Yvan Marc, le chant de l’ours d’Auvergne

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    Yvan Marc, le chant de l’ours d’Auvergne
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Monsieur l’Ouïe

Le saviez-vous ? Il reste des ours en Auvergne ! Rassurez-vous, d’abord il n’y en a pas des masses, et s’ils sont loin d’être des clowns de cirque, ils ne vont pas bouffer nos brebis, attaquer nos vaches ni trousser, à l’instar du gorille de Georges Brassens, trousser nos femmes et nos filles dans les sous-bois. Quoiqu’il convient de mettre un joker sur cette dernière éventualité.

Ces ours-là, du moins celui dont je vais vous causer, il chante, il a un chapeau et vit dans une tanière dans la forêt du Meygal, non loin du Puy-en-Velay en Haute-Loire. Il a même deux prénoms qui lui font un nom, Yvan Marc. Et après avoir happé la cerise sur la gâteau dans une précédente galette, voilà que notre ursidé sort un album (le sixième, l’air de rien) en hommage à sa vie, à la vie des ours en Auvergne. Vous allez me dire «c’est quoi comme chansons», des grognements de grizzly, avec plein de poils et de crocs dans les refrains?

Peuchère, mais non: les ours d’Auvergne sont on ne peut plus civilisés, même s’ils fuient comme la peste les villes et leurs lumières. Yvan Marc y a goûté, aux villes, aux strass et aux paillettes, les tournées et les grandes salles dans le sillage d’un petit Mickey en trois dimensions. Mais l’ours qu’il est, même s’il est bien léché (enfin, pas tous les jours), préfère et de loin son refuge dans la forêt, loin du béton et de la frénésir des villes et du show-bizz. Loin des «fracas, des chimères et du blabla», dans son petit coin tranquille et perdu «où la poésie est à portée de main». Et s’il daigne chanter, c’est pareil, dans les coins perdus, devant un public restreint, dans les granges et les fermes, les petites salles des fêtes rurales.

Là il y croise ceux qui aiment aussi se perdre dans la campagne, ils sont pas légion, mais ce sont des ours de qualité, comme Jean-Louis Murat, cet autre ours d’Auvergne, ou encore les Têtes Raides et les Thomas Fersen. Et l’on voit à l’écoute qu’Yvan Marc appartient à la même famille de plantigrade. Murat surtout: mêmes paroles raffinées, même mélodies élégantes, mais avec les caractéristiques inhérentes à son terroir. Yvan Marc célèbre ici le retour aux sources, il redevient un ours, un grizzly, «lassé de la course de nos insatiables envies». Un ours a évidemment un rapport intime à la terre et Yvan Marc le souligne, défend même l’agriculture d’antan, cet antan où il n’y avait pas de produits chimiques, où l’on écoute la nature, mais sans être arriéré, non, avec un vrai savoir-faire d’aujourd’hui.

Et puis cet ours, contrairement à bon nombre de nos semblables, fait preuve d’une grande humanité dans ses chansons. Et puis il n’y a pas que des bestiaux et des paysans dans ses chansons, il y a les donzelles aussi, et Yvan Marc aime à les croiser quand elles font un détour du côtéd de son antre. Des mignonnes qu’il traite avec humour quand elles sont chieuses, et avec appétit quand elles sont tigresses. Alors écoutez donc ce chant de l’ours, poétique, peinard et parfois dansant, surtout quand il parle de belles, mais sans anneau passé dans le nez. Un chant, des chansons, des airs lumineux et un parfum de femme, voilà une bien belle façon d’hiberner. 

Yvan Marc, le chant de l’ours d’Auvergne
Yvan Marc, le chant de l’ours d’Auvergne

Yvan Marc, «Nos vies d’ours», chez Spedidam/VS com. 

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