Le juge Arrial, témoin d’une justice en mutation en Aveyron

  • Blandine Arrial rejoindra la cour d’appel de Toulouse en septembre.
    Blandine Arrial rejoindra la cour d’appel de Toulouse en septembre. Archives José A. Torres
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Ph. R.

Portrait. Blandine Arrial est arrivée en Aveyron en 1999. Elle est l’un des derniers témoins de la présence de la justice dans la bergerie du Parc Saint-Joseph. Retour sur quinze années qui l’ont marquée.

Elle n’a pas encore la tête enfouie dans les cartons, mais la fin de son histoire avec le tribunal de Rodez approche. Le 1er septembre, Blandine Arrial prendra son poste de vice-présidente placée à la cour d’appel de Toulouse. Refermant ainsi quinze années d’une histoire, il faut bien l’avouer, un peu particulière avec l’Aveyron.
Jugez-vous même ! À 37 ans, elle a enfilé pour la première fois sa robe de magistrat dans une bergerie ! En 1999, lorsqu’elle est nommée à Rodez pour son premier poste, comme Juge aux affaires familiales, le tribunal a en effet migré vers le Parc Saint-Joseph. Le temps de la longue réfection du palais de Justice. Elle se retrouve alors en pleine campagne. Et dire qu’elle croyait que Rodez était à une cinquantaine de kilomètres de la mer, au chaud sous le soleil du sud ! À défaut du chant des cigales, elle aura donc le bruit des mouches. Mais il en fallait plus pour déstabiliser cette Nantaise.
En rupture professionnelle, après une expérience importante dans les ressources humaines à Paris, elle a jeté son dévolu sur la justice. « J’ai lu une annonce dans l’Express, se souvient-elle. Le ministère de la Justice proposait un concours exceptionnel. Je ne sais pas pourquoi je me suis engagée dans cette voie. Je n’avais absolument jamais mis les pieds dans un tribunal » sourit-elle. Or, aujourd’hui, elle en connaît presque toutes les ficelles.

Une vie où « le divorce peut devenir une catastrophe »
Durant ces quinze années, le paysage de la justice en Aveyron a changé sous ses yeux, avec la disparition progressive des instances d’Espalion, Villefranche, Saint-Affrique et Millau. Puis il y eut la découverte de la solennité d’un palais de Justice flambant neuf. « Il faut à ce sujet souligner les bonnes conditions dans lesquelles nous pouvons travailler à Rodez », glisse-t-elle au passage, consciente que toute la magistrature n’est pas forcément logée à la même enseigne.
Le lieu est propice pour bien travailler. « Pour prendre les moins mauvaises décisions », comme elle a l’habitude de le dire. Confrontée à la «paupérisation du justiciable », la Jaf qu’elle est a mesuré chaque jour le poids des décisions, dans une vie « où le divorce peut devenir une catastrophe ».

Veiller au bien-être des enfants et tenter de résoudre les difficultés, sont un leitmotiv. « Quand on est chargé des affaires civiles, c’est beaucoup de rigueur, de travail, de concessions, de compétences », détaille-t-elle, sans omettre de souligner « l’importance » du personnel qui entoure les magistrats.
Ces années passées en Aveyron ont également été rythmées par quelques procès retentissants. Elle a suivi de loin celui de l’abbé Maurel, à son arrivée en Aveyron, mais elle était aux toutes premières loges pour celui de José Bové à Millau, en 2000. « Je me souviens encore de l’ambiance incroyable autour du tribunal de Millau, où tout le Larzac était descendu », rigole-t-elle franchement. D’un ton plus grave, elle se remémore aussi le procès des parents du petit Dylan, victime de maltraitance.
Ces deux dernières années, la présidence d’audience collégiale lui a ouvert de nouvelles perspectives. Elle l’avoue sans ambages : elle y prend du plaisir. Au point d’envisager, un jour, de présider une cour d’assises. « Mais il reste beaucoup de travail pour y arriver », sourit Blandine Arrial.
En attendant, elle a encore une belle pile de dossiers à terminer. Et puis, dans sa tête, elle ne quitte pas vraiment l’Aveyron. Depuis deux ans, elle a quitté le centre-ville pour s’installer à la campagne. Et elle s’y sent tellement bien qu’elle a choisi de garder son pied à terre. Avec des brebis pas loin ?
 

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