La cabrette, la Parisienne qui a séduit un hard-rocker aveyronnais

  • Antoine Charpentier, des badges sur sa cabrette.
    Antoine Charpentier, des badges sur sa cabrette. Repro CPA
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Laurent Roustan

Petit portrait d’un instrument traditionnel auvergnat qui a pourtant vu le jour sur les bords de la Seine, avec Antoine Charpentier, professeur (et passionné) de cornemuses.

Elle va bientôt accuser les 200 ans, ses ancêtres jouaient à la cour de Louis XIV et plus loin encore, faisait le bonheur de Néron mais beaucoup moins du coup celui des oreilles des Romains, elle s’est fait virer après 1905 des bals populaires parisiens alors qu’elle en était la reine, par un minet italien du nom d’accordéon dont les touches chromées faisaient du gringue aux minettes d’alors. Avouez qu’il y a de quoi devenir chèvre, mais c’est vrai qu’elle en avait déjà la peau. Le bal musette, c’est elle, mais aujourd’hui, c’est toujours l’accordéon qui en est le mâle dominant, alors qu’elle, la cabrette, est reléguée au second plan, même si elle connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment dans les musiques actuelles et le renouveau du trad’.

C’est ainsi qu’Antoine Charpentier fit sa connaissance. Via ses cousines bretonnes, les cornemuses, pour lesquelles ce quadragénaire voue un vrai culte (raisonné tout de même) depuis ses 20 ans.

"En 1996, c’était la grande période de Dan Ar Braz et l’héritage des Celtes, se souvient-il. J’étais tombé sur un disque d’enregistrements anciens et je me suis rendu compte que qu’il y avait autre chose que le son, souvent pas très juste, souvent écrasé par l’accordéon... Mais depuis, il y a eu sur l’instrument un grand travail des luthiers, les instruments jouent plus juste, et sont plus agréables. "

Depuis, Antoine s’est rendu possesseur d’une trentaine de cornemuses, et a étudié l’instrument jusqu’à devenir musicien d’une part, et de l’autre professeur au Conservatoire départemental de musique, à Rodez et à Millau.

Bal musette et hard-rock

C’est d’ailleurs presque en suivant sa passion qu’il est arrivé en Aveyron. Et en découvrant la cabrette, à Paris d’abord (il est natif de Sarcelles mais "en Aveyron depuis le CP") : "Là-bas, on l’appelait la musette, pour se la péter un peu, je crois, et pour la différencier de la cabrette ". Un nom un peu trop péquenot, sans doute, vu de la capitale, mais qui a donné celui du bal musette.

Ensuite, il suit un stage de cabrette à Laguiole ("Il y a une concentration de musiciens de l’Aubrac et de l’Argences", a-t-il constaté, dont l’un des pionniers de la cabrette, Joseph Ruols de Cantoin). Puis prend des cours avec le "cabrettaïre" Christophe Burg, un désormais "voisin" de Barriac (Antoine vit à la Divinie, près de Rodelle). Depuis, sa cabrette a une place à part dans sa collection de cornemuses. Lui, il n’en joue pas pour le folklore, pas seulement. "Je ne sais pas trop ce qui m’attire... La cornemuse, c’est un son continu, des techniques de jeu. La cabrette, c’est un peu ma guitare électrique, avec ce son aigu. J’ai une culture hard-rock, et avec j’improvise, je cherche des sons, pour vraiment aller sur autre chose ". Et Antoine a ainsi frotté sa cabrette à plusieurs expériences, en big band de jazz, dans un groupe de rock, en duo avec le guitariste "rock occitan" Paulin Courtial. Histoire de redonner un peu à la reine déchue des parquets parisiens un peu de lustre, et une nouvelle jeunesse.

Expo, bal, spectacle et concert

L’actualité d’Antoine Charpentier et de ses cornemuses, cabrette comprise, est riche. D’abord avec l’exposition de sa collection de cornemuses à la Médiathèque de Rodez (en partenariat avec l’Association aveyronnaise des cabrettes et autres cornemuses) jusqu’au 26 mai.
Mercredi 22 mai, il participera au spectacle pour chœur et orchestre concocté par des lycéens de Montauban,  Cahors et du lycée Foch de Rodez, à la salle des fêtes du Piton.
Samedi 25, la cabrette d’Antoine sera la reine du bal trad’ de Martrin.
Dimanche 26, concert au château de Coupiac avec les élèves des conservatoires du Tarn et de l’Aveyron.

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