Disparition du petit Mathis: le père condamné à 20 ans de prison

  • Sylvain Jouanneau et son avocat  Daniel-Charles Badache le 3 juin 2015 au tribunal de Caen
    Sylvain Jouanneau et son avocat Daniel-Charles Badache le 3 juin 2015 au tribunal de Caen AFP - CHARLY TRIBALLEAU
  • Nathalie Barré, la mère de Mathis, à son arrivée au palais de justice le 4 juin 2015 à Caen
    Nathalie Barré, la mère de Mathis, à son arrivée au palais de justice le 4 juin 2015 à Caen AFP - CHARLY TRIBALLEAU
  • Florent, le frère de Sylvain Jouanneau, et Jean-Pierre et Marie-Elisabeth Jouanneau, ses parents, le 4 juin 2015 à l'audience au tribunal à Caen
    Florent, le frère de Sylvain Jouanneau, et Jean-Pierre et Marie-Elisabeth Jouanneau, ses parents, le 4 juin 2015 à l'audience au tribunal à Caen AFP - CHARLY TRIBALLEAU
  • Le procureur Pascal Chaux à l'audience le 4 juin 2015 à la Cour d'assises du Calvados à Caen
    Le procureur Pascal Chaux à l'audience le 4 juin 2015 à la Cour d'assises du Calvados à Caen AFP - CHARLY TRIBALLEAU
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Centre Presse Aveyron

Sylvain Jouanneau, 41 ans, a été condamné jeudi à 20 ans de réclusion pour avoir enlevé et séquestré son fils, Mathis, disparu en 2011 à l'âge de huit ans et resté introuvable.

"Ces faits odieux (sont) d'autant plus inexplicables que (l'accusé) venait de voir ses droits de père rétablis" progressivement par la justice, a estimé l'avocat général Pascal Chaux devant les assises du Calvados à Caen.

L'accusé a fait subir des "violences psychologiques, une emprise" à l'enfant, a ajouté M. Chaux.

Sylvain Jouanneau n'a pas ramené Mathis chez sa mère comme il aurait dû le faire le 4 septembre 2011. Il affirme avoir confié l'enfant à des tiers à l'étranger.

"La justice a fait son travail. Je pense qu'il fera appel. Moi, je continuerai mon combat pour retrouver mon petit garçon", a réagi Nathalie Barré au terme de quatre jours de procès "très éprouvant".

Le père de Sylvain, Jean-Pierre Jouanneau, qui a lui perdu espoir de revoir son petit-fils, qu'il soit mort ou vivant à l'étranger "dans un réseau musulman", a estimé "certain" que son fils ferait appel. M. Jouanneau a 10 jours pour le faire. Ses avocats ont indiqué à l'AFP qu'ils ne connaissaient pas sa décision.

La mère de cet ancien cadre devenu maçon a réclamé à la barre "la plus forte peine" pour l'accusé qu'elle a longtemps pensé bon père.

Sylvain Jouanneau écope de la peine maximale prévue par la loi dans le cas de l'altération du discernement que la cour lui a reconnue.

A l'en croire, Mathis "va bien", il ne l'a "pas tué". L'enfant aurait changé de nom et se serait converti à l'islam, comme son père en 2006.

Mais où est l'enfant? Sylvain Jouanneau n'a pas répondu pour, dit-il, "protéger" ceux à qui il a remis son fils.

- "Les gènes de sa mère" -

"C'est du vent. Il nous enfume (...) J'ai peur pour la vie" de l'enfant, a plaidé jeudi Aline Lebret, l'avocate de la mère de Mathis (qui a eu deux cancers depuis l'enlèvement). "S'il est vivant, il est massacré".

A la présidente, Antoinette Lepeltier-Durel, qui lui demandait pourquoi il ne parlait pas, l'accusé a répondu: "ça ne changerait rien".

Sylvain Jouanneau a multiplié les digressions, s'est muré parfois dans le silence, perdant rarement son "calme olympien", selon l'expression d'un témoin.

"Mais on n'en peut plus, il faut secouer ce monsieur. Si personne le bouscule, il parlera jamais", a presque crié mardi, en larmes à la barre, Alain Louet, le compagnon de la maman de Mathis.

Sylvain Jouanneau a été arrêté le 9 décembre 2011, près d'Avignon, après avoir été aperçu à six reprises, à partir du 4 septembre, en France, toujours seul. "Un vide" demeure, entre le 5 septembre et la mi-octobre, période où personne ne l'a vu.

L'accusé a certes dit à la cour que Mathis est la "plus belle chose qui lui (soit) arrivée dans la vie". Mais en 2010, après son divorce, il écrit de lui: "C'est l'enfant de la haine. Il y a des gènes de sa mère en lui. Je ne peux pas faire de miracles (...) J'ai fait le deuil".

Arrivé le poing levé à l'audience mercredi, M. Jouanneau n'explique pas la "précipitation" avec laquelle il a quitté son véhicule retrouvé près de Bayonne, près d'un fleuve, en septembre 2011, avec un rehausseur à l'intérieur et un paquet de bonbons.

Pour les policiers, son courrier de 2011 affirmant qu'il a confié Mathis à des "complices sûrs et puissants" est peu crédible pour cet homme sans amis.

"Tout le monde pense qu'il a tué son fils" mais "ne nous trompons pas de procès. Il n'est pas renvoyé pour homicide", a souligné Véronique Demillière l'avocate de la défense. Une autre instruction est en cours, contre X, pour homicide dans cette affaire.

Pour elle, il s'agit juste d'une soustraction d'enfant. En 2012, "439 enfants ont été enlevés par leurs parents" en France, sans que ceux ci ne soient renvoyés devant les assises, selon elle.

Source : AFP

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