Les "deepfakes" vocaux, source d'inquiétude ou opportunité pour l'industrie musicale ?

  • En matière d’IA, deux camps se dessinent dans le secteur de la musique : les partisans et les opposants.
    En matière d’IA, deux camps se dessinent dans le secteur de la musique : les partisans et les opposants. imaginima / Getty Images
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Les récents progrès des intelligences artificielles génératives soulèvent de nombreuses questions chez les professionnels de l’industrie de la musique, et particulièrement chez les chanteurs. Ces derniers s’inquiètent de la multiplication des "deepfakes", ces enregistrements audio intégrant leur voix sans qu’ils aient à aller en studio. De quoi pousser des entreprises à se lancer sur ce marché de niche.


Myvox est l’une d’entre elles. Cette jeune pousse britannique a été récemment lancée par les musiciens Arianna Broderick et John Clancy, en réaction au recours de plus en plus poussé à l’IA dans la création musicale. Cette technologie, qui permet de reproduire la voix de n’importe quelle personnalité en quelques secondes, est régulièrement utilisée pour produire de fausses chansons aussi inattendues que criantes de réalisme. L’une d’entre elles, reprenant les voix de Drake et The Weeknd, a connu en avril un succès retentissant sur TikTok, où elle a généré 10 millions de vues, et sur des plateformes de streaming (YouTube, Spotify). Si la maison de disques des deux artistes canadiens, Universal Music Group, a rapidement obtenu le retrait en ligne du morceau, Arianna Broderick et John Clancy craignent que cette situation ne se reproduise. Et ce, aux dépens des auteurs-compositeurs-interprètes dont les voix sont imitées dans leur accord. C’est pourquoi ils souhaitent leur offrir une alternative légale aux "deepfakes" vocaux avec Myvox. Cette plateforme leur propose de dupliquer leur voix grâce à l’intelligence artificielle, et d’accorder des licences musicales à ceux qui voudraient l’utiliser à des fins commerciales.

Myvox se charge de distribuer les morceaux créés sur les plateformes de streaming musical, et veille à ce que les chanteurs dont la voix a été clonée touchent les royalties qui leur reviennent. Ces derniers exercent un contrôle total sur l’utilisation de leur voix "IA-isée" et peuvent empêcher la publication de chansons auxquelles ils ne souhaitent pas être associés, selon The Telegraph. Pour l’heure, Myvox héberge le clone vocal de Sevdaliza, une autrice-compositrice-interprète irano-néerlandaise qui s’est récemment produite sur la scène du festival madrilène Primavera Sound.


L'IA dans la musique, un sujet polarisant

Myvox n’est pas la seule start-up à se lancer sur le marché prometteur des "deepfakes" vocaux à destination de l’industrie musicale. Voice-Swap et CreateSafe font partie de ses concurrents. La première a été créée en juillet par DJ Fresh et Nico Pellerin, tandis que la seconde s’est associée en mai à l’artiste Grimes pour lancer Elf.tech. Cette plateforme souhaite "révolutionner la manière dont la musique est gérée, distribuée et commercialisée" en permettant à n’importe qui de transformer sa voix en "empreinte vocale GrimesAI-1", selon le site spécialisé Music Business Worldwide. La pop star canadienne est une fervente défenseuse de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la création musicale. Elle avait ainsi déclaré en avril sur X (ancien Twitter) qu’elle serait prête à "partager 50% des revenus sur toute chanson générée par l’IA qui utiliserait [s]a voix", de la même façon "qu’[elle]le ferait avec n’importe quel artiste avec qui [elle] collabore".

En matière d’IA, deux camps se dessinent dans le secteur de la musique : les partisans et les opposants. Parmi ces derniers figurent de grands majors du disque comme Universal Music Group, Sony Music Entertainment et Warner Music Group. Ils s’alarment que les plateformes de streaming musical (Spotify, Apple Music, etc.) hébergent des milliers de morceaux produits par des algorithmes, entraînés sans leur accord avec la musique de leurs poulains. Pour autant, ils ne souhaitent pas prohiber l’utilisation de l’IA dans la création musicale, mais l’encadrer pour protéger les droits de leurs artistes (et les leurs par extension). Google serait ainsi en pourparlers avec plusieurs maisons de disque pour signer un partenariat autour de l’utilisation des voix de grands noms de la musique dans des morceaux générés artificiellement, selon le Financial Times. De quoi révolutionner l’industrie.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?