Journée des droits des femmes : « On avance petit à petit pour se faire entendre »

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    Journée des droits des femmes : « On avance petit à petit pour se faire entendre »
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Centre Presse

Huit femmes. Comme le titre du film de François Ozon. Et huit femmes, en Aveyron, ont osé s’exprimer pour donner leurs opinions sur la place de la femme dans la société et leurs conditions en cette journée, un 8 mars noyé dans le calendrier où chaque date a sa journée spéciale, au point que les femmes qui ont accepté de se confier n’étaient même pas au courant de ce jour qui leur est dédié... L’intérêt est dans leurs actes et les propos ci-dessous de ces femmes anonymes mais pas de l’ombre.

Des êtres du quotidien, comme Pierre Michon qui les qualifie de « vies minuscules », non de façon péjorative, juste au regard d’une existence sans strass ni paillettes. Mais des femmes animées par des convictions, souvent surprenantes par leur caractère combatif et leur lucidité. Huit femmes qui ne sont pas sous les projecteurs de la célébrité éphémère mais dans la vraie vie qu’elles mettent ici en lumière. Comme une leçon de vie, en lettre majuscule.

Séverine, 40 ans, puéricultrice, mariée, deux enfants : « Je suis très partagée sur cette Journée qui ne changera rien dans mon quotidien mais c’est l’occasion d’en parler, de donner lieu à des débats, de faire des conférences. Il y a du mieux mais je pense qu’il y a encore des différences incroyables sur les salaires. Je ne suis pas féministe mais pour une complémentarité qui permet de trouver un juste équilibre. Aujourd’hui, un couple doit travailler pour s’en sortir. Nous avons habité dans une grande ville, à Grenoble et il faut deux salaires pour y arriver. La femme est très active, en étant mère et épouse. En tant que mère, je regrette que les congés maternité soient aussi courts par rapport aux pays scandinaves, par exemple. »

Arlène, 26 ans, libraire, mariée : « Je suis contre la journée de la femme, cela ne sert à rien, c’est absurde car une journée ne change pas le rôle de la femme. Il y a du mieux pour ma génération sur l’équilibre entre l’homme et la femme. Les hommes s’investissent plus dans les tâches domestiques. En revanche, je ne vois pas d’évolution sur les salaires, sur les congés maternité qui ne sont pris que par les femmes. Je constate une régression chez les jeunes avec les filles qui sont pointées du doigt, stigmatisées si elles portent une jupe. »

Pauline, 36 ans, opticienne, deux enfants : « C’est très bien d’avoir notre journée, que celle-ci soit marquée. Aujourd’hui, la femme est plus indépendante, plus émancipée, avec un rôle plus défini. Je pratique un sport, le vélo, qui est très masculin mais où les mentalités évoluent même si une femme qui double, ça les énerve ! »

Sarah, 23 ans, agricultrice : « C’est bien qu’il y ait cette journée qui met les femmes en valeur car cela montre que nous sommes au même niveau que les hommes. En tout cas, j’ai envie d’y croire ! Dans mon métier qui est masculin, les mentalités ont beaucoup évolué. Je me sens bien dans ma profession. Il y a de l’entraide et de la bienveillance. La place de la femme dans la société a évolué. Le syndicat FNSEA est maintenant dirigé par une femme. Une chef d’exploitation sur trois est une femme. Les hommes se responsabilisent aussi dans les tâches quotidiennes. Il y a l’ouverture d’esprit chez ma génération où cela s’équilibre. Je travaille en Gaec avec mon père et mon frère ; nous nous versons le même salaire. J’avais posé ma condition de disposer d’au moins un week-end, c’est le cas un week-end sur trois. Comme ça, j’ai pu partir avec mon copain, comme je le souhaitais, pendant quatre jours au Salon de l’agriculture. »

Joëlle, 56 ans, restauratrice, mariée, deux enfants : « Cette journée ne change pas ma vie mais je constate une évolution positive. La femme se prend en main. Avant elle était plus soumise. Je note des différences entre la génération de mes enfants et la mienne. Aujourd’hui, les tâches ménagères se partagent alors que ce n’est pas le cas de mon mari. C’est difficile de concilier la vie de femme avec mon métier où je travaille six jours sur sept mais mon métier me plaît. »

Adeline, 28 ans, fleuriste, séparée, un enfant : « Je suis contre les fêtes, les célébrations, de poser des jours pour parler d’un sujet. Je ne vois pas à quoi cela sert. Le combat, comme l’actualité en témoigne avec l’affaire Weinstein, se mène au quotidien. On avance petit à petit pour se faire entendre, à être reconnue. De toute façon, avec notre génération, c’est le siècle de la femme. Il y a 40 ans, la femme était un objet, aujourd’hui, cela s’équilibre et si ce n’est pas le cas sur certains domaines, il faut se battre. »

Françoise, 60 ans, caissière, deux enfants et trois petits-enfants : « C’est très bien qu’il y ait cette journée car la place de la femme est importante ! Nous sommes l’égale de l’homme. »

Alexandra, 30 ans, restauratrice, mariée, deux enfants : « Les femmes doivent être mises en valeur tous les jours ! Il est vrai qu’avant, l’homme était un peu macho mais cela s’équilibre. Avec mon mari, nous partageons toutes les tâches. Nous travaillons ensemble, lui en cuisine, moi au service mais parce que je l’ai choisi. Il est gentil, attentionné. C’est beaucoup le cas pour notre génération. On a trouvé notre place dans la société. On sait ce qu’on veut. On le constate avec les femmes qui demandent le divorce, qui prennent du temps pour elles, qui s’organisent des soirées entre elles. L’attention doit être portée au quotidien et pas sur une journée. »

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