Il n’y aura pas de barrage à Vimenet

  • Nathalie Ricard, maire de Vimenet élue en 2014, nous confiait que le gel de cette importante réserve foncière empêchait la commune de se développer.
    Nathalie Ricard, maire de Vimenet élue en 2014, nous confiait que le gel de cette importante réserve foncière empêchait la commune de se développer. repro
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Christophe Cathala

Projet. Le Département a décidé de libérer l’emprise foncière réservée depuis 30 ans à l’édification de la retenue d’eau. Celle-ci ne pourra donc plus voir le jour sur ce site controversé aussi bien géologiquement qu’économiquement. La fin d’un drôle de feuilleton.

Au terme de près de trente années d’incertitudes, de questionnements, d’études et de résistance, le projet du barrage de Vimenet et ses 7 millions de mètres cubes étendus sur près d’une centaine d’hectares vient de tirer sa révérence. En tout cas, le conseil départemental restitue aujourd’hui à l’usage agricole toutes les emprises foncières qu’il avait réservées à cet effet: 109 hectares bientôt rétrocédés à la Safalt (Société d’aménagement foncier Aveyron-Lot-Tarn). Sans foncier pour s’installer, le barrage et son étendue d’eau n’ont plus de réalité.

Moyens budgétaires en étiage

Trois raisons essentielles ont amené le conseil départemental à décider en ce sens. Et tout d’abord les moyens budgétaires dont dispose la collectivité pour mener à bien un tel dossier. "La baisse des dotations de l’État va contraindre les collectivités-et l’État-à faire des choix, et ne permettra peut-être pas à des collectivités telle que la nôtre, à contribuer financièrement à un tel projet", explique le président Jean-Claude Luche.

Au-delà de l’Aveyron, les services de l’État et l’Agence de l’eau ont envisagé la recherche de sites de réalimentation mais aussi la recherche d’une « gouvernance interdépartementale » dont le principe n’est, faut-il le rappeler, pas encore abandonné. Mais le contexte actuel n’y est donc plus vraiment favorable, rappelle en substance Jean-Claude Luche.

Impact local préjudiciable

Le contexte, local cette fois, a invité les élus départementaux à libérer les terres consignées jusqu’alors pour ce projet de barrage et "prendre en considération l’impact négatif que peut générer le gel de ces parcelles pour les projets des agriculteurs et des collectivités concernées". Enfin, un point de droit : "La majorité du stock foncier en question atteindra la durée maximale de stockage, soit 15ans, en 2016", insiste le président du conseil départemental. Relancer le projet de barrage reviendrait, dans les années futures, à racheter l’ensemble de l’emprise foncière. Difficile à imaginer...

"D’autant qu’en informant l’Agence de l’eau de notre décision, celle-ci n’a pas répondu, précise Jean-Claude Luche. Elle aurait pu demander à récupérer ces terres, elle devra maintenant les racheter à la Safalt si elle veut maintenir le projet ce qui paraît plus qu’improbable..."

D’abandon en relances

Voilà donc achevé le feuilleton de cet ouvrage pour lequel les premières études avaient été lancées dès 1987 sur une idée remontant à... 1971. Réservoir destiné à l’irrigation et au soutien d’étiage en aval pour les agriculteurs voisins de la rivière Aveyron, il était devenu une priorité, voilà cinq ans, quand l’État a remis sur la table la nécessaire gestion de la politique de l’eau dans toute la région. Il s’agissait alors-et toujours aujourd’hui-de réguler les débits de la rivière aveyronnaise qui se jette dans le Tarn, à quelques encablures de Montauban. Premiers concernés : les vergers du Tarn-et-Garonne et leurs besoins en eau.

Entre-temps, le projet de barrage, rejeté par les habitants de Vimenet et la quinzaine d’agriculteurs impactés par ces préemptions foncières, avait obtenu un avis défavorable lors de l’enquête publique menée en 2005. Avis suivi par la préfecture avant que cette dernière ne relance l’intérêt pour le projet pour les raisons déjà évoquées.

Une géologie contrariée

Cette partition en accordéon a été rythmée par bien des arguments hostiles à la création de l’ouvrage. À commencer par les préventions de l’ancien maire de Vimenet, Roger Lacan, qui a planché de longues années sur la question et s’est employé à révéler des études géologiques rendant « irréaliste » l’implantation du barrage: le professeur Fuchs, expert au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) avait identifié un réseau de failles géologiques sur le site même du barrage... Autant de raisons pour que le projet de Vimenet n’emporte l’adhésion de personne. En Aveyron tout au moins.

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