Qui est FN Meka, ce rappeur virtuel accusé de véhiculer des stéréotypes racistes ?

(ETX Daily Up) - En moins de trois ans de carrière, il a réussi à se faire un nom dans la musique. FN Meka est devenu, le 23 août, le premier artiste virtuel à signer un contrat chez Capitol Records. Mais la puissante maison de disques a mis fin à ce partenariat dans la foulée, après que le "robot-rappeur" ait été accusé de perpétuer des stéréotypes racistes.

La nouvelle a fait l’annonce d’un choc dans l’industrie. Capitol Records a annoncé se séparer de FN Meka, quelques jours après que plusieurs médias aient révélé que l’artiste virtuel aux 10 millions d’abonnés sur TikTok rejoignait l’écurie du label californien. La raison ? Certains de ses morceaux et clips véhiculent des clichés racistes sur les personnes noires.

Tout est parti d’une lettre ouverte qu’Industry Blackout, une organisation militante à but non lucratif créée en 2020 pour promouvoir l'équité dans l’industrie musicale, a publiée sur les réseaux sociaux à l’attention de Capitol Records. "Bien que nous applaudissions l'innovation technologique qui permet de connecter les auditeurs à la musique et d'améliorer [leur] expérience, nous déplorons le manque de discernement quant au caractère offensant de cette caricature", peut-on y lire.

Industry Blackout y écrit aussi que FN Meka repose sur "un amalgame de stéréotypes grossiers" et qu’il est une "insulte directe à la communauté noire et à notre culture". Pour étayer ses dires, l’organisation cite les paroles de certains morceaux du rappeur virtuel où il utilise le controversé "n-word" [une expression anglophone qui désigne le terme "nigger", ou "nègre" en français]. Est également pointée du doigt une ancienne publication de l’artiste-robot, où on le voit être brutalisé par un officier de police dans une cellule de prison. "Cette effigie numérique est une abomination irréfléchie et un manque de respect envers des personnes réelles qui subissent des conséquences réelles dans la vraie vie", stipule la lettre ouverte d’Industry Blackout.

Fabriqué pour le succès

Face à l’ampleur de la polémique, Capitol Records s’est publiquement excusé d’avoir signé un contrat avec l’avatar. "Nous remercions ceux qui nous ont fait part de leurs commentaires constructifs ces derniers jours - votre contribution a été précieuse lorsque nous avons pris la décision de mettre fin à notre association avec le projet", a déclaré la maison de disques dans un communiqué relayée dans la presse anglophone.

Mi-rappeur, mi-influenceur, FN Meka s'inscrit dans la lignée des "soundcloud rappers" comme Lil Pump, Lil Uzi Vert et 6ix9ine. Mais, contrairement à eux, il n’a ni écrit ni composé les chansons qui l’ont fait connaître du grand public. Une intelligence artificielle s’en est chargé pour lui. Cette prouesse technologique a été rendue possible par Factory New, une maison de disques dédiée exclusivement aux talents virtuels. "Nous avons mis au point une intelligence artificielle qui analyse certaines chansons populaires d'un genre donné et génère des recommandations pour les différents éléments de la construction d'une chanson : contenu lyrique, accords, mélodie, tempo, sons, etc.", avait expliqué l’un de ses confondateurs, Anthony Martini, à Music Business Worldwide en avril 2021.

Si FN Meka est un enchevêtrement d'algorithmes, une doublure humaine reste nécessaire pour interpréter les morceaux composés par l’intelligence artificielle. Qu’à cela ne tienne : l’avatar à l’esthétique cyberpunk a rapidement trouvé son public. Il comptabilise plus de 574.000 auditeurs mensuels sur Spotify et cumule plus d’un milliard de vues sur TikTok. Mais il y a fort à parier que ses chiffres baissent en réaction à la polémique.