Pierre Berger, ingénieur pressé et atypique qui a redressé Eiffage

  • Pierre Berger, le PDG du groupe Eiffage, le 3 décembre 2014, à La Défense
    Pierre Berger, le PDG du groupe Eiffage, le 3 décembre 2014, à La Défense AFP/Archives - Patrick Kovarik
  • Jean-François Roverato (g) et Pierre Berger (d), le 25 février 2011, à Paris
    Jean-François Roverato (g) et Pierre Berger (d), le 25 février 2011, à Paris AFP/Archives - Eric Piermont
  • Le viaduc de Millau, le 18 mai 2014
    Le viaduc de Millau, le 18 mai 2014 AFP/Archives - Eric Cabanis
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Centre Presse Aveyron

Pierre Berger, patron d'Eiffage décédé à 47 ans d'une crise cardiaque dans la nuit de jeudi à vendredi, était un ingénieur surdoué, au profil atypique, qui a rapidement gravi les échelons dans un secteur du bâtiment qu'il connaissait de près.

Pierre Berger avait été nommé PDG d'Eiffage, numéro trois du BTP en France, en août 2012, un an et demi après son arrivée dans le groupe en tant que directeur général délégué, et après un bref passage à la direction générale.

Polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, M. Berger a suivi un parcours inhabituel dans le monde très codifié du BTP, en refusant de devenir fonctionnaire au terme de ses études, préférant créer sa propre entreprise, Sigmatec Ingénierie.

Ce père de trois enfants, diplômé du baccalauréat à 15 ans, fait prospérer son cabinet d'études qui est absorbé par une PME, Ménard Soltraitement. Il contribue à la vendre à Freyssinet, une filiale de Vinci spécialisée dans les grands travaux à l'étranger.

"Mon meilleur souvenir c'est encore aujourd'hui mon premier contrat, d'un montant de 6.000 francs, pour un calcul de support d'avions", confiait à l'AFP lors de son arrivée chez Eiffage cet amateur d'architecture et de jardins méditerranéens dont il s'occupait dans sa propriété de Provence.

Chez Vinci, géant du BTP et des concessions, son ascension rapide le conduit à la présidence de Vinci Construction Grands projets et au comité exécutif en 2005. Mais sa carrière est freinée au début de l'année 2010 quand des barons du groupe lui reprochent sa gestion de certains chantiers et une parole parfois trop libre.

Il rebondit chez Eiffage, où le charismatique fondateur du groupe, Jean-François Roverato, patron tout-puissant depuis 35 ans, en fera son dauphin.

- Stratégie payante -

Bâti en athlète (il avait participé à la course du Viaduc de Millau, l'une des réalisations majeures du groupe), en raison de sa pratique assidue du tennis, du vélo et du ski, Pierre Berger, doté d'un sourire chaleureux, était apprécié des principaux actionnaires du groupe (l'Etat et les salariés).

Il partageait avec M. Roverato, actuellement président non exécutif du groupe, le goût du terrain.

"La stratégie, c'est bien, mais je fais partie des hommes qui pensent que le métier de base dans le BTP, c’est l'acte de construire. Et quand on va sur le terrain, on découvre des sources phénoménales de productivité et de progrès dans l’organisation", indiquait-il en 2013 au journal Les Echos.

A la direction générale, M. Berger avait réussi le tour de force de livrer à temps (mi-2012) l'ultra-moderne Grand Stade de Lille (50.283 places), le premier en France construit selon la formule du partenariat public-privé (PPP) et à disposer d'un toit rétractable.

Au poste de PDG, il s'est employé à redresser les marges du groupe, refinancer les concessions des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) et remettre le cap sur l'international, notamment en Afrique et au Moyent-Orient.

Une stratégie payante vu qu'en 2014, le groupe a vu son bénéfice net progresser de 7%, à 275 millions d'euros. Parallèlement, le cours de Bourse d'Eiffage, qui avait fortement chuté les mois précédant l'arrivée de Pierre Berger, a été multiplié par plus de deux depuis.

Dans un secteur secoué par l'environnement difficile en France, M. Berger misait sur les nombreux projets de génie civil du groupe, notamment dans les transports ferroviaires, avec les travaux préparatoires du futur tunnel de la ligne Lyon-Turin et le prolongement nord de la ligne 14 du métro parisien.

Du côté des difficultés, c'est lui qui a dû gérer l'affaire du Carlton de Lille, où Eiffage était soupçonné d'avoir indûment réglé des parties fines. Il a notamment mené un audit interne faisant état de 50.000 euros de dépenses abusives.

Source : AFP

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