Nourrissons morts à Chambéry: une juge spécialisée chargée de l'enquête

  • Me Matthieu Lemaire avocat du laboratoire normand Marette, à Courseulles-sur-Mer le 6 janvier 2014
    Me Matthieu Lemaire avocat du laboratoire normand Marette, à Courseulles-sur-Mer le 6 janvier 2014 AFP - Charly Triballeau
  • Le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier 2014 Le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier 2014
    Le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier 2014 AFP - Philippe Desmazes
  • La ministre de la Santé Marisol Touraine à l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier 2014
    La ministre de la Santé Marisol Touraine à l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier 2014 AFP - Philippe Desmazes
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AFP

L'affaire des bébés morts contaminés par des poches alimentaires à l'hôpital de Chambéry va être instruite par une juge spécialisée dans les scandales sanitaires à Marseille, a annoncé le parquet lundi, alors que le laboratoire ayant fourni les poches assure que sa réputation n'est pas entachée.

Le parquet de Chambéry, qui avait ouvert une enquête préliminaire sur cette affaire en décembre, a annoncé lundi à l'AFP se dessaisir du dossier au profit du pôle de santé publique de Marseille "au regard de la technicité de l'affaire".

Suite à ce dessaisissement, le procureur de Marseille Brice Robin a immédiatement annoncé l'ouverture d'une information judiciaire.

Le pôle de santé publique de Marseille a été institué par la loi du 4 mars 2002. C'est l'une des deux juridictions à compétence interrégionale spécialisées en matière sanitaire avec le pôle de Paris.

C'est la juge d'instruction Annaïck Le Goff qui a été saisie du dossier. Elle enquête déjà sur un pan de l'affaire des prothèses mammaires PIP ainsi que sur un trafic de viande de cheval impropre à la consommation.

Le fait qu'une juge spécialisée soit saisie est un signe de l'importance accordée à cette affaire, qui porte sur le décès de trois nourrissons, Chloé, Théo et Milie, les 6, 7 et 12 décembre au service de réanimation néonatale de l'hôpital de Chambéry. Un quatrième nourrisson, qui présentait des symptômes identiques, a pu être sauvé in extremis.

Ces bébés auraient été contaminés par des poches de nutriments, administrés par perfusion, et qui contenaient un germe, actuellement en cours d'analyse à l'institut Pasteur à Paris.

Les résultats de ces analyses devraient être connus dans les jours prochains et seront communiqués "en toute transparence aux familles", a assuré dimanche la ministre de la Santé Marisol Touraine lors d'un déplacement à Chambéry.

Marisol Touraine a aussi assuré que tout était "mis en œuvre pour identifier la cause du décès" de ces nourrissons.

"Très nombreux acteurs"

Lundi, le laboratoire normand Marette a reconnu avoir fourni des poches alimentaires à l'hôpital de Chambéry mais assuré que rien ne permettait de mettre en cause la réputation de l'établissement à l'heure actuelle.

"L'enquête administrative et judiciaire (...) n'a mis en lumière aucun élément susceptible de mettre en cause la réputation et le professionnalisme de ce laboratoire", a indiqué l'avocat du laboratoire, Matthieu Lemaire.

"Le laboratoire Marette achète des poches, qui sont le contenant" et "a pour mission de réaliser les solutés, c'est-à-dire le contenu, qui est intégré dans ces poches et ensuite les poches sont livrées" aux hôpitaux, a expliqué l'avocat.

"Il va falloir rechercher les multiples causes", a fait valoir l'avocat, évoquant les "très nombreux acteurs qui entrent en ligne de compte (...) du stade de la fabrication au stade des soins prodigués à ces trois enfants".

Par ailleurs, l'avocat a précisé qu'aucune demande d'interruption de l'activité du laboratoire n'avait été formulée "à ce jour".

Le laboratoire normand, dirigé par Jean-Luc Marette, fournit ce type de poches depuis 28 ans. Selon Me Lemaire, le laboratoire a fourni 410.000 poches semblables à une vingtaine d'hôpitaux, dont celui de Chambéry, depuis sa création.

Le laboratoire Marette a été inspecté les 17, 18, 19 décembre 2013, par des inspecteurs de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), selon l'avocat.

Dimanche, la ministre de la Santé s'était refusée à "incriminer" le laboratoire soulignant que c'était "toute la chaîne depuis la fabrication jusqu'à l'administration du contenu des poches" qui faisait l'objet "d'enquêtes multiples".

Ces poches alimentaires par perfusion intraveineuse sont utilisées dans les hôpitaux pour nourrir les bébés prématurés, de trop faible poids à la naissance ou malades.

Source : AFP

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