Agriculture : un nouveau plan loup qui ne satisfait personne

  • Des brebis attaquées fin octobre dans l’exploitation de Sophie Vidal à Soulages-Bonneval. Trente bêtes ont été tuées, l’éleveuse est convaincue qu’il s’agit d’un loup. À droite, un loup, photographié en captivité. Pour les agriculteurs, comme pour les défenseurs de l’animal, il est urgent de trouver des solutions appropriées.
    Des brebis attaquées fin octobre dans l’exploitation de Sophie Vidal à Soulages-Bonneval. Trente bêtes ont été tuées, l’éleveuse est convaincue qu’il s’agit d’un loup. À droite, un loup, photographié en captivité. Pour les agriculteurs, comme pour les défenseurs de l’animal, il est urgent de trouver des solutions appropriées.
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Centre Presse / Philippe Henry

Éleveurs et écologistes sont, une nouvelle fois, renvoyés dos-à-dos. Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire, réunis mardi à Lyon, ont présenté le futur plan loup, 2018-2023. Un document, d’une centaine de pages, qui a pour double objectif « d’assurer la conservation du canidé et de prendre en compte la détresse des éleveurs ».

Parmi cette centaine de pages, deux projets d’arrêtés fixent les conditions dans lesquelles peut être tué l’animal, ainsi que le nombre maximal de spécimens pouvant être abattus au cours de la prochaine année. Actuellement, le seuil est fixé à 40 canidés pour la saison juillet 2017-juin 2018. Trente-cinq ont déjà été tués. Le projet d’arrêté fixerait la période du 1er janvier au 31 décembre 2018. Le seuil de 40 loups resterait le même.

Mais ce nombre sera actualisé au printemps pour être « porté à 10 % de la population » de loups, une fois connue la dernière mise à jour des effectifs. Un comptage réalisé par les services de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Les modalités de tirs sur les loups évoluent également. Les tirs de défense, ceux réalisés à proximité des troupeaux soumis à la prédation, seront facilités.

Les éleveurs pourront tirer « à partir du moment où leurs troupeaux sont protégés ou reconnus comme ne pouvant être protégés ». La période autorisée de ces tirs sera s’étalera désormais sur l’année civile, du 1er janvier au 31 décembre, et non plus du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante. Pour éviter ainsi que le plafond des 40 loups ne soit trop rapidement atteint au moment de la montée des troupeaux en estive.

Concernant les tirs de prélèvement, ils ne pourront s’effectuer que du 1er septembre au 31 décembre, après avis du préfet coordonnateur. Le plan indique que leur utilisation sera limitée à des « territoires bien identifiés caractérisés par l’importance des attaques ».

Mais c’est une autre mesure qui provoque la colère des instances agricoles. Les indemnisations seront conditionnées, après une attaque, à la mise en place de mesures de protection des troupeaux. Les éleveurs devront mettre en place au moins deux mesures (chiens, clôtures ou regroupement nocturne des bêtes, gardiennage ou surveillance du berger) pour être dédommagés.

Pour François Giacobbi, éleveur et chargé du dossier « loup » à la chambre d’agriculture, ce plan proposé par l’état « ne répond pas aux inquiétudes et aux attentes des éleveurs ». « On ne se préoccupe que du loup et pas des éleveurs, poursuit-il. Ce plan ne prend pas en compte nos préoccupations et nos demandes. Les ministères sont sur des positions technocratiques et dogmatiques qui condamnent notre pastoralisme. »

Et l’éleveur de réclamer « un droit de défendre en permanence le troupeau, sans restriction. Aujourd’hui, ce droit ne nous est pas reconnu ». François Giacobbi s’appuie également sur la récente étude de l’Inra qui conclue que la protection des troupeaux ne serait pas viable, entraînant des coûts prohibitifs et un impact sur le paysage certain.

Les textes doivent encore être soumis en début d’année à une consultation publique puis à l’avis du Conseil national de la protection de la nature, le 12 janvier. À l’origine, le plan loup devait être publié le 1er janvier 2018, mais du fait des nombreux désaccords, la signature de ce texte sera vraisemblablement repoussée au 1er février 2018.

Pour Stéphane Laporte, membre du collectif Action loup Aveyron qui compte environ 80 membres défenseurs de l’animal, ce nouveau plan « ne résout rien ». « Même s’il n’est que provisoire, il est décevant, confie-t-il. Au lieu de remettre les choses à plat, on fait du réchauffé. En tant que premier département moutonnier de France, des solutions auraient dû être trouvées. Aujourd’hui, il faut briser ce cercle vicieux et cesser de parler du “grand méchant loup”. L’étude de l’Inra est particulièrement à charge. On ne peut pas s’appuyer dessus pour tirer des conclusions sur la façon de gérer le loup. »

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