Libération des cinq cadres retenus dans une usine Seita promise à la fermeture

  • Michael Laboureur (g), délégué syndical de la CGT, s'adresse aux grévistes de l'usine Seita à Carquefou le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h
    Michael Laboureur (g), délégué syndical de la CGT, s'adresse aux grévistes de l'usine Seita à Carquefou le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h AFP - Jean-François Monier
  • L'entrée de l'usine Seita à Carquefou le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h
    L'entrée de l'usine Seita à Carquefou le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h AFP - Jean-François Monier
  • Un employé de l'usine Seita à Carquefou, près de Nantes le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h
    Un employé de l'usine Seita à Carquefou, près de Nantes le 29 mai 2014 après la libération de cinq cadres retenus pendant 24h AFP - Jean-François Monier
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AFP

Retenus pendant près de 24 heures par des salariés, cinq cadres de l'usine Seita de Carquefou (Loire-Atlantique), près de Nantes, condamnée à la fermeture, ont été libérés jeudi en début d'après-midi.

En grève depuis lundi, les salariés, qui avaient annoncé préalablement leur refus d'une confrontation avec les forces de l'ordre, ont voté la libération des cadres à la suite d'une ordonnance du procureur de la République.

"Il a fallu prendre une décision tout de suite. Il y avait des enfants et beaucoup de femmes sur place, des gars qui commençaient à être énervés. On avait peur que ça parte trop fort tout de suite (...) la majorité (des salariés, ndlr) a décidé de les laisser partir pour mieux se réorganiser", a expliqué à une correspondante de l'AFP Mikaël Mignard, délégué CGT.

Le syndicaliste a récusé le terme d'"échec" après ce vote. "Normalement, les problèmes dans une usine se gèrent en local. Ici, notre direction nous dit qu'elle ne dirige plus rien sur place et que tout est décidé ailleurs. Cela devient super compliqué quand, pour la moindre chose, il faut appeler Paris ou Londres", a-t-il expliqué.

La Seita a été rachetée en 2008 par le groupe britannique Imperial Tobacco, qui a annoncé le 15 avril la fermeture du site de Carquefou, où sont employés 327 salariés.

"Ce qu'on a devant nous, c'est un mur", a estimé, évoquant le groupe britannique, une salariée, Virginie Brochard. "Depuis hier, la direction générale n'a pas bougé" et "voir les cadres sortir et rigoler entre eux (après leur libération, ndlr), ça fait mal (...). Là, c'était gentil (la rétention des cadres), mais ça montre à la direction de quoi on est capables", a-t-elle dit.

- 'Le mouvement continue' -

La situation s'est durcie ces dernières semaines, quand la direction a voulu relancer la production tombée en chute libre.

"Malgré l'annonce de la fermeture, ça se passait très bien, ça tournait un petit peu dans les ateliers. Certains travaillaient, d'autres pas. Mais le jour où ils ont mis un huissier sur place, ça a été le chaos total", a expliqué Virginie Brochard.

"La direction désignait du doigt ceux qui devaient aller travailler, il y a des gens qui ont fait des malaises, c'était plus que tendu (...) On veut qu'ils nous laissent tranquilles", a-t-elle raconté.

Selon les syndicats, les pressions sur les salariés se sont accrues à un point tel qu'actuellement, une centaine d'entre eux sont en arrêt maladie.

Les salariés reprochent également à la direction un déficit d'informations sur le plan de restructuration prévu. Ils demandent aussi le paiement à 100% des jours de grève depuis lundi, ce qui leur a été refusé jusqu'à présent.

"La direction ne nous transmet pas les informations venues du siège", a déploré Pascal Brochard, délégué du personnel CGT. "Et quand les salariés réclament une salle pour se réunir une heure par semaine, la direction refuse", ajoute-t-il. "Du coup, les gens ont fabriqué une salle avec des palettes à l'intérieur du site pour faire des AG. Mais ça ne plait pas à la direction."

Si les cadres ont été libérés, "le mouvement continue et le blocage, ça ne s'arrêtera pas", a affirmé Sébastien Juteau, un électricien maintenance.

Sans oublier le "trésor de guerre" que constituent les stocks de cartouche de cigarettes sur le site. "S'ils veulent le récupérer, il faut qu'ils réfléchissent intelligemment", a prévenu Virginie Brochard.

Outre Carquefou, Imperial Tobacco a annoncé la fermeture du site de recherche de Bergerac (Dordogne) et la suppression nette de 366 postes en France sur 1.150, soit près du tiers des effectifs.

L'usine historique du groupe britannique à Nottingham fermerait également, tandis que 130 emplois seraient créés en Pologne où sera délocalisée une partie de la production.

Lors de la reprise de la Seita, Imperial Tobacco avait supprimé un millier d'emplois, soit la moitié des effectifs.

Source : AFP

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