Rodez : Jérôme Doutre, dernière tournée d’une figure

Ce samedi, tard dans la nuit et la pénombre de la rue Bonald, la voix si unique de Jérôme Doutre résonnera une dernière fois derrière le zinc du Pub White Rose. Après 28 ans de service, de soirées toutes aussi endiablées les unes que les autres, de troisièmes mi-temps inoubliables, le boss tire sa révérence. Entourés de ses amis et fidèles clients. Toutes ces personnes qui, depuis des décennies, sont le moteur du patron.

« C’est ma maison ici, ça fait longtemps que j’ai arrêté de compter mes heures. Et je pars sans regret car j’ai toujours eu une formidable clientèle... La majorité d’entre elle fait partie de mes amis désormais », souffle-t-il, avec un brin d’émotion. Car ce bistrot, né en hommage d’un pub éponyme du pays de Galles, c’est avant tout son histoire. Il l’a fasciné des années durant. Jusqu’à ce que le Pub White Rose ne devienne « chez Jérôme » pour tout le monde...

Avec sa gouaille si pagnolesque, son franc-parler sur n’importe quel sujet et ses anecdotes à tomber par terre, le patron n’a jamais laissé indifférent quiconque. Il n’a jamais, non plus, rechigné à trinquer avec ses fidèles. Le jeudi soir tout d’abord où des générations entières d’étudiants sont passées mais également le dimanche lorsque le rugby quitte Paul-Lignon pour rejoindre son temple, rue Bonald. Et que dire de ce fameux 12 juillet 1998, où l’équipe de France de football est devenue championne du monde. « C’est ma plus belle soirée, je n’ai jamais vu autant de monde dans un bar ! », se remémore-t-il, lui le Ruthénois entré dans le monde de la nuit dès son plus jeune âge à la discothèque Podium, les plus anciens s’en souviendront...

« J’ai 54 ans désormais et je suis trop fatigué pour poursuivre », avoue-t-il. Ce samedi soir, toujours dans une ambiance indescriptible, Jérôme Doutre servira sa dernière tournée. Le zinc ruthénois perd, lui, une de ses plus grandes figures.