteignit peu à peu…

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