Ukraine: attendue à Kiev, Ashton redoute un "déraillement" de la crise

  • Des manifestants délogés par les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev
    Des manifestants délogés par les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev AFP - Volodymyr Shuvayev
  • Les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev
    Les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev AFP - Volodymur Shuvayev
  • Des manifestants délogés par les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev
    Des manifestants délogés par les forces de l'ordre le 10 décembre 2013 devant le siège du gouvernement à Kiev AFP - Volodymyr Shuvayev
  • Le champion du monde de boxe et  et opposant Wladimir Klitschko offre du thé aux forces de l'ordre le 9 décembre 2013 sur une barricade à Kiev
    Le champion du monde de boxe et et opposant Wladimir Klitschko offre du thé aux forces de l'ordre le 9 décembre 2013 sur une barricade à Kiev AFP - Vasily Maximov
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AFP

La représentante de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, attendue mardi à Kiev pour une mission de conciliation, redoute un "déraillement" de la crise en Ukraine, en dépit de l'accord du président Viktor Ianoukovitch pour des pourparlers avec l'opposition.

"A la veille de ma visite à Kiev, je suis avec inquiétude les informations selon lesquelles la police a forcé l'entrée du siège du plus grand parti d'opposition", a affirmé Mme Ashton dans la nuit de lundi à mardi.

Les forces de l'ordre ukrainiennes ont délogé lundi des manifestants qui bloquaient le siège du gouvernement et lancé un raid contre les locaux du parti de l'opposante Ioulia Timochenko, faisant monter la tension entre pouvoir et opposition.

Au lendemain d'une manifestation rassemblant des centaines de milliers de personnes à Kiev, les autorités ont ainsi affiché leur fermeté face à la rue, éclipsant une apparente ouverture et amorce de dialogue en début de journée.

Le président Viktor Ianoukovitch avait annoncé en fin de matinée accepter des pourparlers avec l'opposition, qui réclame son départ depuis son refus, fin novembre, de signer un accord avec l'UE. Mais en fin d'après-midi, les forces de l'ordre sont passées à l'action, après que le procureur général, Viktor Pchonka, eut appelé les manifestants à "ne pas mettre la patience des autorités l'épreuve".

Des dizaines d'entre eux, qui bloquaient depuis une semaine le siège du gouvernement, ont été contraints de reculer à distance, repoussés par les forces anti-émeutes. L'opération s'est déroulée sans heurt, des députés présents appelant les opposants à ne pas résister à la police.

Batkivchtchina, le parti de Mme Timochenko, l'une des figures de la Révolution orange et ex-Premier ministre, emprisonnée pour abus de pouvoir après l'arrivée au pouvoir de M. Ianoukovitch, a affirmé avoir subi une perquisition musclée des forces spéciales.

La police a démenti toute implication dans l'opération contre l'organisation, menée selon le parti par des policiers casqués et équipés d'armes automatiques.

"Tous nos serveurs informatiques ont été volés", a dénoncé le leader du parti, Arseni Iatseniouk, accusant les forces de l'ordre d'avoir cassé du matériel. Le site internet du parti n'était plus accessible lundi soir, a constaté l'AFP.

Dimanche, les services spéciaux avaient annoncé l'ouverture d'une enquête pour tentative de prise illégale du pouvoir.

"pression psychologique"

Le déblocage du siège du gouvernement a provoqué la colère de l'opposition.

"Nous manifestons pacifiquement", a réagi le député d'opposition Igor Chvaïka, du parti ultra-nationaliste Svoboda. "Mais si le président et la police dépassent les bornes, nous répondrons en conséquence", a-t-il prévenu.

Plus tôt dans la journée, la tension était déjà montée avec l'arrivée d'un grand nombre de policiers équipés de casques et boucliers anti-émeutes pour bloquer à deux endroits le boulevard Khrechtchatik, menant à la place de l'Indépendance. "Le pouvoir essaye d'exercer une pression psychologique et de nous effrayer mais les gens se sont rassemblés ici et vont y rester", a dénoncé l'un des leaders de l'opposition, le boxeur Vitali Klitschko.

L'ambassadeur de l'UE en Ukraine, Jan Tombinski, a mis en garde les autorités contre tout "usage injustifié de la force et de la police anti-émeutes contre des manifestants pacifiques".

Le président avait semblé entendre plus tôt les nombreux appels au calme des pays occidentaux et annoncé une rencontre, dès mardi, avec les trois ex-présidents du pays pour évoquer la contestation en cours.

Cette initiative devrait favoriser des pourparlers avec l'opposition pour "trouver un compromis", selon la présidence ukrainienne.

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a téléphoné lundi au président Viktor Ianoukovitch pour lui exprimer sa "profonde inquiétude" quant à une possible flambée de violence en Ukraine, et l'appeler à établir un "dialogue avec les dirigeants de l'opposition".

Les Etats-Unis ont adressé un message en ce sens également à la Russie. En visite à Moscou, la secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires européennes et asiatiques, Victoria Nuland, a appelé le Kremlin à utiliser son influence pour instaurer la "paix" en Ukraine et "trouver une solution politique".

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius doit de son côté recevoir mercredi Vitali Klitschko.

La mobilisation, sans précédent depuis la Révolution orange, a été renforcée par les violences que les forces anti-émeutes sont accusées d'avoir commises contre de jeunes manifestants le 30 novembre.

L'opposition estime que M. Ianoukovitch prépare en secret l'entrée de l'Ukraine, en grande difficulté économique et financière, dans l'Union douanière établie par Moscou avec d'anciennes républiques soviétiques.

Son rassemblement massif de dimanche a réuni environ 300.000 manifestants selon les estimations de l'AFP. Lundi, des centaines de manifestants ont continué d'occuper le centre ville malgré un froid très vif et d'abondantes chutes de neige.

Source : AFP

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