Rodez. Le Ruthénois Jérôme Moly met le numérique au régime vert

L’envie de mettre du sens derrière chaque chose, de "trouver son ikigaï", sa raison d’être, s’est faite progressivement. "Mais c’est surtout la naissance de ma fille qui a fait office de déclic. Je suis devenu plus rétif à l’expression : après moi le déluge", valide Jérôme Moly.

Développeur web, ingénieur informatique, consultant et aujourd’hui "responsable du numérique responsable" pour Mano Mano, le fleuron français du commerce en ligne spécialisé dans le bricolage et le jardinage, le quadra Ruthénois est de ceux qui reverdissent les technologies de l’information.

S’ils sont comme lui encore peu nombreux à œuvrer au quotidien pour réduire l’impact des activités numériques, la problématique n’en est pas moins neutre !

On estime que l’empreinte carbone liée aux activités numériques représente environ 5 % du total des émissions mondiales. L’équivalent de 2 gigatonnes de CO2 : une masse équivalente au poids de 200 000 tours Eiffel.

"Mon rôle est de réduire l’impact, principalement écologique mais pas uniquement, du système d’information de Mano Mano en réduisant l’empreinte écologique du site pour qu’il soit plus sobre et accessible avec le moins de bande passante possible. J’interviens aussi sur l’infrastructure sur les dizaines de data center qui permettent de faire tourner le site. L’idée est de faire aussi bien avec moins." Plus palpables, les solutions proposées par le Sustainable IT manager consistent aussi à prolonger la durée de vie des terminaux – PC, smartphones – chez les salariés, ce qui ne manque pas de soulever quelques interrogations parmi ceux qui ont pour habitude de "changer de bécane" tous les deux ans.

"Mon rôle repose sur de la pédagogie, de la communication qui se heurte parfois à la liberté de consommer toujours plus. Mais ce qui est jugé bon pour soi, peut aussi être très néfaste pour la planète."

Une fois et demie plus polluant que le transport aérien, l’univers du numérique représente 4 % des émissions de gaz a effet de serre. Selon des chiffres établis par une étude GreenIT publiée en octobre 2019, les 34 milliards de smartphones, ordinateurs, consoles de jeux et téléviseurs que compte la planète occupent une place centrale dans l’impact sur l’environnement.

"Leur fabrication pèse le plus lourd dans ce bilan, confirme Jérôme Moly. L’urgence est donc de réduire la fabrication des terminaux utilisateurs en prolongeant tout simplement leur durée de vie, en luttant contre l’obsolescence programmée. Un site internet responsable par exemple doit être accessible avec peu de bande passante pendant des dizaines années. Ce qui pour résumer, va à contre-courant du modèle économique actuel des Gafam qui vous incite à renouveler votre terminal en arrêtant tout simplement de proposer des mises à jour pour les applications."

Il y va de la sauvegarde de l’environnement mais pas seulement. "C’est aussi une question de société. Le numérique est partout. Pour acheter un billet de train, il faut aujourd’hui un terminal, un PC, un smartphone… Est-il normal de devoir acheter un téléphone tous les deux ans pour avoir accès à ces services ?"