Nouveaux cantons: Luche raille la "bévue" de Paris

  • Depuis près de 30 ans, la RN88 n'emprunte plus la rue Béteille.
    Depuis près de 30 ans, la RN88 n'emprunte plus la rue Béteille. Archives Centre Presse/José A. Torres
  • En violet, le tracé de la RN88, selon le ministère de l'Intérieur.
    En violet, le tracé de la RN88, selon le ministère de l'Intérieur. DR
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Pascal Laversenne

Découpage. Le président du conseil général et sa majorité ont pointé un couac dans le décret portant la réforme cantonale. Le ministère fait en effet référence à la RN88, mais lorsqu'elle empruntait la rue Béteille... avant 1986. 

Fervent opposant au nouveau découpage cantonal, tel qu’il a été proposé par le ministère de l’Intérieur cette semaine, Jean-Claude Luche et plus généralement la majorité départementale ont soulevé un lièvre, aujourd'hui, qui devrait faire du bruit, jusqu’à la place Beauvau.

C’est en analysant finement la composition de chacun des 23 nouveaux cantons, et plus particulièrement ceux de Rodez, que les opposants ont trouvé matière à contester.

Dans le décret, le canton de Rodez 1 est délimité, à l’ouest de la ville, par les communes de Druelle et Olemps, mais aussi par l'axe des routes départementales 994 et 840, ainsi que par la RN88.

En violet, le tracé de la RN88, selon le ministère de l'Intérieur.
En violet, le tracé de la RN88, selon le ministère de l'Intérieur. DR

C’est là que le bât blesse: car la RN88 à laquelle il est fait référence est celle d’avant 1986, lorsque la route nationale traversait Rodez, via notamment la rue Béteille, l’avenue Victor-Hugo ou encore l’avenue de Toulouse. Or depuis maintenant 27 ans, la RN88 n’est autre que la rocade de Rodez.


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Les opposants n’en demandaient pas tant, et ont évidemment refait les comptes. La loi qui supporte la réforme cantonale donne comme population de référence 12.035 Aveyronnais par canton, à plus ou moins 20%, soit une population cantonale qui doit être obligatoirement située entre 9628 et 14.442 habitants.

Évidemment, ce qui s’apparente à une "boulette" du ministère de l’Intérieur donne une répartition ruthénoise tout autre si on se fie à la RN88: 4000 habitants pour Rodez 1 (en gros Bourran), et près de 20.000 pour Rodez 2.

L’occasion était trop belle : le président du conseil général a porté une lettre à la préfète, dans laquelle il lui demande d’interrompre sur le champ la procédure en cours pour non-conformité. "Voilà ce que c’est que d’avoir une ministre ou des parlementaires hors sol, a fustigé Jean-Claude Luche. Ils ne connaissent pas la réalité des Aveyronnais. Cela démontre un manque d’intérêt pour notre département. C’est très inquiétant."

Et le président du conseil général, qui accuse Anne-Marie Escoffier d’avoir tenu le ciseau, de s’amuser: "Si elle veut s’occuper de la RN88, j’ai peur qu’elle double la rue Béteille!"

L’affaire, pour savoureuse qu’elle soit, va surtout permettre aux opposants à ce découpage de pousser le calendrier encore un peu plus loin, sachant que le conseil général a un délai de six semaines pour émettre un avis consultatif. Un délai qui ne pourra courir que lorsque la mouture revue et corrigée sera revenue en Aveyron. Et ce n’est vraisemblablement qu’un début...

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