Comment finance-t-on un stade ?

  • Le stade ruthénois de Paul-Lignon est sous
le régime de la maîtrise d’ouvrage publique.
    Le stade ruthénois de Paul-Lignon est sous le régime de la maîtrise d’ouvrage publique. José A. Torrès
Publié le
Centre Presse Aveyron

Entièrement public, 100% privé ou mixte, le financement des équipements sportifs est un casse-tête pour les collectivités territoriales et les clubs spécialement en temps de crise.

La maîtrise d’ouvrage publique (MOP)

C’est le plus ancien des régimes utilisés pour les stades, comme pour tous les équipements des collectivités. La Ville, ou autre entité territoriale, finance la construction et exploite le stade que lui loue le club résident. C’est le système choisi notamment par Saint-Étienne et Toulouse, deux villes retenues pour l’Euro-2016 et qui ont à cette occasion rénové leur enceinte. La MOP est tombée en désuétude avec la crise et l’endettement des collectivités. Elle peut être utilisée pour la construction, et couplée à une concession pour l’exploitation. C’est le modèle qu’a choisi Valenciennes avec un certain succès. La MOP n’est pas sans risque en cas de déboires sportifs du club, comme en a fait l’expérience la Ville de Grenoble avec le stade des Alpes, après la dégringolade du club de foot.

La solution 100% privée

En France, elle a seulement été adoptée pour l’instant par l’Olympique Lyonnais, unique club côté en bourse. Elle sous-entend une puissance financière conséquente de la part des clubs désirant devenir propriétaires de leur outil de travail. Elle est recommandée par les spécialistes du secteur comme la plus vertueuse mais se heurte à la législation française qui interdit aux collectivités de garantir les emprunts bancaires des clubs de football ou de vendre leur stade, patrimoine immobilier inaliénable. Dans le cas de Lyon, l’OL a dû créer une société filiale, la Foncière du Montout, pour obtenir la garantie d’emprunt sous une autre identité.

La solution mixte ou partenariat public-privé (PPP)

En vogue aujourd’hui en France, le PPP peut prendre plusieurs formes : la concession, l’affermage, la délégation de service public (DSP), le contrat de partenariat, le bail emphytéotique administratif (BEA), etc... Dans tous les cas, il consiste à transférer à plus ou moins longue échéance (20 à 99 ans) la gestion d’un équipement public à un partenaire privé. Sa réussite est extrêmement dépendante des clauses du contrat entre les trois parties : collectivités, constructeur-exploitant et club résident. Le PPP permet à des collectivités d’acquérir, dans un délai relativement court un bien immobilier qu’elles n’auraient jamais pu financer comptant. Quitte à le payer beaucoup plus cher, comme dans tout crédit.

C’est la solution qu’ont choisi Lille, Nice ou Bordeaux dans le cadre de la construction de leur stade pour l’Euro-2016, ou Marseille pour la rénovation du Vélodrome. Les différentes affaires, plus ou moins récentes, impliquant des PPP ont jeté une ombre sur ce mode de financement: la concession du Stade de France accordée par l’État au consortium Vinci/Bouygues qui recelait une clause de compensation en cas d’absence de club résident (12 millions d’euros par an), la chute récente du FC Le Mans qui fait peser une menace sur les finances de la Ville, ou la facture estimée de la rénovation du Vélodrome pour le contribuable marseillais (près de 800 millions d’euros au bout de trente ans)... Ces affaires ne sont pas pour autant l’apanage des stades ou des équipements sportifs en PPP mais sont spectaculaires. Récemment, le mauvais montage en PPP autour de l’hôpital d’Evry n’a pas fait couler autant d’encre. Sans parler des autoroutes et des parkings dans les années 80 qui ont fait prospérer leurs concessionnaires. Les mêmes qui aujourd'hui gèrent les stages. 

qui aujourd’hui gèrent les stades.
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