Le Villeneuvois Guillaume de Colonges, un autodidacte qui en connaît un rayon chez Carrefour

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  • S'il travaille aujourd'hui à Massy, après un quart de siècle aux quatre coins de la planète pour Carrefour, Guillaume de Colonges aime se ressourcer en Aveyron, entouré de sa famille, notamment au château de Toulonjac.
    S'il travaille aujourd'hui à Massy, après un quart de siècle aux quatre coins de la planète pour Carrefour, Guillaume de Colonges aime se ressourcer en Aveyron, entouré de sa famille, notamment au château de Toulonjac. Rui Dos Santos - Rui Dos Santos
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Originaire de Villeneuve, propriétaire du château de Toulonjac, dont il a fait la maison familiale, ce jeune quinquagénaire est dans le top management du géant français de la grande distribution, où il a débuté en tant que stagiaire à Anglet en 1992.

"Per ardua vertus". Guillaume de Colonges a fait sienne la devise de sa grand-mère paternelle, une d’Ardenne de Tizac, propriétaire de plusieurs biens à Villefranche-de-Rouergue, notamment le château de Graves et la maison Dardenne, place Notre-Dame, avec une vue imprenable sur la collégiale. Pouvant être traduite du latin par "Le courage dans l’adversité", cette devise est écrite en lettres majuscules au-dessus de son bureau, de sa cheminée, de son lit, de sa salle de bains...

Ayant commencé sa carrière professionnelle comme stagiaire chef de rayon culture au Carrefour d’Anglet, au Pays basque, au début des années 90, il est aujourd’hui dans le top management du groupe français de grande distribution, coté en Bourse, qui pèse 80 milliards d’euros de chiffre d’affaires, s’appuyant sur un effectif de 300 000 salariés, dont 120 000 à travers l’Hexagone. Membre du comité exécutif, le jeune quinqua occupe le poste de directeur général, en charge des marchandises alimentaires et non alimentaires.

"Dans cet univers, je suis un autodidacte, qui aime donner l’impulsion, se réjouit-il. Oui, on peut parler de fierté car je me suis construit marche après marche, sans brûler les étapes". Il précise volontiers : "J’ai eu la chance également qu’on me fasse confiance. Ma hiérarchie qui a toujours été sensible à ma culture d’entreprise, à mon intuition, m’a donc confié des responsabilités". Né à Paris, le 30 octobre 1968, Guillaume de Colonges n’a vécu qu’un an à la capitale, avant de suivre les déménagements d’un papa travaillant Au bon marché : à Alger, dans l’est de la France, à Rodez, à Soyaux, près d’Angoulême.

Alors que Françoise, sa mère, née Chalret du Rieu, a vu le jour à Mulhouse, Gérald, son père, est natif de Villefranche-de-Rouergue. Ayant la nostalgie du pays, il a installé la petite famille en Aveyron : il a restauré les écuries situées en face de la maison de ses parents à la gare de Villeneuve, créant la boutique La Récré dans la Perle du Rouergue, rue Marcellin-Fabre.

"Un incident de vie a tout changé"

Guillaume de Colonges a grandi là, de 7 à 17 ans, avec une scolarité dans le privé et un bac série C. "Je voulais être pilote de chasse mais, si je m’en sortais correctement à l’école, je n’étais ni brillant, ni un gros bosseur, reconnaît l’intéressé. Mes parents sont alors partis à Bayonne, j’ai redoublé ma Terminale là-bas, décrochant le précieux sésame". Lors de l’été suivant, il a été victime d’un grave accident de la route, du côté de Villefranche, où il rentrait ainsi à toutes les vacances. Il a choisi la clinique des Cèdres à Toulouse pour la rééducation.

S’il a perdu, pendant quelque temps, l’usage de ses membres, il a "gagné en maturité". C’est lui qui le dit : "Cet incident de vie a changé mon existence ! J’ai mis du plomb dans ma tête, assumé davantage mes responsabilités, plus vite aussi. Ma priorité devenait de croquer l’instant présent". Il est devenu "boulimique", s’achetant, par exemple, une moto "pour pimenter mon quotidien". Il en est (encore) convaincu aujourd’hui : "Cette période a construit l’homme que je suis devenu".

Menant ensuite de front faculté de mathématiques et IUT en informatique industrielle à Toulouse, il a accepté un boulot de serveur dans un bar du Capitole. Mais, son esprit entrepreneur et indépendant a été plus fort. Il a ainsi revêtu la tenue d’éducateur sportif dans une école de... jockey entre Mont-de-Marsan et Beaumont-de-Lomagne. "C’était comme une récréation", se souvient ce grand amateur (et pratiquant) de sports : tennis, cyclisme, football, ski, triathlon... Malgré "un goût prononcé" pour le terrain, il a retrouvé les amphis de la faculté, celle de sciences économiques à Bayonne.

C’est sur ces bancs que Guillaume de Colonges a fait la connaissance d’Anne, de Bagnères-de-Bigorre, qui fréquentait, elle, la faculté de droit (attirée par la robe d’avocate), qui allait devenir sa femme et la mère de leurs trois enfants : Hugo, Caroline
et Esteban. Et, même s’il est resté fidèle aux fêtes de Bayonne, ayant ses habitudes au bar des Pyrénées ("C’est la tradition !"), il est catégorique : "Je me sens aveyronnais depuis toujours, proche du terroir". La convivialité avait certes du bon mais,
à la sortie de la fac, il avait "envie d’entrer dans la vie active".

Le bonheur est venu d’une heureuse combinaison entre... les pages jaunes du Monde et de Libération et un coup de piston de son père. "En pleine expansion", Carrefour recrutait des bac +2 ou +3. âgé de 22 ans, il a mis un premier orteil chez ce géant de la grande distribution et cette histoire d’amour dure depuis plus de trois décennies, avec un curriculum vitæ aussi exemplaire que les statistiques de ce poids lourd qui peuvent donner le vertige.

France, Pologne, Turquie, Taïwan, Malaisie, Singapour, Belgique

"J’ai eu de la chance", préfère commenter l’intéressé quand il regarde dans le rétroviseur. Ayant du mal à parler de lui,
il consent toutefois à développer : "Je n’ai brûlé aucune étape. à chaque fois, j’ai été reconnu par la base et par mes pairs, avant de passer à la marche suivante. Mes promotions n’ont jamais été une surprise". L’aventure Carrefour a donc attaqué en 1992 à Anglet. "Le directeur m’a reçu, m’a averti qu’il fallait “beaucoup bosser, aimer les gens et avoir de la chance pour évoluer”. Il m’a alors demandé quand je pouvais commencer, j’étais là le lendemain matin !", se souvient Guillaume de Colonges.

Depuis, le parcours du stagiaire chef de rayon culture ressemble à une mappemonde. Il en profite pour adresser un clin d’œil à sa femme : "Elle a mis sa potentielle carrière d’avocate entre parenthèses, a été ravie de bouger, car nous étions sur la même longueur d’onde". Ils ont ainsi bourlingué à travers l’Hexagone (Niort, Sète-Balaruc ou encore Nîmes) : «J'ai multiplié les formations (cariste, finances, informatique), je disais “oui” pour voir du pays mais on me proposait de belles opportunités. L’objectif était de réussir quelque chose de visible".

L’étranger lui a ensuite tendu les bras. Alors que les valises étaient prêtes pour Shanghai en Chine, que les guides avaient été achetés, il a rejoint Varsovie en Pologne. "Tu t’es fait punir ?". Cette question, il l'a entendue mille fois. En fait, il a été invité à ouvrir un hypermarché de 12000 m2 et à recruter près de 600 personnes. Son passeport a aussi les tampons de la Turquie, de Taiwan, de la Malaisie, de Singapour, de la Belgique, avant que le président-directeur général du groupe Carrefour le rapatrie à Paris pour diriger le secteur des marchandises alimentaires et non alimentaires. Il est rentré en France au mois de janvier 2020.

C’est lors de son séjour à Kuala Lumpur qu’il a appris la vente du château de Toulonjac. Celui devant lequel, adolescent, il passait à vélo avec son père. Et, s’il possédait déjà un pied à terre en Aveyron depuis quelques années, à Piquepeyre sur la commune de Villeneuve, il n’a pas hésité longtemps et a acheté "ce vrai château du Moyen Âge", pour en faire une superbe maison familiale. La restauration a duré sept ans. "J’ai eu une bonne intuition, conclut Guillaume de Colonges. La première fois que je suis entré, ça sentait bon...".

Un livre baptisé « Toulonjac »

« A nos parents pour ce qu’ils nous ont transmis. à nos enfants pour ce qu’ils transmettront ». C’est ainsi que Guillaume de Colonges lance le très beau livre qu’il a décidé de consacrer à Toulonjac. Il a d’ailleurs donné, en toute simplicité, comme titre, le nom de la commune, proche de Villefranche-de-Rouergue, à cet ouvrage. S’il en a eu « l’idée originale », il a pu compter sur la précieuse collaboration de sa femme Anne, « pour la création et la production », tout en s’appuyant « sur des amis pour les textes » et sur les photos de Georg van der Weyden. Sans oublier son fils Hugo pour la traduction vers l’anglais. Ce magnifique livre de près de 200 pages, en format 27x23, richement illustré, est découpé en trois parties : l’histoire du village, construit sur un tertre, qui s’appelait Tolomnius (avec une chronologie des propriétaires du château), puis les grandes étapes de la rénovation de cette élégante bâtisse, pièce par pièce, du grand salon au jardin, en passant par la bibliothèque, les chambres, la cuisine - avec, au passage, quelques délicieuses recettes faites maison (les images en témoignent ) - , les caves voûtées, et, enfin, les trésors à voir dans la région « pour buller, festoyer, décompresser, aligoter, se retrouver, pétanquer, s’émerveiller, se cultiver, se ressourcer, se dépenser... ». Tiré à 2 000 exemplaires, réservé pour l’instant à la famille et aux amis, cet ouvrage sera bientôt disponible à la vente.
 

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