Syrie: Raqa sous les bombes françaises et russes

  • Capture d'écran d'une vidéo diffusée le 17 novembre 2015 par la Défense française montrant l'armée bombardant des positions de l'Etat islamique à Raqa
    Capture d'écran d'une vidéo diffusée le 17 novembre 2015 par la Défense française montrant l'armée bombardant des positions de l'Etat islamique à Raqa ECPAD / EMA/AFP/Archives - -
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Centre Presse Aveyron

Raqa, la capitale de facto du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, est devenue la principale cible des raids russes et français qui ont tué au moins 33 jihadistes et fait fuir les familles de combattants étrangers.

Cette coopération inédite entre Moscou et Paris, qui avaient jusqu'à présent une vision diamétralement opposée sur l'avenir du président Bachar al-Assad, est la conséquence des attentats sanglants de Paris et contre l'avion russe dans le Sinaï égyptien, revendiqués par le groupe jihadiste.

Les deux pays veulent frapper l'EI à la tête en bombardant Raqa, ville située sur l'Euphrate à un carrefour d'axes routiers du nord de la Syrie et conquise par les jihadistes début 2014.

"C'est là qu'il faut toucher Daech (acronyme arabe de l'EI) dans ses forces vives", a expliqué mardi soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Selon un premier bilan, les raids français et russes contre des dépôts d'armes, des casernes et des points de contrôle à Raqa et ses environs "ont fait 33 morts et des dizaines de blessés dans les rangs de l'EI" en 72 heures, a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ce "nombre limité de tués s'explique par le fait que les jihadistes avaient pris leurs précautions", explique-t-il. "Il n'y avait que des gardes autour des dépôts et des casernes et le plus grand nombre ont été tués sur les barrages de contrôle".

- Fuite -

De nombreuses familles de combattants étrangers ont, selon lui, quitté la ville pour trouver refuge à Mossoul, la "capitale" de l'EI en Irak qui est jugée "plus sûre".

D'autres "cherchent à se réfugier dans les environs de Raqa" contrôlés par l'EI, a indiqué à l'AFP Aktham Alwany, un militant originaire de Raqa.

Dans la ville, "les civils vaquent uniquement à leurs occupations essentielles" car "personne ne sait quand aura lieu le prochain raid, ni de quelle nationalité seront les avions", ajoute-t-il.

"Ce n'est un secret pour personne que les bases de l'EI sont au milieu des habitations civiles. Ce qui ressemble à une base est soit vide soit fictive. Les jihadistes sont dans les maisons civiles", relève Aktham Alwany.

L'EI a pris le contrôle total de Raqa en janvier 2014 et six mois plus tard de Mossoul, la deuxième ville d'Irak où le "calife" autoproclamé Abou Bakr al-Bagdadi a prononcé son seul discours public.

Après sa prise de pouvoir, l'EI avait procédé à des exécutions publiques, notamment par décapitation ou lapidation, d'opposants, d'homosexuels et de femmes accusées d'adultère. Dans le même temps, le groupe avait rétabli l’électricité et remis en marche l'administration, selon les témoins.

Raqa a alors connu un certain calme jusqu'à ce que les civils prennent conscience que l'EI était "en difficulté" face aux bombardements mais aussi à l'avancée des forces rebelles et kurdes, indique Aktham Alwany.

- 'Union sacrée' -

A la suite du choc provoqué par les attentats de Paris, les présidents français et russe François Hollande et Vladimir Poutine ont décidé d'une "coordination plus étroite" de leurs agences de renseignement.

M. Poutine a par ailleurs ordonné à ses navires de guerre déployés en mer Méditerranée d'entrer en "contact direct" avec le porte-avions Charles-de-Gaulle, qui a quitté le sud de la France mercredi, et de "coopérer avec les alliés" français.

Les Etats-Unis ont également modifié leurs positions à l'égard de Moscou. La Russie, a affirmé le président Barack Obama, a été "un partenaire constructif à Vienne en essayant de créer une transition politique" en Syrie, en référence aux récents pourparlers internationaux en Autriche, malgré les divergences persistantes sur le sort du président Bachar al-Assad.

Dans le cadre de "l'union sacrée" contre l'EI, Ankara et Washington vont intensifier leurs opérations "dans les prochains jours" pour chasser les jihadistes de la frontière turque dans le nord de la Syrie, selon le chef de la diplomatie de la Turquie Feridun Sinirlioglu.

Cependant, les divergences n'ont pas pour autant disparu. Pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, il est "inacceptable" d'exiger le départ du président Assad comme "condition préalable à toute union contre le terrorisme".

Sur le terrain, le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, a affirmé avoir abattu deux avions de reconnaissance sans pilote russes dans le nord-ouest de la Syrie. Si cette information se confirmait, ce serait la première fois que les jihadistes et leurs alliés réussissent à abattre des appareils russes depuis le début de l'intervention militaire de Moscou en Syrie le 30 septembre.

Source : AFP

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