Attentat en Isère: selfie macabre et silence ému des proches

  • La police inspecte les lieux où a été retrouvé le corps décapité de l'entrepreneur Hervé Cornara le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère
    La police inspecte les lieux où a été retrouvé le corps décapité de l'entrepreneur Hervé Cornara le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère AFP - Philippe Desmazes
  • Photo fournie le 27 juin 2015 par l'association Les Marronniers-Les Voisins d'en haut d'Hervé Cornara retrouvé décapité près du site de la société américaine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier en Isère
    Photo fournie le 27 juin 2015 par l'association Les Marronniers-Les Voisins d'en haut d'Hervé Cornara retrouvé décapité près du site de la société américaine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier en Isère Les marronniers-Voisins d'en haut/AFP/Archives
  • Le Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Elysée, le 27 juin 2015 à Paris
    Le Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Elysée, le 27 juin 2015 à Paris AFP - Alain Jocard
  • Carte de localisation de l'attentat à Saint-Quentin-Fallavier dans l'Isère et déroulé des évènements
    Carte de localisation de l'attentat à Saint-Quentin-Fallavier dans l'Isère et déroulé des évènements AFP - JM.Cornu/V.Lefai
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Centre Presse Aveyron

Le suspect de l'attentat en Isère a envoyé un selfie macabre avec la tête de sa victime décapitée, a-t-on appris samedi alors que les proches de l'entrepreneur se recueillaient dans une émotion muette.

Yassin Salhi, qui a causé vendredi matin une explosion dans une usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier, où il allait régulièrement pour son travail et où a été retrouvée la dépouille décapitée d'Hervé Cornara, a commencé à parler aux enquêteurs dans la soirée de samedi, a indiqué une source proche du dossier. "Il était mutique mais il change de position" et "commence à s'expliquer sur le déroulé des faits".

Sa garde à vue, débutée vendredi soir à Lyon, peut durer jusqu'à 96 heures avant qu'il ne soit présenté à un juge d'instruction.

Si rien n'indique la présence d'un complice vendredi, les enquêteurs cherchent notamment à déterminer d'éventuelles complicités, en France comme à l'étranger.

Ce selfie a été envoyé vers un numéro canadien, a-t-on appris de sources proches du dossier, même si la localisation de son contact n'est pas établie, ce numéro pouvant être un simple relais avant un rebond vers une autre destination.

Les enquêteurs vont évidemment étudier une éventuelle connexion syrienne, alors que selon les tout derniers chiffres 473 personnes parties de France se trouvent actuellement dans les zones de jihad en Irak et en Syrie.

Yassin Salhi avait été rapidement interpellé vendredi matin, dans les locaux de l'usine du groupe américain Air Products, alors qu'il tentait apparemment de déclencher une seconde explosion.

Les premiers résultats de l'autopsie de la victime n'ont pas permis de déterminer la cause exacte de sa mort, étranglement, égorgement ou décapitation.

Son épouse l'avait vu pour la dernière fois peu après 07H30 dans leur société de transport de Chassieu, dans le Rhône. Elle a alors croisé Salhi avant de constater que son mari n'était plus dans l'entreprise, selon une source proche du dossier, confirmant une information de M6.

- 'Inouï' -

Une foule silencieuse s'est recueillie en hommage à St-Quentin, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Lyon. C'est dans la zone industrielle de cette bourgade tranquille qu'a eu lieu l'impensable.

"C'est inouï de décapiter un homme au XXIe siècle. Nous, qu'est-ce qu'on a comme arme pour combattre ça? Être ici, ensemble", commente à l'AFP Philippe Ouastani.

A quelques dizaines de kilomètres, à Fontaines-sur-Saône où vivait Hervé Cornara, on décrit cet homme de 54 ans, marié et père d'un fils d'une vingtaine d'années, comme un type "affectueux, généreux", engagé dans la vie de ce quartier HLM où vit toujours sa maman, 87 ans.

À Paris, un nouveau Conseil restreint a été présidé par François Hollande à l'Elysée, en présence du chef du gouvernement, Manuel Valls, qui a écourté sa visite en Amérique du Sud. Appelant la société française à "être forte sur ses valeurs", le Premier ministre a estimé que "la question n'est pas de savoir s'il y aura un nouvel attentat, mais quand".

Au programme de ce Conseil figurait aussi la Tunisie, que des milliers de touristes étrangers s'empressaient de quitter samedi au lendemain d'un carnage dans un hôtel revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique, qui a coûté la vie à 38 personnes dont plusieurs Britanniques. Selon le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, "aucune victime française" n'a été identifiée "à ce stade".

Si pour l'heure l'attentat en Isère n'a pas été revendiqué, la présence de drapeaux où étaient écrits la profession de foi islamique entourant la tête de la victime accrochée au grillage d'enceinte de l'usine, rappelle les mises en scène macabres du groupe État islamique (EI).

Fiché de 2006 à 2008 par les services de renseignements pour radicalisation, Yassin Salhi, originaire du Doubs et fraîchement arrivé à Saint-Priest, dans la métropole lyonnaise, avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise.

Il s'était radicalisé à Pontarlier (Doubs) au début des années 2000 au contact d'un homme soupçonné d'avoir préparé avec des militants d'Al-Qaïda des attentats en Indonésie, a-t-on appris de sources concordantes.

Source : AFP

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