Photofolies : Jean Cazelles a su passer le relais avec sérénité

  • Jean Cazelles, 3 vies de photographe, enseignant et créateur des Photofolies.
    Jean Cazelles, 3 vies de photographe, enseignant et créateur des Photofolies. José A. Torres
Publié le
D.L.

Expositions. Le créateur de cette manifestation phare dédiée à la photographie a su partir tout doucement sur la pointe des pieds, alors que s’est achèvée ce samedi la 27e édition. Flash-back...

Par quel bout de pellicule capturer Jean Cazelles ? Tant le personnage, affable et entier, se diffracte pourtant dès qu’on l’approche en trois figures toutes aussi attachantes les unes que les autres. Il y a bien sûr l’inventeur des Photofolies, voilà 27 ans déjà, et qui a su avec passion et ténacité hisser cette manifestation parmi les plus prisées du grand Sud Ouest pour le moins.

Il y a aussi le professeur d’arts plastiques au collège Fabre à Rodez, le premier d’ailleurs de toute l’académie à avoir su créer un atelier photo au sein de l’établissement, et dont les élèves participaient du coup avec entrain à l’organisation des fameuses photofolies. Et il y a enfin et bien sûr le photographe.

Celui qui a eu son premier boîtier en bakélite à ses 9 ans. C’était l’année où il devait perdre sa mère. Il avait exposé sa première pellicule quand l’appareil lui avait échappé des mains et s’était brisé au sol… Son père pourtant avait fait développer le film : «sur toute sa longueur, il était entièrement partagé en son milieu entre une partie surexposée et une partie bien exposée, comme l’ombre et la lumière, la mort et la vie…».

Fidélités à Viviez, au noir et blanc, et à l’argentique également

Depuis, le noir et le blanc ne l’ont plus jamais quitté, de même que la chimie liée à la photographie argentique dont il joue aujourd’hui encore en son laboratoire à Viviez. Viviez qu’il n’a non plus jamais abandonné, depuis sa plus petite enfance quand son père allait travailler à l’usine de zinc de Vieille Montagne. Celle dont les émanations acides avaient fini par peler les collines alentour, et sur lesquelles ne se dressaient plus que des troncs noirs et tordus plantés comme des pieux, lugubres panneaux indiquant depuis la vallée du Lot l’entrée en rude pays minier. Et quand le collège et le lycée ruthénois l’ont arraché à son Bassin, c’est avec les enfants du pays noir expatriés comme lui qu’il a appris le réconfort et la solidarité.

Sensibilité à fleur de peau

C’est sans aucun doute cette hypersensibilité aux êtres et aux choses qui ont développé en lui ce sens artistique qu’un prof de lycée n’a pas tardé de repérer. D’où un autre arrachement, mais aussi l’invention d’une nouvelle vie, désormais foncièrement ouverte aux arts, quand il a rejoint à Paris la fameuse académie Julian. On passera l’épisode du service militaire où il a réussi à rester à bonne distance du maniement des armes, pour s’immerger dans un bain de lumière inactinique au laboratoire photo de sa garnison alsacienne. Et la boucle sera bouclée quand après l’armée il retrouvera son poste de professeur d’arts plastiques au collège Fabre, base arrière au lancement des Photofolies.

Grâce auxquelles viendront exposer à Rodez, parmi les plus célèbres, des Depardon, Doisneau, Clergue, Sieff, Plossu, Salgado, Mac Mullin, Koudelka, Picard, Faucon, Klein… Et tant d’autres encore, avec nombre lesquels des relations d’amitiés ont su perdurer. Durant tout ce temps et ses deux vies déjà si pleines partagées entre enseignement et organisation d’expositions, Jean Cazelles néanmoins n’a jamais lâché son Pentax 6x7. Pour sans cesse revenir à l’ouvrage, creusant toujours plus profond les ombres et les noirs, les lignes et les traces, la matière et ses plus déconcertants éclats de lumière. C’est ainsi que Jean Cazelles a su construire son œuvre. Dont un large aperçu vient d’être montré dans les vastes locaux de la bibliothèque du 1er arrondissement de Lyon… Pendant qu’à Rodez les Photofolies battaient leur plein. 

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