Le couple franco-allemand se soude pour que l'UE surmonte le Brexit

  • La chancelière allemande, Angela Merkel et le président français, François Hollande, le 16 septembre 2016 à Bratislava
    La chancelière allemande, Angela Merkel et le président français, François Hollande, le 16 septembre 2016 à Bratislava AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
  • La chancelière allemande Angela Merkel et son homologue slovaque, montent à bord  d'un bateau de croisière à Bratislava, le 16 septembre 2016
    La chancelière allemande Angela Merkel et son homologue slovaque, montent à bord d'un bateau de croisière à Bratislava, le 16 septembre 2016 AFP - Stringer
  • Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 16 septembre 2016 à son arrivée au château de  Bratislava
    Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 16 septembre 2016 à son arrivée au château de Bratislava AFP - Joe KLAMAR
  • Carte d'Europe des pays membres de l'UE, localisant le sommet des 27 dirigeants à Bratislava en Slovaquie Carte d'Europe des pays membres de l'UE, localisant le sommet des 27 dirigeants à Bratislava en Slovaquie
    Carte d'Europe des pays membres de l'UE, localisant le sommet des 27 dirigeants à Bratislava en Slovaquie AFP - Jonathan STOREY
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Centre Presse Aveyron

L'Allemagne et la France ont promis de peser de tout leurs poids pour que l'Europe, "en situation critique", se relance après le Brexit, lors d'un sommet à 27 réuni vendredi à Bratislava pour dessiner les contours d'une UE sans les Britanniques.

Au terme d'une journée dans un château surplombant la capitale slovaque, avec un intermède pour une croisière sur le Danube, les dirigeants européens se sont mis d'accord, sans le Royaume-Uni, sur "une feuille de route" pour donner un nouveau souffle à un projet européen en perte de crédibilité.

"La France et l'Allemagne vont très intensément s'engager dans les prochains mois pour faire de tout ça un succès", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, aux côtés du président français François Hollande, pour une inhabituelle et très symbolique conférence de presse conjointe à l'issue du sommet.

Paris et Berlin "vont continuer à faire en sorte que l'on puisse délivrer des mesures concrètes", a lui aussi promis M. Hollande, expliquant que les dirigeants européens avaient érigé en priorité la protection des frontières extérieures de l'UE contre les migrations irrégulières, le renforcement de la défense européenne et la lutte contre le terrorisme.

- 'Situation critique' -

Avec la relance économique, l'emploi, et l'accent sur la jeunesse, ces priorités partagées par tous constituent "l'agenda de Bratislava", a dit le président français.

Les deux dirigeants, confrontés à des élections nationales en 2017, avaient débuté la journée par des avertissements empreints de gravité, M. Hollande mettant en garde contre une "dislocation" de l'UE tandis que la chancelière diagnostiquait "une situation critique".

"Notre évaluation est sobre mais pas défaitiste", a conclu le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, qui a élaboré la "feuille de route" soutenue vendredi par les 27 et dominée par le lourd dossier de la sécurité.

Il faut "corriger les erreurs passées et avancer avec de nouvelles solutions", a plaidé M. Tusk, érigeant en priorité absolue la maîtrise "totale" du contrôle des frontières de l'Union pour revenir à un fonctionnement normal de l'espace Schengen de libre-circulation.

Egalement présent à Bratislava, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en a profité pour établir des échéances aux Etats membres. Il a notamment fixé à mars 2017 la date souhaitée pour que l'UE adopte le doublement de son plan d'investissements, à hauteur de 630 milliards d'euros.

Dans le domaine de la défense, le chef de l'exécutif européen demande de boucler en juin 2017 une série de mesures phares, comme la création d'un quartier-général européen unique pour coordonner toutes opérations civiles et militaires européennes.

La France "fait l'effort principal pour la défense européenne", mais "elle ne peut pas être seule", a prévenu M. Hollande. "Si les Etats-Unis font un choix de s'éloigner, l'Europe doit être capable de se défendre par elle-même".

Le départ du Royaume-Uni, qui a toujours privilégié l'Otan, offre une chance d'avancer sur ce thème, soulignent des sources diplomatiques, dans un contexte où l'Europe est cernée par les crises, les guerres et le terrorisme.

Les négociations du divorce avec Londres n'étaient pas un thème du sommet, mais les 27 ont abordé le sujet sur le Danube, lors d'un "déjeuner de travail" sur un bateau de croisière sous pavillon allemand, qui a navigué pendant deux heures sur ce fleuve européen emblématique.

"Le Brexit en tant que tel n'a pas été abordé", a expliqué le même diplomate, indiquant qu'il "s'agissait de faire un point" sur les contacts entre M. Tusk et Theresa May. "Il n'y avait pas grand chose à dire, puisque Londres n'a toujours pas activé la procédure de divorce", et que les 27 refusent toute négociation avant cette étape formelle, a-t-il poursuivi.

- 'En famille' -

Mais Bratislava n'a pas fait oublier toutes leurs autres divergences. Des dossiers comme les travailleurs détachés ou la répartition des réfugiés dans l'UE restent hautement conflictuels.

Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) ont rappelé vendredi qu'ils souhaitaient que les Etats membres soient davantage écoutés à Bruxelles.

Et répété qu'ils restaient fermement opposés à tout mécanisme obligatoire de répartition des réfugiés, comme le plan de "relocalisation" adopté en septembre 2015 par l'UE, alors que des pays comme la Grèce et l'Italie, réclament précisément plus de solidarité face à la charge migratoire.

Le récent appel du chef de la diplomatie luxembourgeoise à exclure la Hongrie de l'UE pour violation de ses valeurs illustre aussi les fissures. "Ce n'est pas une position de mon gouvernement", a tempéré à Bratislava son chef de gouvernement, Xavier Bettel. "On est autour d'une table, on est en famille, on discute les problèmes en famille, on essaie de trouver des solutions".

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui organise en octobre un référendum sur la "relocalisation" de réfugiés, a lui demandé "de traiter les Hongrois avec du respect", après une rencontre avec le président du Parlement européen, Martin Schulz.

"Nous initions un processus" à Bratislava, a insisté un responsable européen, soulignant que c'est lors d'un autre sommet, prévu à Rome en mars 2017 à l'occasion des 60 ans du traité fondateur de la construction européenne, que sont prévues de véritables décisions.

Source : AFP

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