Douze ans après, Kasparov revient secouer le monde des échecs

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    Douze ans après, Kasparov revient secouer le monde des échecs
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Centre Presse

Parfum de nostalgie sur l’échiquier. L’ancien champion du monde Garry Kasparov, qui a marqué l’histoire des échecs, sort de douze années de retraite et revient à la compétition lundi à Saint-Louis, aux Etats-Unis, pour affronter une nouvelle génération qui l’idolâtre.

Depuis la fin du tournoi de Linares, le 11 mars 2005 en Espagne, lorsqu’il s’est retiré de la compétition, l’absence du Russe de 54 ans originaire d’Azerbaïdjan a laissé les joueurs d’échecs du monde entier orphelins d’une figure emblématique, lui qui a outrageusement dominé la discipline de 1985 à 2000. Garry Kasparov est inscrit au tournoi « Rapid and Blitz », qui vient d’être intégré au circuit et suit la Coupe Sinquefield, étape majeure de la compétition mondiale organisée dans la même ville du Missouri, fendue en deux par le Mississippi.

Entre lundi et samedi, le Russe met donc de côté son opposition au président Vladimir Poutine, qui occupe sa retraite depuis des années, pour se frotter à neuf autres joueurs dont certains gros calibres comme Sergueï Kariakine, mais pas au numéro 1 mondial Magnus Carlsen. Le retour de « l’ogre de Bakou », dont les confrontations avec Anatoli Karpov sont rentrées dans l’histoire, fait en tout cas l’effet d’une bombe dans le monde des 64 cases et à Saint-Louis.

Sur toutes les lèvres

«Tout le monde ne parle que de ça. Les gens viennent d’Inde et de Chine pour le voir jouer. Sa domination des échecs pendant une si longue période a fait de lui une icône », explique Alejandro Ramirez, champion américain d’échecs qui enseigne sa discipline à l’université de Saint-Louis. La nouvelle génération, qu’il voit émerger au quotidien, « admire » toujours Kasparov même s’il n’est plus sur le circuit depuis plus d’une décennie, assure le grand maître américain, pour qui l’apport du Russe « à la théorie et la compréhension du jeu résonne toujours aujourd’hui ».

Mais quelles sont ses réelles chances dans ce tournoi après tant d’années à l’écart de la compétition ? L’intéressé lui-même a botté en touche, dans le seul tweet qu’il a publié en référence à son come-back : « J’ai l’impression que je vais faire monter l’âge moyen et baisser le classement moyen ». «Garry Kasparov a toujours une combativité à nulle autre pareille et il est extrêmement compétiteur. Mais il va faire face à une opposition féroce », attend Alejandro Ramirez. Pour lui, le format même du tournoi, un « Rapid and Blitz » à la cadence des coups beaucoup plus rapide que lors d’une grande compétition par exemple, pourrait mettre en difficulté l’ex-champion du monde, face à de jeunes joueurs plus spécialistes en la matière. «Je m’attends à ce qu’il se batte pour les premières places, mais je serais surpris s’il gagnait », résume le grand maître de 29 ans.

«Aura incroyable»

La compétition sera relevée, avec quatre joueurs dans le top 10 mondial et cinq du top 30. Sans compter Kasparov, qui ne devrait pas pour autant faire pâle figure, abonde Sylvain Ravot, maître français des échecs. «Le sens du jeu, la rage de gagner, l’expérience, les réflexes, devraient lui permettre de bien figurer, peut-être viser le podium. Même si ce sera beaucoup plus dur pour lui », confie-t-il, soulignant « l’aura incroyable » de Kasparov.

Habitué à avoir toujours un coup d’avance, le Russe a « bien choisi son étape, plus ou moins abordable, pour revenir », estime Sylvain Ravot, qui insiste davantage sur l’événement que représente ce retour que la future performance : « C’est un peu comme si (le tennisman américain) Pete Sampras faisait son retour ! »

D’ailleurs aucune raison flagrante ne semble motiver Kasparov à sortir de sa retraite très politisée, pas même les 150.000 dollars à la clé pour le vainqueur. «Même pas sûr qu’il veuille rejouer après Saint-Louis », juge le commentateur français. Ce n’est toutefois pas la première fois que Kasparov fait une entorse à son retrait du jeu. Il avait affronté Nigel Short en 2015, soit dix après sa retraite, lors d’un match amical. Et il ne semblait rien avoir perdu : il avait écrasé le Britannique 8-1.

sha/leo/dar

Garry Kasparov, qui a marqué l’histoire des échecs, sort de douze années de retraite et revient à la compétition lundi à Saint-Louis, aux Etats-Unis.

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