Notre cerveau serait "programmé" pour apprendre des gens qu'on aime bien

  • Tout porte à croire que nous sommes beaucoup plus sélectifs qu’on l’imagine quand il s’agit de mémoriser de nouvelles informations.
    Tout porte à croire que nous sommes beaucoup plus sélectifs qu’on l’imagine quand il s’agit de mémoriser de nouvelles informations. Kobus Louw / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La mémoire permet d’enregistrer des informations provenant de différentes sources, de les conserver et de les utiliser quand le besoin s’en fait ressentir. Mais certains savoirs sont plus difficiles à mémoriser que d’autres. Une étude suédoise estime que ce phénomène serait dû aux sentiments que nous inspirent celui ou celle qui nous les enseigne.

Inês Bramão, professeure associée de psychologie à l'Université de Lund, et ses confrères affirment que l’on retient plus facilement une information lorsque celle-ci est transmise par une personne que l’on apprécie ou admire. Les auteurs de cette étude sont parvenus à cette conclusion après avoir mené trois expériences impliquant un total de 189 volontaires. Ces derniers devaient se souvenir de différents objets de la vie quotidienne et les associer entre eux. Ils ont également été invités à définir ce qu'ils aiment ou n'aiment pas en fonction de leurs opinions politiques, de leurs habitudes alimentaires, de leurs hobbies, de leurs sports de prédilection et d'autres sujets d'intérêt.

Les universitaires ont découvert que les participants avaient plus de facilité à se souvenir des objets qu’ils devaient mémoriser et à les lier entre eux quand ils leur étaient présentés par quelqu’un qu’ils connaissaient. Plus intéressant encore, les sentiments qu’ils nourrissent à l’égard de cette personne avaient une influence directe sur leurs facultés de mémorisation.

Et ainsi naît la polarisation

Ainsi, le cerveau des volontaires semblait plus facilement assimiler une nouvelle information quand celle-ci provenait d’un individu pour qui ils ont de l’affection ou de l’estime. "Nous intégrons l'information différemment en fonction de la personne qui la dit, même lorsque ladite information est tout à fait neutre. Dans la vie réelle, où les informations provoquent souvent de très vives réactions, ces effets pourraient être encore plus marqués", explique Mikael Johansson, co-auteur de l’étude, dans un communiqué.

Pour illustrer ce phénomène, Inês Bramão prend l’exemple d’un individu qui se rend dans un centre de santé, et qui remarque que des améliorations ont été faites dans son fonctionnement. Il peut être tenté de lier ces progrès à l’actualité, surtout s’il sait qu’un parti politique milite pour une hausse d’impôts afin de financer les dépenses de santé. "Si [cette personne] est un sympathisant de [ce] parti politique, [elle est] susceptible d'attribuer ces améliorations à la hausse des impôts, même si ces améliorations peuvent avoir une cause tout à fait différente", souligne Mme Bramão dans le même communiqué.

Si l'on se fie à cette étude, tout porte donc à croire que nous sommes beaucoup plus sélectifs que l'on l’imagine lorsqu'il s’agit de mémoriser de nouvelles informations. Notre cerveau aurait tendance à faire des liens entre différents événements pour conforter son système de croyances, ce qui explique pourquoi l’on constate des dissensions idéologiques entre les individus.

Les conclusions de cette étude, parues dans la revue Communications Psychology, sont toutefois à nuancer étant donné le nombre limité de participants et le fait qu’ils soient tous d'origine américaine. Mais elle nous aide à mieux comprendre comment naît la polarisation des idées.

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