Super IRM : "C’est incroyable", le CEA dévoile l’image du cerveau la plus précise de l’Histoire, une prouesse scientifique française

  • À gauche, l’image du cerveau avec les IRM actuels, à droite, avec le super IRM.
    À gauche, l’image du cerveau avec les IRM actuels, à droite, avec le super IRM. CEA
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Sophie Guiraud (Midi Libre)

Le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) a dévoilé ce mardi 2 avril les premières images de l’IRM Iseult. Bien plus puissant qu’un IRM classique, il doit permettre de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau.

"Surveillez nos résultats, ça va décoiffer !" Nicolas Boulant, directeur de recherche au CEA, a présenté ce mardi 2 avril en visioconférence, en présence de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le super IRM Iseult, fruit de vingt années de recherches qui a nécessité un investissement de 70 M€.

Le résultat est bluffant. "C’est incroyable", s’est enthousiasmée la ministre à la vue des images," incroyables", du cerveau comme on ne l’a jamais vu, obtenues grâce à un appareil à la puissance inégalée : un champ magnétique d’11,7 teslas, contre 1,5 à 3 teslas pour les appareils utilisés à l’hôpital.

L’outil, au profil inédit, 132 tonnes, 5 m de long et 5 m de diamètre, 182 km de fils supraconducteurs… est le fruit du travail d’une équipe pluridisciplinaire de 200 personnes, de CEA mais aussi d’Alstom-General Electric, qui a conçu l’aimant supra-conducteur, Siemens, Guerbet, l’université de Freiburg en Allemagne. Il vient d’être testé sur vingt volontaires en bonne santé dans le cadre de l’étude Prem’s destinée à montrer l’innocuité de l’appareil.

Les images de leur cerveau, obtenues en 4 minutes, ont une définition beaucoup plus précise, "au niveau du neurone", et nous "renseignent sur la biochimie du cerveau, notamment les échanges de phosphore et de calcium", précise Nicolas Boulant, responsable du projet Iseult et premier auteur d’une étude soumise à publication dans la prestigieuse revue Nature.

Alzheimer, Parkinson… ce qu’Iseult permettra de voir

Avec Iseult, c’est tout un nouveau champ de recherches qui s’ouvre dans le domaine de la santé.

D’abord sur le diagnostic des maladies, notamment neurodégénératives : "Dans la maladie de Parkinson, avec une imagerie qui offre plus de clarté, de contraste, de résolution, on pourrait voir la disparition de neurones vingt ans en amont de ce que l’on repère aujourd’hui, quand la moitié des neurones ont disparu", souligne Nicolas Boulant.
Le super IRM pourrait aussi permettre de repérer une autre anomalie cérébrale, "l’hypotrophie de l’hippocampe", dans la maladie d’Alzheimer.

En matière de traitement, Iseult sera précieux sur les effets du lithium, utilisé contre les troubles bipolaires : en évaluant la distribution du médicament dans le cerveau, il permettra de mieux comprendre pourquoi il est efficace.
Il faudra attendre un peu : "C’est à l’horizon 2026-2030 qu’on cherchera à explorer certaines pathologies neurodégénératives et des maladies qui relèvent de la psychiatrie", explique Nicolas Boulant qui précise aussi qu’il "n’est pas pensable, à ce jour, de l’installer en milieu hospitalier compte tenu des coûts et de la complexité d’utilisation".

Mais "Iseult ne se limite pas à une application santé" : "Il pourrait nous permettre de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau dans les processus cognitifs, la lecture, le calcul mental, le langage", ajoute le scientifique qui affiche une autre certitude : l’appareil sera en premier lieu utilisé à des fins de recherche, avec des applications à définir.

 

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