Deux ans après leur licenciement, les ex-PSA d'Aulnay en ont encore gros sur le coeur

  • Une usine de fabrication Peugeot Citroën le 27 mars 2015 à Tremery
    Une usine de fabrication Peugeot Citroën le 27 mars 2015 à Tremery AFP/Archives - Jean-Christophe Verhaegen
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Centre Presse Aveyron

Deux ans après leur licenciement, une centaine d'ex-salariés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois étaient mardi aux prud'hommes de Bobigny pour réclamer des compensations financières: des hommes usés par le travail et marqués à jamais par ce qui fut le plus grand plan social de ces dernières années.

Dans la salle comble, où certains sont assis par terre, ils écoutent patiemment leur avocat, Me Fiodor Rilov, dérouler depuis deux longues heures son argumentaire. Pas un ne pianote sur son téléphone portable ou pique du nez: le droit du travail a beau être une matière ardue, il y va aujourd'hui de leur dignité.

Au cœur de sa plaidoirie: l'accord conclu en mai 2013, au terme de quatre mois de grève, par lequel les signataires acceptaient leur licenciement et renonçaient à poursuivre leur employeur, en échange d'une indemnité exceptionnelle de 19.700 euros.

Pour Me Rilov, cet accord "illicite" est "au cœur de leur système de broyage des emplois et des vies".

"Leur", c'est PSA Peugeot Citroën, groupe coté en Bourse dont le plan de restructuration a entraîné la suppression de 11.600 postes entre fin 2011 et fin 2013. L'usine d'Aulnay-sous-Bois, qui employait 3.000 salariés en 2012, a produit sa dernière voiture, une Citroën C3, en octobre 2013.

"La prime n'était donnée que si on renonçait aux poursuites. On leur a tordu le bras; sous des apparences de rupture amiable, c'étaient des licenciements", dénonce Me Rilov.

"Qu'est-ce qu'un départ volontaire si celui qui est candidat au départ n'a pas la possibilité de rester?", argumente l'avocat qui est de tous les combats contre les gros plans sociaux.

Hochements de tête approbateurs dans la salle.

Autre argument: ces licenciements n'avaient "aucune justification économique valable". Pour Me Rilov, PSA s'est servi de la crise économique mondiale comme "prétexte" pour mener à bien une stratégie de délocalisation mûrie de longue date.

"La vérité, tout le monde la connaît! Depuis 2010 ils ont organisé le transfert morceau par morceau de la production d'Aulnay vers Trnava", en Slovaquie, lance l'avocat.

Nouvelle vague de murmures satisfaits.

A la suspension de l'audience, on discute de l'annonce, faite jeudi par le groupe, d'implanter une usine à Kénitra, au Maroc, d'où beaucoup d'anciens ouvriers, immigrés économiques des Trente Glorieuses, sont originaires. "Ils vont gagner combien? 250 euros par mois, pas plus", commente l'un deux, 35 ans de maison, qui veut garder l'anonymat.

Quand vient le tour des avocats de PSA de plaider, l'attention se relâche, surtout parmi les plus jeunes. Un "Chibani", calotte sur la tête, se retourne pour leur demander de faire silence.

"C'est un mensonge éhonté de dire que l'entreprise ne connaissait pas de difficultés économiques", attaque l'avocate. "C'est toi la menteuse", riposte une voix dans l'assistance.

Imperturbable, l'avocate rappelle que l'accord de fin de conflit, qu'elle juge parfaitement régulier, a été conclu avec l'accord des principales organisations syndicales. Des "vendus" pour les ex-salariés, dont beaucoup sont adhérents de Sud, non signataire.

Le jugement sera rendu le 1er décembre.

Source : AFP

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