Assassinat de Patricia Wilson : Jean-Louis Cayrou refuse de parler

  • Jean-Louis Cayrou avait écopé de 30 ans de réclusion criminelle en mai 2016, aux assises à Rodez.
    Jean-Louis Cayrou avait écopé de 30 ans de réclusion criminelle en mai 2016, aux assises à Rodez.
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Centre Presse

Je suis innocent. Je vous demande de faire valoir mon droit à garder le silence à partir de maintenant ». Ainsi s’est ouvert, hier, à Montpellier, le procès en appel de Jean-Louis Cayrou, accusé du meurtre avec préméditation de Patricia Wilson, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Condamné en 2016 à 30 ans de réclusion, le détenu continue de clamer son innocence mais ne souhaite plus parler au tribunal.

Les faits remontent à l’été 2012. Patricia Wilson, une retraitée anglaise de 58 ans s’est installée à Vabre-Tizac, dans l’ouest de l’Aveyron. Depuis que son mari est reparti en Angleterre pour des raisons de santé, elle vit seule dans sa ferme rénovée. Le 17 août au soir - comme le découvrira sa voisine qui a donné l’alerte - l’électricité a été coupée, le grenier mis à sac et de nombreuses traces de sang recouvrent les lieux. Les gendarmes suspectent rapidement son jardinier et amant, Jean-Louis Cayrou, 50 ans, vivant à proximité dans sa caravane.

Aujourd’hui présent sur le banc des accusés, il cumule une série de charges contre lui, que le président du tribunal rappelle : ses empreintes ont été identifiées sur les objets du grenier ; du sang de la victime a été prélevé dans sa voiture, où l’on a aussi retrouvé une petite culotte, un tendeur bleu et une lampe frontale ensanglantés. La retraitée britannique disait avoir été harcelée puis agressée à son domicile par le même homme, qui aurait mal accepté leur rupture...

La localisation du téléphone de Jean-Louis Cayrou coïncide en heure et lieu avec les événements du drame. Il aurait d’ailleurs contacté Patricia Wilson seulement quelques minutes avant que l’électricité ne soit coupée chez elle, le soir de sa disparition : un appel de seulement 13 secondes « juste pour vérifier sa présence à son domicile », ajoute le magistrat. Le jardinier effectue ensuite des allées et venues inhabituelles en voiture et présente des traces de griffure au thorax. Incarcéré, Jean-Louis Cayrou aurait aussi avoué le crime de Patricia Wilson à deux codétenus... Bien qu’il ait toujours nié son implication face aux gendarmes et souvent changé de versions.

Dans son box, cheveux gris mi-longs et veste noire, Jean-Louis Cayrou demeure comme décrit dans le rapport de la première experte appelée à la barre : « placide ». La psychologue qui a examiné l’homme livre au tribunal : « Il ne manifeste aucun affect et a un problème avec les femmes ».

« Que veut dire : “avoir un problème avec les femmes’’ ?» réplique Me Levy, qui défend l’accusé, avec Me Szpiner. La psychologue déplore « sa façon d’évoquer toutes les femmes qu’il a fréquentées »... « Comment se fait-il que sa relation se passait très bien avec Patricia Wilson durant de longs mois ? » poursuit l’avocat. « Ils n’étaient pas en conflit ouvert mais il y avait des insatisfactions », répond l’experte.

Patricia Wilson vivait la nuit, buvait, et avait une sexualité très libérée. Un mode de vie bien loin de celui de son amant : « elle m’a sauté dessus la première fois et j’ai accepté », avait affirmé Jean-Louis Cayrou. Cependant, la sexualité de Jean-Louis Cayrou pose aussi question. Aux dires de son ex-femme et mère de ses deux enfants, venue témoigner à son tour, l’homme a exercé des viols sur elle durant plusieurs mois.

« Nous étions un couple normal pendant neuf ans, et puis un jour, je ne sais pas ce qui s’est passé, il s’est mis à me violer régulièrement. » L’ex-épouse affirme aussi qu’elle « savait que c’était lui » quand elle a appris, à l’époque, la disparition de Patricia Wilson. Sollicité par le tribunal, Jean-Louis Cayrou répond alors pour la première fois : « Tout ceci n’est qu’un tissu de mensonges qui sera bientôt dévoilé. » Quatre jours d’audience sont encore prévus. Le verdict est attendu pour vendredi.

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