Egypte: nouveau procès de Mohamed Morsi, un général de police assassiné

  • Des policiers antiémeutes surveillent les abords de l'Académie de police avant l'ouverture d'une nouvelle audience dans le procès du président déchu Mohamed Morsi, le 28 janvier 2014 au Caire
    Des policiers antiémeutes surveillent les abords de l'Académie de police avant l'ouverture d'une nouvelle audience dans le procès du président déchu Mohamed Morsi, le 28 janvier 2014 au Caire AFP - Mahmoud Khaled
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AFP

Un des quatre procès du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée qui vient de demander à son chef de postuler à la magistrature suprême, s'est ouvert mardi en Egypte pour son évasion de prison lors de la révolte de 2011.

Au même moment, un général de police et conseiller du ministre de l'Intérieur a été assassiné au Caire par des inconnus qui ont pris la fuite en moto, en pleine vague d'attentats jihadistes visant les forces de l'ordre. La police et l'armée, elles, répriment implacablement dans le sang, depuis la destitution de Morsi le 3 juillet, toute manifestation de ses partisans.

Le procès s'est ouvert dans la matinée, selon l'agence de presse gouvernementale Mena, mais on ignorait si M. Morsi a été amené à la barre, les journalistes présents au procès n'ayant pas le droit de communiquer.

M. Morsi, le seul président jamais élu démocratiquement en Egypte, encourt la peine de mort pour s'être évadé de prison avec, selon l'accusation, la complicité de membres du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et de mouvements jihadistes.

Lors de la seule audience d'un autre procès où il a comparu physiquement le 4 novembre, derrière les grilles d'une cage d'acier, le chef de l'Etat déchu avait dénoncé des "procès politiques" intentés par le pouvoir "illégitime" des auteurs d'un "coup d'Etat". C'est dans le même tribunal, installé au coeur de l'académie de police du Caire, une vaste enceinte protégée par un imposant dispositif de sécurité, que M. Morsi devait comparaître mardi.

Ce nouveau procès s'est ouvert au lendemain de l'appel sans surprise que la toute puissante armée égyptienne a lancé à son chef, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi --nouvel homme fort du pays qui avait destitué M. Morsi -- à présenter sa candidature à l'élection présidentielle prévue dans les trois mois. Et ce, trois ans presque jour pour jour après la révolte populaire qui, dans la lignée du Printemps arabe, avait mis fin à 30 années de règne absolu de Hosni Moubarak, ex-général lui même propulsé par l'armée à la tête du pays après l'assassinat d'Anouar el-Sadate.

M. Morsi est jugé avec 132 co-accusés, dont 70 membres du Hamas et du Hezbollah par contumace ainsi que des jihadistes. Ils sont accusés de s'être évadés, en pleine révolution contre Moubarak, à la faveur d'attaques de postes de police et de prisons par des membres de ces organisations et des Frères musulmans, l'influente confrérie de M. Morsi qui a remporté toutes les élections depuis trois ans.

Lors de ces attaques, des policiers avaient été tués et des milliers de détenus s'étaient échappés.

M. Morsi, arrêté le jour de sa destitution, est sous le coup de quatre procès, encourant la peine capitale dans trois d'entre eux.

Et depuis sept mois, le nouveau pouvoir mis en place par le très populaire maréchal Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et très probable candidat à la présidentielle, mène une implacable répression contre toute manifestation des pro-Morsi. Selon Amnesty International, quelque 1.400 personnes ont été tuées dans des manifestations depuis le 3 juillet, des manifestants islamistes pour l'immense majorité.

Dans le même temps, les attentats visant les forces de sécurité se sont multipliés, revendiqués pour les plus sanglants par un groupe jihadiste s'inspirant d'Al-Qaïda, Ansar Beït al-Maqdess. Mais le gouvernement intérimaire installé le 3 juillet par le général Sissi --promu maréchal lundi-- en accuse systématiquement les Frères musulmans, décrétés désormais "organisation terroriste".

Mardi peu avant l'ouverture du procès, le général Mohamed Saïd a été tué par des inconnus à moto au Caire. Il dirigeait le bureau technique du ministère de l'Intérieur, directement rattaché à la personne du ministre, Mohamed Ibrahim, qui avait lui-même échappé le 5 septembre à un attentat au Caire revendiqué par Ansar Beït al-Maqdess.

Ces insurgés, basés dans la péninsule du Sinaï d'où ils tirent fréquemment des roquettes sur Israël, assurent viser les forces de sécurité en représailles à la répression très meurtrière des manifestations pro-Morsi.

Vendredi et samedi, six attentats visant la police, dont cinq au Caire, avaient tué six personnes. Les plus meurtriers ont été revendiqués par Ansar Beït al-Maqdess, qui a affirmé avoir abattu samedi un hélicoptère de l'armée tuant ses cinq membres d'équipage dans le Sinaï. L'armée a assuré pour sa part qu’il s'agissait d'un accident. Enfin, dans la nuit de lundi à mardi, des insurgés ont dynamité dans le Sinaï un gazoduc qui alimentait la Jordanie.

Source : AFP

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