Les Bonnets rouges lancent les états généraux de Bretagne à Morlaix

  • Manifestation de "Bonnets rouges" sur une autoroute près de Brech, dans le Morbihan, contre l'écotaxe, le 15 février 2014
    Manifestation de "Bonnets rouges" sur une autoroute près de Brech, dans le Morbihan, contre l'écotaxe, le 15 février 2014 AFP/Archives - Gael Cloarec
  • Le maire de Carhaiux et chef de file des Bonnets rouges Christian Troadec participe à la manifestation contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, le 22 février 2014 à Nantes
    Le maire de Carhaiux et chef de file des Bonnets rouges Christian Troadec participe à la manifestation contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, le 22 février 2014 à Nantes AFP/Archives - Frank Perry
Publié le
AFP

Les Bonnets rouges réapparaissent sur la scène bretonne samedi, après la flambée de colère de l'automne, à l'occasion de la tenue à Morlaix (Finistère) d'états généraux de Bretagne, où seront présentées une dizaine de propositions pour sortir la région de la crise.

"Entre sept et dix propositions" seront annoncées lors de ces états généraux, a assuré à l'AFP Christian Troadec, porte-parole du collectif "Vivre, décider et travailler en Bretagne", à l'origine du mouvement des Bonnets rouges et maire DVG de Carhaix.

"On entend obtenir rapidement satisfaction" du gouvernement, a ajouté M. Troadec.

Fort du succès remporté cet automne, les Bonnets rouges souhaitent s'affirmer comme force de propositions, après avoir démontré leur capacité à rassembler.

En novembre, le mouvement hétéroclite, composé de chefs d'entreprise, agriculteurs, acteurs culturels et politiques bretons, avait mobilisé entre 13.000 et 30.000 personnes, selon les sources, à Quimper, puis entre 17.000 et 40.000 personnes, à Carhaix.

Il milite contre l'écotaxe poids lourds, le dumping social et les contraintes administratives et pour la décentralisation, en s'inspirant de la révolte antifiscale du 17e siècle en Bretagne à laquelle il fait référence.

Au cours des derniers mois, une cinquantaine de comités locaux ont vu le jour, selon le mouvement, qui a synthétisé les quelque 15.000 doléances recueillies en leur sein pour aboutir à une dizaine de revendications phare.

Celles-ci seront présentées samedi au parc des expositions de Langolvas, aux abords de Morlaix, la ville de l'actuelle ministre de la Fonction publique et de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, qui en a été le député-maire.

- "Remplir la salle" -

Le rassemblement, "gratuit et ouvert à tous", se tiendra dans une salle d'une capacité de 3.200 places assises. "L'objectif est de remplir la salle", dit-on chez les Bonnets rouges.

Lors de la réunion, qui débutera à 14H00, les principaux représentants du mouvement, parmi lesquels Christian Troadec mais également Thierry Merret, le président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) du Finistère, prendront la parole.

Leurs principales revendications seront illustrées et commentées par des experts, dont Jacques Baguenard, professeur de sciences politiques à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO), et Romain Pasquier, professeur à Sciences Po Rennes et auteur d'analyses de la situation bretonne.

Ce dernier interviendra sur une des premières revendications des Bonnets rouges, à savoir la volonté de relocaliser en Bretagne les décisions concernant la région.

Moins de deux mois après la flambée de colère provoquée par l'annonce de la mise en place de l'écotaxe, sur fond de crise sociale et économique, le mouvement avait rejeté le Pacte d'avenir élaboré à l'initiative du gouvernement pour relancer l'économie bretonne estimant que le texte, émanant de Paris, n'était qu'un "écran de fumée".

"Les Bonnets rouges ont été essentiels sur le retour de la question de la régionalisation et de la décentralisation dans le gouvernement Ayrault", estime M. Pasquier: il abordera la question de "la création d'une assemblée de Bretagne", qui fusionnerait le conseil régional et les conseils généraux autour d'une collectivité unique dotée d'un budget de 5 ou 6 milliards d'euros.

"Il faudra que le gouvernement entende" les revendications des Bonnets rouges, estime le politologue, interrogé par l'AFP. "La pression monte dans la cocotte minute et tous les ingrédients de l'automne des Bonnets rouges sont toujours réunis", assure-t-il.

"Contrairement à ce que beaucoup disent, le mouvement ne s'essouffle pas. Il y a eu l'automne des Bonnets rouges, la trêve des confiseurs, il pourrait y avoir un printemps des Bonnets rouges si Paris continue a être autiste", a ainsi récemment estimé Thierry Merret.

Un portique écotaxe situé sur la Nationale 12, à hauteur de Montauban-de-Bretagne, entre Rennes et Saint-Brieuc, a été endommagé dans la nuit de mercredi à jeudi par un incendie volontaire, et devrait être démonté dans la journée, selon la gendarmerie. Cette opération non revendiquée survient alors que plus d'une dizaine de portiques ont été détériorés ou détruits au cours des derniers mois dans l'Ouest.

Les états-généraux de Bretagne, premiers du genre, sont appelés à se renouveler chaque année afin de permettre un dialogue permanent avec la population, selon le collectif. A 17H00, en clôture, est prévu un fest-noz, fête traditionnelle bretonne.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?