Un accord à l'OMC menacé par l'opposition subite de Cuba et ses alliés

  • Keith Rockwell, porte-parole du directeur général de l'OMC, le 6 décembre 2013 à Nusa Dua, en Indionésie
    Keith Rockwell, porte-parole du directeur général de l'OMC, le 6 décembre 2013 à Nusa Dua, en Indionésie AFP - Adek Berry
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AFP

Un accord à la réunion ministérielle de l'OMC à Bali, qui semblait acquis après l'aval de l'Inde, a été bloqué tôt samedi par l'opposition subite de Cuba, de la Bolivie, du Venezuela et du Nicaragua, plongeant l'organisation dans une nouvelle impasse.

"Cuba, la Bolivie, le Venezuela et le Nicaragua ont rejeté le paquet" de mesures que les 155 autres Etats membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont accepté, a indiqué à la presse Keith Rockwell, porte-parole du directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo.

Des consultations sont actuellement en cours mais "je ne sais pas quelles seront les étapes ultérieures", a-t-il ajouté tandis que des tractations intenses se poursuivaient au beau milieu de la nuit de vendredi à samedi sur l'île indonésienne de Bali.

Des préparations ont été faites pour que la réunion ministérielle, qui devait s'achever vendredi après-midi, se poursuive "une journée encore", a-t-il averti.

Les quatre pays latino-américains "sont insatisfaits à la suite du retrait d'une référence faite à l'embargo" américain contre Cuba, a précisé M. Rockwell, évoquant "une déclaration très politique, où ont été exprimés des éléments idéologiques".

Un accord à la réunion ministérielle sur l'île indonésienne de Bali semblait en vue vendredi soir après d'ultimes tractations qui avaient permis le ralliement de l'Inde, jusqu'à présent opposée à une entente.

Mais, lors des consultations nocturnes nécessaires pour faire officiellement approuver le texte, les quatre pays latino-américains ont subitement marqué leur opposition, surprenant les participants qui tablaient sur une conclusion imminente.

Un accord à Bali, le premier depuis la création de l'OMC en 1995, est perçu comme la dernière chance de relancer les négociations sur l'ouverture des échanges mondiaux, paralysées depuis leur lancement en 2001 à Doha, capitale du Qatar.

De nombreux responsables ont averti qu'un nouvel échec à Bali, après quatre réunions ministérielles vaines depuis le lancement du cycle de Doha, sonnerait le glas de l'OMC, au moins sous sa forme actuelle, voire du multilatéralisme en général.

Un compromis de dernière minute avait réussi vendredi soir à rallier in extremis l'Inde, dont l'opposition menaçait jusqu'alors toute entente.

"C'est une décision historique", s'est félicité le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, en annonçant son soutien au "paquet de Bali", après quatre jours d'opposition qualifiée d'intransigeante par ses détracteurs.

"C'est une décision historique. Non seulement pour l'Inde mais pour tous les pays en développement et les pays pauvres. C'est une victoire pour l'OMC, pour le monde", a-t-il clamé.

Oubliant leur vive opposition passée, M. Sharma et son homologue américain, Michael Froman, sont tombés dans les bras l'un de l'autre à la sortie d'une réunion où a été présentée la nouvelle mouture du projet d'accord, visiblement soulagés de la fin du blocage.

L'Inde s'était opposée à plusieurs offres de compromis, rendant ainsi plus qu'incertaine la conclusion d'un accord appelé à relancer les négociations sur l'ouverture des échanges mondiaux.

L'Inde exigeait que soit aboli le plafond imposé par l'OMC aux subventions agricoles dans le cas où elles serviraient à la mise en oeuvre de programmes alimentaires.

New Delhi, disant parler au nom des 46 pays en développement du G33, veut en particulier offrir à prix artificiellement bas des denrées alimentaires de base à près de 800 millions de pauvres.

Derrière les apparences humanitaires, les critiques ont accusé l'Inde de prendre en otages les discussions à l'OMC pour des visées électorales: le gouvernement indien est en difficulté dans les sondages à l'approche d'un scrutin national.

Le compromis approuvé par l'Inde prévoit qu'aucune sanction ne sera recherchée contre les pays qui dépassent le plafond de subventions pour un programme de sécurité alimentaire jusqu'à ce qu'une "solution permanente" soit trouvée lors de la 11e ministérielle de l'OMC, qui doit théoriquement intervenir dans quatre ans.

Source : AFP

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