Emmanuel Martinez : « À moto, il faut presque être parano »

  • « Les motards ne doivent pas faire confiance aux véhicules ni aux infrastructures routières », selon Emmanuel Martinez.
    « Les motards ne doivent pas faire confiance aux véhicules ni aux infrastructures routières », selon Emmanuel Martinez.
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Centre Presse

Vous roulez à moto toute l’année, ce n’est pas le cas de la majorité des motards. Que pourriez-vous conseiller à ceux qui s’apprêtent à se remettre en selle pour les beaux jours ?

Pour commencer : y aller doucement les premières fois où l’on ressort avec la machine. Lorsque l’on n’a plus trop l’habitude, il faut d’abord retrouver les sensations. Les motards devront bien entendu vérifier la pression des pneus, le système de transmission et les feux.

Par ailleurs, ils doivent garder à l’esprit qu’ils ne doivent pas faire confiance aux véhicules qui les entourent ni aux infrastructures routières. À moto, il faut presque être parano. Pour les automobilistes, il faut aussi s’habituer à nouveau à la présence des deux-roues, il y a un afflux en ce moment. Pendant les mois d’hiver, autos et motos n’ont plus eu besoin de cohabiter, de partager la route.

Les chiffres de mortalité et d’accidentologie sont plutôt encourageants ?

Dans l’Aveyron, le nombre de tués à deux-roues motorisés est en baisse de 36 % sur la période 2012-2016 (avec 16 motards tués) par rapport à 2003-2007. Sans le travail des associations, nous n’aurions pas atteint ce niveau de baisse. Cela dénote aussi d’une meilleure prise de conscience de la part des autres utilisateurs de la route. Cependant le nombre de piétons et cyclistes tués est en augmentation. II y a un manque de prise en compte de ces usagers vulnérables de la part des autres usagers de la route. Le principal, c’est de respecter les autres.

Quels sont les combats que mène actuellement votre association ?

Nous demandons l’intégration dans l’épreuve du permis de conduire automobile d’une sensibilisation à la cohabitation avec les deux-roues motorisés ou les autres usagers vulnérables comme les piétons ou les cyclistes. Nous aimerions par ailleurs que les campagnes de prévention routière cessent d’opposer les uns et les autres, les voitures aux deux-roues. De plus, poteaux en bord de chaussée, bacs en béton, dos-d’âne hors-norme... Sur beaucoup de ces installations, esthétisme et intégration dans l’environnement priment sur la sécurité. C’est très dangereux. La Fédération des motards en colère va prochainement communiquer autour de l’importance d’anticiper, notamment aux croisements. Anticiper le fait que les autres usagers pourraient ne pas avoir vu le deux-roues, anticiper les dépassements... mais aussi le fait que les routes sont de moins en moins entretenues.

Existe-t-il des formations ou remises à niveaux pour les motards ?

La Fédération française des motards en colère organisait le mois dernier un stage de moto un stage de moto, suivi par 13 personnes. Entre un aspect théorique et un aspect pratique sur plateau, il était question de combler des lacunes ou rafraîchir la mémoire à certains motards anciens. C’est un besoin des motards. La gendarmerie propose aussi un rallye, il y a une très forte demande de remise à niveau. Nous organiserons le 18 juin un rallye touristique au départ de la salle des fêtes de Lapanouse-de-Sévérac en direction des contreforts de l’Aubrac. On y prône une conduite apaisée, une conduite découverte.

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