Souccot, des cabanes jusqu'en milieu urbain pour une fête juive d'ouverture

  • Un camion transporte dans Paris une soucca, une cabane utilisée à l'occasion de la fête juive de Souccot, le 9 octobre 2014
    Un camion transporte dans Paris une soucca, une cabane utilisée à l'occasion de la fête juive de Souccot, le 9 octobre 2014 AFP - Thomas Samson
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Centre Presse Aveyron

Des cabanes au toit de fortune pour dire la précarité des Hébreux dans le désert et rechercher l'ouverture sur le monde: la fête juive de Souccot perdure dans la diaspora, malgré les contraintes de la ville... et de la météo.

La fête dite des cabanes, des tentes ou des tabernacles (en hébreu souccot, soucca au singulier) rappelle la protection particulière que, selon la Torah, l'Eternel accorda pendant quarante ans aux enfants d'Israël, depuis leur sortie d'Egypte jusqu'à leur arrivée en terre promise.

Pour figurer les cabanes construites par les Hébreux dans le désert, les juifs sont invités à prendre leurs repas, voire résider pendant une semaine dans une soucca installée en extérieur. Soit trois parois et un toit fragile, fait de branchages légers et de feuillages laissant voir les étoiles.

Autant dire qu'une telle prescription, qui peut aller de soi en Israël, est plus difficile à appliquer dans certains pays de la diaspora, au début de la saison froide et pluvieuse, comme c'est le cas singulièrement cette année en France, première communauté juive d'Europe, où Souccot a débuté mercredi soir pour s'achever le 15 octobre.

"C'est une jolie fête en théorie. Mais c'est une fête méditerranéenne, et cette année, par chez nous, le changement de temps ne lui est pas très favorable", sourit dans un commentaire à l'AFP Yeshaya Dalsace, rabbin massorti - une communauté qui prône une halakha (loi juive) adaptée à la modernité - qui a cette année sa propre soucca familiale.

On s'adapte donc au temps, en prenant par exemple le début de son repas dans sa cabane décorée - car Souccot est une fête joyeuse - avant d'aller le terminer à la maison. On se plie aussi aux contraintes urbaines: tout le monde n'a pas un balcon ou une terrasse à découvert, encore moins une cour ou un jardin, pour y installer sa tente.

- 'Souccot expliqué à nos potes' -

Le mouvement hassidique (orthodoxe) loubavitch a trouvé une parade en promenant dans Paris une "soucca mobile" où elle invite ses membres à réciter la bénédiction sur le loulav, le faisceau tressé avec les quatre espèces de plantes requises durant cette fête agricole (cédrat, palme de dattier, branches de myrte et de saule). Et de nombreuses synagogues érigent pour leurs fidèles une grande soucca dite communautaire, dans leur cour notamment.

Ou encore sur leur toit: ainsi de la synagogue de la rue Copernic à Paris. Les enfants du Talmud-Torah, le catéchisme juif, y montent avec leurs professeurs. De même que des collégiens et lycéens, qui peuvent y venir avec des camarades, juifs ou non juifs.

"La soucca n'a pas de porte, elle est symbole d'ouverture. Et durant cette fête, nous avons aussi un regard plus fort sur la précarité, sur ceux qui sont sans domicile fixe", explique Bertrand Granat, intendant général de l'Union libérale israélite de France (ULIF), dont la synagogue Copernic est le coeur battant.

Souccot comme trait d'union vers la société: c'est dans cet esprit que l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) mène depuis plusieurs années l'opération "Souccot expliqué à nos potes". Dimanche prochain, à Nice, sa section locale invitera les jeunes à "venir manger sous la soucca".

Et le même jour à Sarcelles, la "petite Jérusalem" du Val-d'Oise, la soucca installée dans l'enceinte de la grande synagogue sera ouverte largement à des membres d'associations locales non juives, trois mois après des violences à caractère antisémite en marge d'un rassemblement pro-Gaza interdit.

"Cela n'est pas seulement une approche intercommunautaire. L'idée est de permettre à des gens qui ne se fréquentent plus de partager un moment autour de cette fête", plaide le président de l'UEJF, Sasha Reingewirtz.

Source : AFP

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