Hugo Andrieu : «Je ne me dis pas, fais comme Diniz»

  • Hugo Andrieu : "Avant mes 13 ou 14 ans, je faisais de la natation. Puis, pour équilibrer le corps, je voulais me mettre à l’athlé."
    Hugo Andrieu : "Avant mes 13 ou 14 ans, je faisais de la natation. Puis, pour équilibrer le corps, je voulais me mettre à l’athlé." Repro CP
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Maxime Raynaud

Champion de France 2015, vice-champion 2016 sur 50 km marche, l'Aveyronnais d'origine est aujourd’hui l’un des tous meilleurs marcheurs français. Rencontre. 

Champion de France 2015, vice-champion 2016 sur 50 km marche, Hugo Andrieu est aujourd’hui l’un des tous meilleurs marcheurs français. Aveyronnais d’origine, il évoque ses racines, sa discipline et notamment «l’extraterrestre» Diniz.

Vous êtes licencié à Aubagne, résidé à La Ciotat mais au regard de vos racines, doit-on vous qualifier d’Aveyronnais ?

(Rires) Je n’ai pas vécu au quotidien en Aveyron. Mais c’est vrai que j’ai passé pas mal de vacances dans le Bassin surtout. Bon, je suis déjà allé à Rodez aussi (rires). Quand je suis en équipe de France, je représente l’Aveyron si on veut ! Et puis, Aubagne c’est le Sud de la France, comme l’Aveyron. Disons que ce n’est pas Brive. Mais pour moi, les attaches, ce n’est pas le plus important. Je ne me sens pas plus Provençal qu’Aveyronnais.

Mais votre père, Max, et votre grand-père, le regretté Pierre dit Blanchette, ont tous deux joué au Sporting club decazevillois notamment...

C’est vrai. Mon père a même vécu toute sa jeunesse dans le Bassin et donc il a joué au Sporting. Mon grand-père de même. Lui était 1ere ligne en seniors mais mon père, je crois qu’il n’a jamais joué chez les adultes. C’est sûrement pour cela que le rugby me plaît beaucoup. J’en regarde même davantage que de l’athlétisme à la télé. Ça me rappelle mes racines car, dans ma famille, SCD et RBOA (Rugby Bassin Ouest-Aveyron) sont très importants. Ce sport m’attire mais je n’excède pas les 65 kg alors pour y jouer, je manque un peu de masse (rires).

Vous auriez pu opter pour le rugby ou un autre sport. Mais vous vous êtes mis à la marche. Pourquoi ?

Avant mes 13 ou 14 ans, je faisais de la natation. Puis, pour équilibrer le corps, je voulais me mettre à l’athlé. Dans mes plans, c’était ça puis le rugby, pour goûter à tout. À l’époque, un international français de marche, John Patin, bossait à la Ligue de Provence et proposait des initiations. En fait, j’ai oublié la date et l’heure de la première et je me sentais tout con (rires).

Mais, de fil en aiguille, j’y suis quand même venu. Pourtant, il y a bien moins de monde qui s’y essaye quand on compare au 100 m par exemple. Parce que c’est bien plus dur et que si tu es dernier, ça se voit ! Mais pour moi, ça marchait bien donc j’ai persévéré. Même si en Provence, ça n’était pas vraiment développé. Aujourd’hui, ça s’équilibre un peu avec le Nord, on le voit par exemple avec Adrien Cassagnes (du club de Rodez, NDLR).

Il y a faire de la marche et puis, il y a cette gestuelle totalement atypique. Comment assimile-t-on ce geste ?

Ça a l’air particulier, c’est vrai. Et on peut en rire, c’est comme ça (rires). Mais c’est surtout à cause du faible nombre de participants qu’on pense que ce geste n’est pas naturel. Car, en fait, regardez une course à pied : chaque participant a sa façon de courir. Pas en marche athlétique. On accentue seulement le mouvement de la marche de rue. Donc ça a l’air bizarre mais, morphologiquement, c’est totalement naturel. Beaucoup plus que la course à pied. Et pour la santé, on commence à s’apercevoir que c’est également moins traumatisant.

Vous avez 23 ans et avez décroché le titre de champion de France seniors en 2015 puis celui de vice-champion 2016, sur 50 km. Quelle est la prochaine étape ?

L’âge aide au niveau physique puis c’est l’expérience. Mais il n’y a pas de règle. Aujourd’hui, par exemple, je ne me considère pas encore comme un athlète de haut niveau physiquement. Mais ce que j’ai fait au fil des ans avec mes moyens, ce n’est pas dégueu (sic). Désormais, il faut notamment que j’apprenne à sentir davantage la course. Dans les sports d’endurance, on dit qu’on est meilleur vers 30 ans. Regardez Yohann Diniz qui, à 37 ans, est dans la forme de sa vie.

Les JO ou les Mondiaux ne sont-ils pas vos prochains objectifs ?

C’est sûr que mes résultats, ça a l’air bien. Mais je suis encore loin du niveau mondial. Il faut que je bosse beaucoup pour éventuellement m’en rapprocher. En France, on peut vite être en haut sans être un crack mondial. Je progresse, j’ai envie de voir plus loin mais c’est d’abord une démarche personnelle. Pour voir où ça peut me mener. Les résultats ne me prennent pas la tête.

Lors des derniers championnats de France, en mars, vous avez fini à la 2e place, en 4h 09’15”, derrière Yohann Diniz, vainqueur en 3h 37’48”. Est-ce que cette demi-heure d’écart est ce qui vous sépare encore du gratin ?

Diniz, on n’en a pas conscience en France, car on ne le voit qu’aux Mondiaux ou aux JO, mais il n’y a jamais eu un tel marcheur au monde ! Il a le record du monde sur 50 km marche (3h 32’33”) et il a failli le décrocher sur 5000 m en salle.

Ça donne l’idée de ses possibilités physiques. Il faut voir aussi qu’avec son temps lors des derniers France, il aurait été sur le podium aux JO-2012 à Londres ! Et encore il s’est arrêté uriner 3 ou 4 minutes (rires). Il est dans un jeu vidéo ! Donc lorsqu’on parle des 30 minutes entre nous-en plus ce jour-là, je bats mon record perso-, c’est un palier peut-être infranchissable. Mais je ne me dis pas, fais comme Diniz.

Vous allez découvrir les Mondiaux, les 7 et 8 mai, à Rome. Avec quelle ambition ?

Il faut attendre la sélection définitive à l’issue du stage (du 14 au 26 avril). Mais si je vais à Rome, ce sera d’abord une occasion de voir ce qu’est un Mondial. En plus, sur un magnifique parcours. Et pour moi, participer, ce sera déjà une forme de palmarès car ce sera ma toute première sélection.

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