Comment faire décrocher un "toxico" du boulot ?

  • Dans un environnement professionnel informatisé, on devient vite «<ET>addict<ET>» aux ordinateurs, internet et autres nouvelles technologies.
    Dans un environnement professionnel informatisé, on devient vite «addict» aux ordinateurs, internet et autres nouvelles technologies. Wakil Kohsar/AFP
Publié le , mis à jour
centrepresseaveyron.fr avec AFP

Société. Éteindre les lumières pour forcer les salariés à quitter le bureau, bloquer l’accès aux mails le soir : l’idée peut surprendre, mais certains ne parviennent plus à décrocher, une difficulté amplifiée par les nouvelles technologies et qui commence doucement à être prise en compte.

Merveilles informatiques, smartphones et autres outils portables peuvent vite devenir un fil à la patte pour les salariés, brouiller les lignes entre vie privée et vie professionnelle. Récemment, et pour la première fois, un accord de branche a inscrit "un droit à la déconnexion" pour certains d’entre eux. Cet accord dans le secteur du numérique (900 000 personnes) évoque noir sur blanc l’obligation de décrocher des outils informatiques pour respecter la durée légale de repos minimale (11 heures consécutives quotidiennes et 35 heures hebdomadaires).

Un texte qui ouvre le débat

Pour Bernard Salengro (CFE- CGC), le texte, qui a fait jaser les Anglo-Saxons, est "tout à fait remarquable" et permet d’ouvrir le débat "mais il n’est pas sûr du tout qu’il soit appliqué". Mais il relève qu’aujourd’hui, "il n’y a pas 1% des entreprises qui déconnectent les serveurs informatiques à partir de 20 heures. Or l’élastique a ses limites". Selon une enquête du Credoc de novembre 2013, les trois quarts des cadres se connectent pour des raisons professionnelles le soir, le week-end, ou en vacances et, pour près de la moitié d’entre eux, cela empiète sur leur vie privée.

Jean-Emmanuel Ray, professeur de droit social à Paris I - Sorbonne, relève que la problématique de la déconnexion est récente et remonte à la création du forfait-jour, régime introduit par les lois Aubry sur les 35 heures en 2000. Il évoque le cas d’entreprises qui éteignent les lumières pour pousser les salariés à quitter les lieux. À 22 heures, par exemple. À cette heure-là, il est fréquent de trouver encore quelques cadres qui n’ont plus que la torche de leur téléphone portable, ou les éclairages de secours pour s’éclairer.

Pour Thierry Venin, la situation ne cesse de se dégrader

Pour Thierry Venin, chercheur spécialisé dans les nouvelles technologies, la situation ne cesse de se dégrader, et "il y a forcément des régulations collectives qui vont se mettre en place". Selon M. Ray, le premier accord mentionnant un droit à la déconnexion en France a été signé chez Areva en 2011. Le juriste évoque également un accord récent chez le groupe de protection sociale Réunica qui prévoit un blocage des mails de 20 heures à 7 heures et le week-end. Il rappelle toutefois que les salariés, quoi qu’il arrive, mettent du temps à sortir de la sphère professionnelle : "Ce n’est pas le vendredi soir, pas le samedi matin. Même si vous êtes déconnectés physiquement, intellectuellement, c’est le samedi midi qu’un travailleur du savoir déconnecte vraiment".

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