Avoir des frères et sœurs pourrait nuire au bien-être des adolescents, d'après une étude

  • Les adolescents issus d'une famille nombreuse auraient une moins bonne santé mentale, notamment du fait de la "dilution des ressources parentales", rapporte une étude.
    Les adolescents issus d'une famille nombreuse auraient une moins bonne santé mentale, notamment du fait de la "dilution des ressources parentales", rapporte une étude. Antonio_Diaz / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Etre un enfant unique pourrait présenter plus d'avantages qu'il n'y paraît, notamment en matière de santé. Une vaste étude menée à la fois en Chine et aux Etats-Unis révèle que les adolescents issus d'une famille nombreuse ont une moins bonne santé mentale que ceux qui vivent seuls avec leurs parents, ou n'ont qu'un frère ou une sœur. Un constat surprenant qui pourrait se justifier par "la dilution des ressources parentales", mais pas que… Explications.

Quel parent n'a jamais entendu - ou presque - sa progéniture lui réclamer un petit frère ou une petite sœur ? L'occasion pour le ou la principal(e) intéressé(e) d'avoir un compagnon de jeu, mais aussi de vie, avec lequel partager ses joies et ses peines. Il n'y aurait toutefois pas que des avantages à partager ses parents, comme le rapporte une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'université d'Etat de l'Ohio (Etats-Unis). Cette dernière s'est intéressée de manière très surprenante à l'impact des frères et sœurs sur la santé mentale des adolescents, et ses conclusions sont pour le moins étonnantes.

Fait rare, ces travaux ont été réalisés dans deux pays distincts, la Chine et les Etats-Unis, dont les politiques familiale et démographique diffèrent considérablement. Les deux analyses portent sur des élèves de huitième année âgés en moyenne de 14 ans, ce qui correspond à la dernière année de collège en France. La première, conduite en Chine, inclut plus de 9.400 adolescents issus de la China Education Panel Study, tandis que la seconde, menée aux Etats-Unis, concerne plus de 9.100 adolescents issus de la Early Childhood Longitudinal Study. Tous ont été conviés à répondre à un questionnaire sur leur santé mentale, mais les questions étaient différentes selon les pays.

Publiés dans le Journal of Family Issues, ces travaux révèlent dans un premier temps que les ados chinois ont en moyenne 0,89 frère ou sœur, soit bien moins que les adolescents américains (1,6). Au regard des chiffres communiqués par les chercheurs, plus d'un tiers des participants chinois sont des enfants uniques, contre seulement 12,6% des jeunes américains. Un constat peu surprenant au regard de la politique de l'enfant unique instaurée dans l'Empire du Milieu.

Des répercussions sur le bien-être

Les conclusions sont en revanche beaucoup plus étonnantes, puisque l'on apprend que les enfants uniques présentent la meilleure santé mentale en Chine. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les résultats sont identiques - ou quasi - aux Etats-Unis : les enfants uniques ont une santé mentale similaire aux adolescents qui n'ont qu'un frère ou une sœur, mais les niveaux de bien-être se réduisent à mesure que la famille s'agrandit. A ce titre, l'étude souligne que les frères et sœurs, tout comme les demi-frères et sœurs, sont associés à une dégradation de la santé mentale aux Etats-Unis.

"Nos résultats n'auraient pas pu être facilement prédits avant que nous ne réalisions l'étude. D'autres études ont montré que le fait d'avoir plus de frères et sœurs est associé à certains effets positifs, et nos résultats n'étaient donc pas acquis d'avance", indique Doug Downey, professeur de sociologie à l'université d'Etat de l'Ohio et principal auteur de ces travaux, dans un communiqué. Et d'ajouter : "Mais le fait que la tendance générale ait été observée dans les deux pays est frappant".

Autre constat induit par l'étude américaine : l'impact sur le bien-être des adolescents est pire lorsque ces derniers ont des frères et sœurs plus âgés, ou que les membres de la fratrie ont un âge rapproché. Les répercussions sont d'ailleurs d'autant plus importantes lorsque les frères et sœurs sont nés à moins d'une année d'intervalle. Et cela s'expliquerait - en partie - par "la dilution des ressources parentales" induite par le fait d'être issu d'une famille nombreuse.

Alliance ou concurrence ?

"Si l'on considère les ressources parentales comme une tarte, un seul enfant signifie qu'il reçoit toute la tarte, c'est-à-dire toute l'attention et toutes les ressources des parents. Mais lorsque vous ajoutez des frères et sœurs, chaque enfant reçoit moins de ressources et d'attention de la part de ses parents, ce qui peut avoir un impact sur sa santé mentale", suggère Doug Downey. Mais ce n'est pas l'unique supposition faite par les chercheurs.

"Une autre possibilité, cependant, est que les familles qui ont beaucoup ou peu d'enfants sont différentes à d'autres égards, ce qui peut réduire la santé mentale de leurs enfants - c'est ce qu'on appelle l'explication de la sélectivité. Les différences entre la Chine et les Etats-Unis apportent un certain soutien à l'explication de la sélectivité. Dans chaque pays, les enfants issus des familles les plus favorisées sur le plan socio-économique présentaient la meilleure santé mentale", peut-on lire.

Les chercheurs précisent toutefois ne pas avoir mis l'accent sur la qualité des relations entre frères et sœurs, ce qui pourrait considérablement changer la donne et même transformer cet impact négatif en effet positif. Un facteur à prendre en compte lors de prochaines recherches plus approfondies.

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