Yves Bioulac, la coopérative agricole Unicor à cœur

  • Yves Bioulac est un rouage essentiel du fonctionnement de la coopérative Unicor.
    Yves Bioulac est un rouage essentiel du fonctionnement de la coopérative Unicor.
Publié le
Philippe Routhe

Portrait. Yves Bioulac est arrivé au printemps 2003 au poste de directeur général du Groupe coopératif Unicor. Discret mais très attentif aux adhérents, il met en œuvre la feuille de route du groupe. Rencontre.

Avec son président Jean-Claude Virenque, Yves Bioulac en a quasiment terminé avec le marathon des assemblées générales du groupe Unicor. Il en reste bien quelques-unes encore, mais le plus gros a été fait. Pour ce printemps 2015 en tout cas.

Depuis douze ans, le directeur général de la coopérative agricole aveyronnaise s’astreint à cet exercice. Sans trop se forcer non plus. « J’ai de la chance, je me passionne pour ce que je fais » glisse-t-il dans un sourire, presque gêné.

Passionné d’agriculture, il l’est depuis son enfance. Fils d’agriculteurs installés à Montsalvy, à la limite du Tarn et de l’Aveyron, ses vacances il les passa dans les champs. « Il y avait toujours quelque chose à faire », rigole-t-il, se souvenant ne pas avoir eu trop le temps pour se passionner d’autre chose que du travail à la ferme. Après des études au lycée agricole de Purpan, il avait naturellement pris une voie pour devenir agriculteur. Il était au volant de son tracteur, sur une exploitation céréalière d’Auterive, en Haute-Garonne, quand il a été détourné de son chemin pour une autre de ses passions: œuvrer pour les autres.

Sa manière de faire ne trompe pas

Son ami d’enfance, Michel Teyssedou, installé dans le Cantal et alors président national des Jeunes Agriculteurs le sollicite en effet pour remettre sur les rails la maison familiale et rurale de Marcolès, à quelques kilomètres de chez ses parents, où est dispensé l’enseignement agricole.

Yves Bioulac lâche le volant du tracteur et relève le défi. Brillamment. En cinq années, l’établissement passe de 28 élèves à 90. Sa méthode: « Du travail pour obtenir de bons résultats aux examens et la mobilisation du tissu agricole local pour soutenir l’établissement » explique-t-il.

Il en garde le souvenir d’une petite équipe soudée, des enseignants au surveillant en passant par la cuisinière. S’il ne baigne pas encore dans la coopérative agricole, sa manière de faire ne trompe pas.

Mais sa véritable entrée dans le monde coopératif, il l’effectuera à la direction des « Éleveurs du pays vert », à Aurillac, chez lui, dans le Cantal. « Œuvrer dans une structure coopérative, c’est un véritable choix pour moi » explique-t-il.

Après une dizaine d’années, un autre défi lui est proposé. Prendre la direction générale du groupe Unicor, qui sort d’une grande période de restructuration. Nous sommes en 2003.

« Le président Bernard Cazals m’a sollicité et je n’ai pas hésité longtemps » sourit Yves Bioulac.

S’installer en Aveyron

Car ce nouvel élan professionnel correspond à une autre attente du Cantalou, celle de s’installer dans l’Aveyron de son épouse. « J’ai adopté l’Aveyron avant d’adopter Unicor » s’amuse-t-il. En mars 2003, il est présenté lors de l’assemblée générale du groupe, qui se tient alors au bowling. Il succède à Jean Falliez. Sa mission : développer les filières animales à une période où l’érosion des effectifs dans les campagnes paraît inéluctable.

Depuis douze ans, avec son propos toujours clair et précis, sa capacité à analyser rapidement les situations, et son franc-parler, il est devenu un rouage stable et essentiel de la coopérative.

Cela ne l’empêche pas de rester impressionné par le groupe et les agriculteurs qui le dirigent. « Il y a une volonté d’avancer et d’évoluer qui me bluffe. Le conseil d’administration n’a pas peur de l’avenir » relate-t-il. De même, il y a une sorte d’admiration à voir le groupe atteindre les objectifs qu’il se fixe. «Tous les quatre ans, Unicor organise un séminaire stratégique au cours duquel, le conseil d’administration se fixe une feuille de route pour les cinq années à venir. À part en de rares occasions, les buts sont atteints ».

Parmi eux, la création du concept des Halles de l’Aveyron. Cela résume assez bien l’état d’esprit du groupe et d’Yves Bioulac.

Le directeur général se souvient : « Quelques agriculteurs étaient venus nous voir pour vendre en direct, dans nos magasins, leurs productions. On ne pouvait pas accepter, puisque cela ne correspond pas véritablement à l’esprit coopératif. On ne pouvait pas refuser non plus, car notre mission est aussi la valorisation du travail et de la production de nos adhérents ».

Coller aux attentes des adhérents

Peu de temps après, naissaient les premières Halles de l’Aveyron, à Onet-le-Château. L’ouverture d’un deuxième magasin en région parisienne résume par ailleurs assez bien la volonté du groupe de s’inscrire aussi dans une dynamique économique.

Cela colle parfaitement aux attentes des adhérents. C’est en tout cas une des analyses que l’on peut tirer de la souscription lancée pour la création d’une Société civile immobilière destinée à supporter la création de l’enseigne.

« Nous visions les cinq cent mille euros, nous avons récolté plus d’un million » avance Yves Bioulac. Ce n’est pas sans lui rappeler, dans un autre contexte, la mobilisation qu’il avait lancée autour de la Maison familiale et rurale de Marcolès avec « Les chênes de la solidarité ». « Cela avait dépassé nos attentes » se souvient-il.

Aujourd’hui, face à ce succès qu’il faut pérenniser, il se gratte un peu ses cheveux blancs pour organiser la régularité de la présence des adhérents dans les rayons de ces magasins.
La meilleure des communications selon lui. « Et on les incite à dire simplement ce qu’ils font au quotidien. À expliquer de quelle manière ils travaillent. Sans rien cacher. »

D’un naturel discret, Yves Bioulac fait partie de ces directeurs de groupe incapables de rester assis dans leur fauteuil. Il est une sorte d’adepte de la théorie des surfers, au propre comme au figuré. « Si on n’avance plus, on tombe... »

Tout en étant à l’écoute du monde qui bouge, il ne peut se passer d’aller échanger avec les adhérents pour mieux percevoir leurs attentes. Une manière aussi de sentir le territoire. Celui-là même que la coopérative Unicor cherche à développer. Celui-là même qui le passionne. Et le motive, le printemps venu, à faire tous ces kilomètres pour le groupe Unicor. Et les agriculteurs qui le font vivre.
 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?