Programme de stabilité: vers l'adoption du plan Valls à l'Assemblée

  • Le président du groupe PS Bruno Le Roux le 23 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris
    Le président du groupe PS Bruno Le Roux le 23 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris AFP - Pierre Andrieu
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Après deux semaines de confrontation inédite avec sa majorité, Manuel Valls devrait réussir, mardi à l'Assemblée, à faire adopter son plan de 50 milliards d'économies, indispensable aux yeux de l'exécutif pour la crédibilité française en Europe.

Des abstentions ont été annoncées dans les rangs PS, que le président du groupe Bruno le Roux s'est refusé à chiffrer mardi. Il a seulement averti que "le devoir de la majorité", c'est "d'être forte". Ce proche de François Hollande a laissé planer à mots couverts la menace d'un divorce avec ceux qui se rendraient coupables de défections à répétition.

Les députés sont appelés à un vote consultatif sur le "programme de stabilité", qui soumet à l'avis de la Commission européenne la politique de la France jusque 2017.

A savoir la mise en oeuvre du "pacte de responsabilité et de solidarité" (40 milliards d'allégements sociaux et fiscaux pour les entreprises, 5 milliards pour les ménages) assortie d'économies sans précédent, d'un total de 50 milliards, pour réduire le déficit public à 3% du PIB en 2015 (contre 4,3% en 2013), comme promis à l'Union européenne.

Lundi, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, s'était dit "confiant dans la majorité et dans la nature de la majorité", de gauche, que le gouvernement obtiendrait.

Trois semaines après l'investiture du gouvernement Valls qui avait suscité l'abstention de onze députés PS sur 291, l'exercice s'apparente à un nouveau vote de confiance. En jeu, la politique de l'offre sur laquelle François Hollande joue la suite de son quinquennat, plombé par l'absence de résultats sur la croissance et l'emploi.

C'est "un moment de vérité", un "vote tout sauf indicatif", a écrit lundi le Premier ministre aux parlementaires de sa majorité.

Nombre d'entre eux menaçaient jusque ce week-end de s'abstenir, traumatisés par la déroute des municipales, inquiets de l'impact d'une réduction des dépenses publiques sur la reprise de la croissance et hostiles au gel des prestations sociales jusqu'en octobre 2015 et à celui du point d'indice des fonctionnaires jusqu'en 2017.

Des critiques en partie entendues par M. Valls. Sans remettre en cause le volume d'économies, il a décidé d'épargner les retraites inférieures à 1.200 euros et réexaminera chaque année la situation des fonctionnaires.

Autre demande socialiste, le "plan pauvreté", qui prévoit une hausse du RSA, sera appliqué au 1er septembre, et non décalé d'un an. M. Valls a aussi confirmé "une mesure fiscale de soutien aux ménages" dont les "modalités" seront élaborées "dans les prochains jours".

Enfin, le chef de gouvernement, qui critique l'euro fort, souligne que ces économies "doivent être accompagnées par une politique monétaire plus active et une politique de change plus réaliste au niveau européen".

- Combien d'abstentions PS? -

Ces annonces devraient calmer nombre des frondeurs, notamment des "quadras" du coeur de la majorité qui, depuis deux ans, n'avaient pas fait défaut au gouvernement. "Notre demande de justice sociale a été entendue", s'est félicité le député de Saône-et-Loire Thomas Thévenoud. Lundi soir, le bureau national du PS a adopté une résolution de soutien au programme de stabilité.

Reste, en dépit de ces concessions et des rappels à l'ordre, une vingtaine de députés qui pourraient s'abstenir: membres de l'aile gauche, chevènementistes ou proches de Martine Aubry.

S'il a le soutien des radicaux de gauche, M. Valls ne pourra pas, à la différence du vote de confiance, s'appuyer sur une majorité des écologistes, qui oscillent entre abstention et vote contre.

Sans surprise, le Front de Gauche dira non.

Mais le Premier ministre pourrait bénéficier d'"une abstention d'encouragement" d'une majorité des 29 députés UDI, qui devaient en débattre mardi matin, et d'une poignée d'UMP.

Ce sera cependant sans François Fillon qui ne veut pas "être complice" d'un plan qui "n'a aucune chance de se réaliser". Autre ancien Premier ministre UMP, Jean-Pierre Raffarin, s'il avait pu voter au Sénat --ce n'est pas le cas-- aurait répondu "non, mais..." c'est-à-dire un "non ouvert" dans l'attente de "réformes".

Source : AFP

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