Le mouvement lancé par Macron bien reçu à droite, la gauche plus circonspecte

  • Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 7 avril 2016 à Paris
    Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 7 avril 2016 à Paris AFP - ERIC PIERMONT
  • Fiche d'Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Économie
    Fiche d'Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Économie AFP - K. TIan/A.Bommenel, abm/dmk
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le lancement par Emmanuel Macron d'un mouvement "ni à droite, ni à gauche" était bien reçu surtout à droite jeudi, Jean-Pierre Raffarin allant même jusqu'à l'imaginer en Premier ministre d'Alain Juppé, Manuel Valls jugeant de son côté "absurde" de vouloir gommer les clivages partisans.

L'hebdomadaire Le Point rapporte cette semaine une déclaration de Jean-Pierre Raffarin (Les Républicains), soutien d'Alain Juppé pour 2017, lors d'une conférence à l'European Business School: "le meilleur Premier ministre d'un président de droite modérée, ce serait Emmanuel Macron".

L'enthousiasme de l'ancien Premier ministre n'était pas retombé jeudi, au lendemain du lancement par M. Macron de son mouvement politique transpartisan "En Marche!" lors d'une réunion publique à Amiens. "Il n'y a pas d'incompatibilité entre les sensibilités, les deux tempéraments, les deux cultures, je trouve. Qu'il y ait, dans l'avenir, des partenariats, je ne sais sous quelle forme, ça ne me paraît pas impossible", a-t-il ajouté sur France 2.

Alain Juppé lui-même a estimé à propos du ministre de l'Economie mi-février qu'il valait "mieux être dans un gouvernement de droite que dans un gouvernement de gauche pour faire valoir des idées de droite".

Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains) a qualifié d'"intéressant" le lancement d'"En Marche!". "J'ai l'impression d'avoir lancé un prototype et qu'il est en train de devenir bi-réacteurs", a-t-elle lancé sur i-Télé. Avant d'ajouter aussitôt: "se déclarer libre, disponible pour pouvoir travailler avec les Français (...), et en même temps, se placer clairement derrière le chef de meute, en quelque sorte, c'est vraiment paradoxal".

Manuel Valls a commenté pour sa part jeudi à Metz qu'"il serait absurde de vouloir effacer" les différences entre droite et gauche.

Mais, a-t-il nuancé, "nous savons aussi que ces perceptions ont changé, que les différences se sont estompées et parfois même elles ne sont pas perçues par nos concitoyens". "C'est pourquoi nous devons être capables de dépasser les clivages partisans et de nous situer au-dessus des petites querelles", a-t-il poursuivi.

Quant à François Hollande, dont l'entourage assure qu'il était au courant du lancement de ce mouvement, il s'est montré laconique: "un ministre qui veut dialoguer avec les citoyens, ça s'appelle faire de la politique et faire en sorte que des convictions puissent être partagées".

- La "grande confiance" du chef de l'Etat -

Le chef de l'Etat a "une grande confiance" en lui, et "tout ce qui participe du succès de l'exécutif et de la politique que nous menons va dans le bon sens", a insisté son entourage.

Reste que le centriste Jean-Christophe Lagarde a reconnu jeudi qu'Emmanuel Macron était "parfaitement compatible avec l'UDI. Mais il se trouve coincé dans un paradoxe: à chaque fois qu'il dit quelque chose d'intéressant, son gouvernement lui dit de la fermer".

L'enthousiasme était moins évident à gauche. Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a tancé le ministre: "s'il contribue à élargir la majorité, son apport est positif" mais "s'il veut changer le centre de gravité de la gauche, il fait fausse route", a-t-il averti.

Même le député PS réformateur Christophe Caresche, soutien de l'exécutif, s'est montré circonspect. "Ce n'est pas en additionnant des stratégies contradictoires qu'on peut construire une ligne cohérente", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les réactions sont encore plus hostiles à la gauche de la gauche, alors que le projet de loi sur le travail continue de susciter l'opposition.

M. Macron "est quelqu'un qui pense que la précarisation du salariat est l'avenir de nos sociétés, je ne le crois pas. Le ni-droite ni gauche, c'est une mode qu'il enfourche et qui est toujours en fait le masque de ceux qui finiront à droite et qui mènent des politiques de droite", a jugé le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

"Les gens qui ont mis en panne tout le système et l'économie du pays et qui font un truc qui s'appelle +En Marche+, ça me fait rire", a renchéri Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).

Macron, "c'est l'imposture de la modernité dans une course à l'échalote à qui sera le plus moderne mais sur le fond c'est une vision archaïque, ringarde de la société et des solutions pour s'en sortir", a de son côté analysé David Cormand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?