Pour un patient âgé, une nuit sur un brancard augmente le risque de mortalité

  • Pour un patient de plus de 75 ans, passer une nuit sur un brancard aux urgences "augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière", selon une étude.
    Pour un patient de plus de 75 ans, passer une nuit sur un brancard aux urgences "augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière", selon une étude. ROMAIN PERROCHEAU / AFP
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ETX Daily Up

(AFP) - Pour un patient de plus de 75 ans, passer une nuit sur un brancard aux urgences "augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière", selon une étude publiée par plusieurs équipes de l'AP-HP, l'Inserm, et des universités de la Sorbonne et Rouen Normandie.

Lorsqu'un patient âgé passe la nuit sur un brancard, le risque qu'il meure à l'hôpital passe ainsi de 11,1% à 15,7%, selon cette étude baptisée "No bed Night" (nuit sans lit), réalisée du 12 au 14 décembre 2022 dans 97 services d’accueil des urgences en France, incluant 1.598 patients de plus de 75 ans. L'étude a été publiée dans la revue Jama Internal Medicine.

Parmi les patients avec un niveau d'autonomie limité et nécessitant une assistance au quotidien, cette nuit "augmente de près de deux fois le risque de mortalité", précise un communiqué de l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris).

"C'est des choses qui étaient suggérées, pressenties, mais on a aujourd'hui démontré qu'il y a une vraie association. Ne pas hospitaliser un patient, c'est comme ne pas donner un médicament qui aurait un effet très bénéfique, lui refuser un traitement", a commenté auprès de l'AFP le Pr Yonathan Freund, l'un des deux urgentistes ayant coordonné l'étude.

L'étude montre aussi un risque plus élevé de complications: "plus de chutes, plus d'infections nosocomiales ou d'escarres par exemple". "Si tous les patients de cette étude avaient pu être hospitalisés avant la nuit, on aurait évité 3% des décès", a-t-il relevé.

Selon le Pr Freund, le modèle statistique utilisé prend en compte les comorbidités, l'âge et l'état de gravité initiale des patients et permet ainsi de "comparer deux patients exactement équivalents".

Les facteurs pouvant expliquer cette surmortalité, "c'est par exemple le fait de ne pas dormir, ne pas avoir le suivi suffisant, car le service est surchargé, ou ne pas avoir toujours le traitement à temps", a-t-il expliqué.

En décembre 2022, au moment où s'est déroulée l'étude, les services d'urgences subissaient "une augmentation considérable du nombre de patients à hospitaliser en urgence" en raison notamment d'une "triple épidémie concomitante: COVID-19, grippe, et virus respiratoire syncitial (VRS)", rappelle l'AP-HP. La situation a été "aggravée par une diminution du nombre de lits disponibles en aval du fait d’une pénurie de personnels".

"Des mesures doivent être prises", conclut l'AP-HP, et "l’objectif de +zéro lits brancards+ aux urgences, en particulier pour les patients de plus de 75 ans, doit être considéré comme un objectif de santé publique".

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