Des services d'urgences en souffrance : près d'un service sur deux a été contraint à des fermetures totales ou partielles cet été

  • Des pénuries de soignants engendrant des services sous tensions.
    Des pénuries de soignants engendrant des services sous tensions. MAXPPP - Richard Villalon
Publié le , mis à jour
Karim Maoudj (Midi Libre)

Le syndicat Samu-Urgences de France a réalisé une étude sur la situation des services d'urgences durant la période estivale. Les résultats confirment la lente dégradation des urgences.

Malgré le plan Braun (du nom de l'ancien ministre de la Santé) pour revaloriser les conditions de travail au sein des services d'urgence, ceux-ci restent en souffrance. Cet été, un peu moins d'un service sur deux (40 %) a été confronté à des fermetures totales ou partielles.

C'est ce que révèle une étude réalisée entre le 1er juillet et le 31 août par le syndicat Samu-Urgences de France, auprès de 386 médecins urgentistes, représentant 272 établissements. Elle montre que 163 services ont ainsi dû fermer, "au moins partiellement", faute de ressources humaines.

Une situation moins bien tendue qu'en 2022"

"Nous sommes aujourd'hui confrontés à deux situations de pénurie", confirme Olivier Constantin, directeur général du groupe héraultais d'hospitalisation privée Clinipôle. "D’une part, nous manquons cruellement de personnels soignants, surtout la nuit et le week-end, d'autre part, de médecins urgentistes".

Comme d'autres établissements, il a lui aussi du fermer ses services d'urgences à Castelnau-le-Lez et Lunel, "durant quelques journées, essentiellement la nuit". Pour autant, reconnaît-il, "la situation de cet été 2023 était bien moins tendue que lors de l'été 2022, dans la mesure où nous avons recruté". Souvent "à prix d'or".

Fermeture de lignes médicales

Les départements du Gard, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales ont été les plus touchés. Ils font partie des départements en France où l'étude a observé "2 à 3 fermetures". L'Aveyron a été mieux loti puisqu'il fait partie de ceux qui où l'on n'a enregistré aucune fermeture.

Face à cette situation, un service d'urgence sur deux a également été contraint de fermer une ligne médicale (comprendre un médecin). Et même 41 % en ont fermé plusieurs. "Ces fermetures étaient pour 44 % continues, pour 41 % fréquentes et pour 15 % ponctuelle", précise le syndicat.

Une forte activité cet été aux urgences de Lunel

La pression s'est surtout fait sentir sur les zones littorales. "Chez nous, la situation a été beaucoup plus compliquée sur notre service d'urgence de Lunel, confie Olivier Constantin.

Parce que nous sommes proches des zones touristiques, comme La Grande-Motte, mais aussi parce que nous sommes au cœur d'une région où il y a de nombreuses fêtes votives".

Selon Estelle Martin, directrice du service des urgences de Clinipôle sur Lunel, ce dernier a battu un record de "112 passages en 24 h, ce qui est énorme". Là aussi, grâce aux efforts en matière de recrutement, le site a enregistré cet été "une seule fermeture actée, contre 15 à l'été 2022".

Les SMUR également sous pression

"Dans ce contexte, l’accès aux soins urgents et aux soins non programmés est menacé, et les structures d’urgences mis en surtension", explique le Samu-Urgences de France. Pour qui la situation s'est encore "dégradée" avec des tensions "sans précédent".

Et la situation est également tendue du côté des SMUR, les structures mobiles d’urgence et de réanimation, puisque "70% d'entre eux ont été amenés à fermer au moins une ligne cet été". Selon le syndicat,166 SMUR ont fermé au moins une fois une ligne SMUR durant l’été, dont 62 fermetures fréquentes ou continues.

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