Portrait : Lombre, en pleine lumière ce samedi soir au Club

Il s’appelle Andreas Touzé, il a 19 ans, il est né à Rodez, et il aurait pu être quelqu’un de tout à fait classique, se façonnant un avenir sans trop se poser de questions sur son monde immédiat, et sur le monde en général. D’ailleurs, en plein jour, il est comme tous les types de son âge, et semble savoir quoi faire pour trouver une place dans la société. En DUT MMI (métiers du multimédia et de l’internet) à Castres, ce jeune homme moderne se destine à une carrière de programmateur culturel.

Ça, c’est pour la lumière. Mais comme en tout un chacun et quel que soit l’âge de nos artères demeure une part d’ombre, une face cachée de la Lune, des pensées, des désirs voire des tourments qui peuvent venir nous tarauder, qui nous emmènent en tout cas à quelques réflexions sur l’existence.

Andreas a connu cela de manière précoce. Il a trouvé d’abord une échappatoire avec une guitare, il avait à peine 11 ans. Très vite, les mots ont remplacé l’instrument.

Mais nous ne sommes plus au temps des Rimbaud et des Baudelaire, et les ados du troisième millénaire ont pour poètes préférés, maintenant, les rappeurs et les slameurs. Au fil des mots, Andreas s’est mis à écouter du rap et sa prose poétique s’est calquée sur ce style d’expression là.

« J’aimais la rage qu’il y avait dans le rap, résume-t-il. Ce que je fais est introspectif, ce sont des choses que je ne peux pas exprimer forcément dans la vie. »

Alors, la plume est là, qui raconte des émotions, des sentiments, des tranches de vie. Pour la musique, il y avait YouTube : « Je prenais les faces B instrumentales et j’y posais mes textes dessus. ». Mais peu à peu il a ressenti le besoin de composer pour une musique qui colle au plus près à ces mots.

Et depuis, par vagues, par périodes, le flow ne s’est jamais tari. Jusqu’à façonner peu à peu un alter ego, cet autre soi-même qui nous colle si souvent aux basques et aux baskets : Lombre.

Depuis une grosse année, cette ombre Lombre est devenue pour Andreas son projet de scène et de musique. Une ombre qui exprime son fors intérieur sous les spotlights des scènes, et qui a tout de suite parlé, façon spoken word, à sa génération, mais pas que.

Indirectement, c’est un poète chanteur du siècle dernier, un boxeur des mots du nom de Claude Nougaro qui va participer à vite mettre Lombre en pleine lumière. À Toulouse, Andreas décroche le 2e prix catégorie chansons au prix d’écriture qui porte le nom du chantre de la Ville rose, suffisant pour qu’on s’intéresse à lui. Maintenant, Lombre a une dizaine de dates de concerts en poche, des projets à foison et un EP cinq titres prévus pour cette année 2017.

« Je suis bien accompagné pour ce projet », avoue-t-il. Sur scène le guitariste -chanteur Olivier Savinhac, alias REYvilo, apporte une touche rock à Lombre. Autour, pour peaufiner produire ses morceaux, Lombre peut compter sur le beatmaker globe-trotter tout fraîchement revenu à ses origines aveyronnaises Francis Estèves, alias Cisco, une « pointure » mondiale de la scène alternative hip-hop qui a officié avec les groupes Diabologum ou Experience et lauréat du Fair avec son projet novateur franco-américain Binary Audio Misfits. Il est de plus à la tête du label Dora Dorovitch, basé dans la campagne espalionnaise. Puisant dans son réseau, Cisco a invité l’Américain Rickolus membre du prestigieux projet Radical Face pour co-mixer les titres.

Lombre avance. Même en « Eau trouble ». Et elle parle : « On en vient à me remercier pour les textes que je fais », se réjouit Andreas. Cela s’appelle, déjà, de la reconnaissance.