"On n’évitera pas les camions-citernes sur l’Aubrac" : le Carladez à court de solutions pour l'été à cause de la sécheresse

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  • Les camions-citernes alimentent les habitants depuis deux étés sur le Nord-Aveyron. Il en sera de même en août.
    Les camions-citernes alimentent les habitants depuis deux étés sur le Nord-Aveyron. Il en sera de même en août.
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Olivier Courtil

Après deux appels d’offres infructueux, la communauté de communes du Nord-Aveyron se prépare à revivre les rotations de camions pour ravitailler le Carladez cet été pour faire face à la sécheresse.

Si la situation de sécheresse que connaît l’Aude n’est pas celle de l’Aveyron à la sortie de l’hiver, il n’en demeure pas moins que ces deux départements ont en commun de se préparer d’ores et déjà à revivre le ballet des camions-citernes cet été.

"On n’évitera pas les camions", lâche Jean Valadier, le président de la communauté de communes Aubrac-Carladez-Viadène. Après août 2022 et août 2023, les rotations devraient à nouveau s’enclencher sur l’Aubrac au mois d’août prochain pour pouvoir alimenter la population en eau potable du Carladez et de Saint-Hippolyte, soit quelque 3 500 habitants.

Quelque 3 500 habitants concernés

Un schéma directeur à l’échelle du territoire du Nord-Aveyron a bien été lancé par la communauté de communes pour se projeter à moyen terme avec l’appui du Département et de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Reste que les premiers appels d’offres se sont avérés "infructueux", révèle Jean Valadier pour qui "le coût proposé était décalé par rapport aux besoins."

Aussi, l’ouvrage "L’or bleu" paru au début du siècle s’avère, hélas, prophétique en ce qui concerne l’enjeu de la ressource et les appétits aiguisés qu’elle suscite. Un troisième appel d’offres vient d’être lancé dont le résultat sera dévoilé début mai. En attendant, la communauté de communes du Nord-Aveyron qui a planché avec ses partenaires sur six hypothèses, a resserré la réflexion. "On se recentre sur le réalisable", et ce qui semble tenir la corde serait "soit un prélèvement en aval de Brezons (commune du Cantal, NDLR) à Sarrans, soit une réserve sous la station." Et de préciser : "Sarrans paraît une solution robuste pour redistribuer. Il y aura une solidarité des territoires avec le Cantal."

Du côté d’EDF, le pompage de Sarrans "est faisable, la convention est prête", déclare Stéphane Chataignier, ingénieur EDF sur le Nord-Aveyron. "Le volume d’eau potable se compte en m3 alors que l’eau de Sarrans se compte en million de m3 mais c’est plus technique."

Analyse, traitement, le chemin est long avec des études environnementales obligatoires quel que soit le cas de figure. "Si on part sur le pompage, c’est un an d’étude, plus les impacts environnementaux puis le chantier, on arrive à 2030. Il y a une lourdeur administrative, c’est lunaire", fulmine Pierre Ignace, maire de Mur-de-Barrez.

Un pompage à Sarrans ?

Et d’ajouter un autre caillou dans la chaussure : "L’État n’est pas souple sur le débit réservé du Siniq (rivière qui alimente l’usine de Thérondels en Carladez, NDLR). Cela ne passe pas en dessous de 90 litres par seconde car cela doit répondre à la biodiversité." Et ce ne sont pas les quelques fuites d’eau dénichées par les chiens renifleurs voici un an qui réponde à la problématique. "On n’est pas serein sur la ressource. Aujourd’hui l’Aubrac alimente 100 000 Aveyronnais, je ne sais pas si on y arrivera à l’avenir dans une projection à 30 ans", confiait déjà l’été dernier Jean Valadier.

Avec un schéma directeur qui devrait être présenté en fin d’année, les camions-citernes semblent inévitables au plus haut de la saison estivale. Avec pour conséquence aussi une hausse du tarif de l’eau potable. Celle-ci était de 21,5 % lors de la première vague de camions-citernes durant l’été 2022 sur le budget de la communauté de communes l’an dernier, nul doute que le vote à venir courant avril sera à nouveau impacté. Quant au "plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau" annoncé par le gouvernement, là aussi en avril 2023, trois communes seulement (Camarès, Vabres-l’Abbaye, Brusque) sont concernées en Aveyron pour une aide globale de 180 M€.

Le Nord-Aveyron, comme l’Aude, n’a pas fini de voir passer des camions-citernes sur ses routes.

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Les commentaires (1)
Mézac Il y a 25 jours Le 04/04/2024 à 07:58

Cette situation, au-delà des habitants, impacte une des principales ressources du Carladez, le tourisme : hôtellerie, piscines, centre de remise en forme, etc.
1) Je pense que la compagnie privée des eaux a une lourde responsabilité dans le choix de la source d'approvisionnement de l'eau. On ne peut pas demander à des élus d'être hydrogéologues, on peut l'exiger de la compagnie concessionnaire privée.
Pour rappel ces sociétés ont bâti leur fortune en nous vendant (cher) un bien commun : l'eau.
Je pense que la CC devrait se retourner contre VEOLIA ou son bureau d'étude. À eux de trouver une solution à une erreur qui a eu un coût exorbitant (usine récente de traitement de l'eau).
2) Et si on avait créé une réserve d'eau pendant la saisons des pluies (abondantes cet hiver ?).