Offensive médiatique de Hollande, élu il y a tout juste deux ans

  • Le président de la République François Hollande et le Premier ministre japonais Shinzo Abe à Paris le 5 mai 2014
    Le président de la République François Hollande et le Premier ministre japonais Shinzo Abe à Paris le 5 mai 2014 AFP - Martin Bureau
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AFP

Deux ans jour pour jour après son élection à l'Elysée, François Hollande sera l'invité mardi matin de BFMTV et RMC Radio, l'occasion pour lui d'en dire plus sur le "retournement économique" qu'il voit venir, sans convaincre à ce stade la classe politique.

Dans la foulée de l'émission, le président de la République se rendra à Villiers-le-Bel (Val d'Oise), pour une visite hautement symbolique dans cette ville marquée par des émeutes urbaines en 2007.

Il s'agira de la première intervention radio-télévisée de M. Hollande depuis sa troisième grande conférence de presse le 14 janvier.

L'émission est prévue pour durer une heure, de 08h30 à 09h30. Le chef de l'Etat répondra pendant la première demi-heure aux questions du journaliste Jean-Jacques Bourdin, puis à celles des auditeurs et téléspectateurs pendant la seconde partie.

A l'Elysée, on souligne sa volonté d'avoir, en plus du "face à face classique" avec un journaliste, "un dialogue direct" avec les Français. "Ce sera un moment d'explication, de mise en perspective, de dialogue", souligne un conseiller.

Au programme, indique-t-on : "les deux ans écoulés, la séquence politique actuelle et les trois ans qui se dessinent", mais également la crise ukrainienne.

Avec cette séquence en deux temps - intervention radio-télévisée, visite de terrain - le chef de l'Etat, toujours plombé par une impopularité record, tente d'innover pour renouer avec des Français très majoritairement mécontents de sa politique.

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a lui-même admis lundi matin un "lien perdu" entre "les Français et le président", l'attribuant au "poids" des décisions prises pendant les deux premières années de son quinquennat.

Un mois après l'arrivée de Manuel Valls à Matignon à la tête d'un "gouvernement de combat", remanié et resserré, la cote de confiance de M. Hollande a continué de dégringoler pour tomber sous la barre des 20%, tandis que son nouveau Premier ministre est pour l'heure apprécié par une très large majorité de Français (64% selon un récent sondage BVA).

- Compliments de Shinzo Abe -

Lors de son intervention mardi matin, le chef de l'Etat devrait expliciter le "retournement économique" qu'il escompte pour la seconde phase de sa présidence, comme il l'a récemment confié.

"Le redressement n'est pas terminé, mais le retournement économique arrive", a-t-il ainsi réaffirmé ce week-end, cité par Le Journal du Dimanche.

Un pari risqué au moment où la France s'est engagée à réaliser 50 milliards d'euros d'économies au total d'ici à 2017, pour tenir l'objectif d'un retour à 3% de déficit public en 2015.

Les prévisions de croissance avancées par l'exécutif (1% de croissance cette année, avant 1,7% en 2015 et 2,25% les deux années suivantes) laissent dubitatifs le Haut Conseil des Finances publiques, chargé de veiller à la sincérité de ces projections officielles. Le doute plane aussi chez de nombreux économistes qui redoutent que les mesures d'économies ne brisent le fragile élan de la reprise.

"Le retournement" annoncé par le président de la République laisse tout autant sceptique une large part de la classe politique.

Dimanche, le patron de l'UMP Jean-François Copé ironisait ainsi sur un président qui depuis deux ans "vient tous les mois à la télévision pour dire aux Français: +ne vous inquiétez pas, cela va s'arranger+".

L'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse a ironisé sur le "grand bluff de François Hollande saison 3". Le président du MoDem, François Bayrou, voit lui l'illustration d'"une pensée magique", tandis que Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, dénonçait "des méthodes d'illusionniste".

Plusieurs ministres sont en revanche montés au créneau pour donner corps à l'optimisme du chef de l'Etat. Le retournement, "je le sens" a ainsi déclaré Stéphane Le Foll. Jean-Marie Le Guen (Relations avec le Parlement) y voit lui "le carburant du redressement".

M. Hollande aura reçu en prime les compliments du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, champion de la relance, qui l'a félicité pour sa "flèche" décochée en faveur du "redynamisation de l'économie française".

Source : AFP

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