Notre-Dame de Rodez : le portail sud et ses mystères

  • Le portail sud. Le portail sud.
    Le portail sud. André Méravilles/Repro CP
  • Fragment de la Vierge. Fragment de la Vierge.
    Fragment de la Vierge. André Méravilles/Repro CP
  • Fragment d’une jeune femme de la Mise au tombeau. Fragment d’une jeune femme de la Mise au tombeau.
    Fragment d’une jeune femme de la Mise au tombeau. André Méravilles/Repro CP
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A suivre...

Cinquième épisode de la saga patrimoniale consacrée à la cathédrale de Rodez…

Les portails latéraux sont particulièrement importants à la cathédrale de Rodez, dépourvue des traditionnels portails dans la façade ouest. En effet, ici la façade était incluse dans l’enceinte de la ville et ne pouvait donc pas être trop ouverte pour ne pas en constituer un point faible.

On ne peut donc pénétrer dans la cathédrale que par les deux portails latéraux, dont l’architecture sera comme ailleurs, particulièrement soignée afin de servir d’écrin à un riche ensemble statuaire. Le plus souvent, les portails étaient rehaussés de polychromie et présentaient un programme iconographique savant et "vivant", arrêtant le fidèle dès le parvis, avant son entrée dans le lieu saint. Les grandes processions religieuses entraient par les portails sanctuarisés par ces grandes images en pierre illustrant la Bible ou la vie des saints..

C’est aussi devant ces portails que se déroulaient les mystères, un théâtre médiéval constitué de tableaux animés et dialogués, très populaire au XVe siècle, et donnant corps et vie à la liturgie. Les grands moments de la vie du Christ y étaient racontés en même temps qu’ils prenaient corps dans la pierre, les statues se confondant la nuit, à la lueur vacillante des flammes, avec les comédiens.

Pour la réalisation du portail sud du transept de Notre-Dame une importante commande est passée au célèbre sculpteur et architecte lyonnais Jacques Morel en 1448. Sollicité la même année pour la réalisation des gisants de Charles 1er duc de Bourbon et d’Agnès de Bourgogne, son œuvre la plus fameuse, le contrat stipule que le "lapicide" ne sera tenu de rester à Rodez que quatre mois l’an et qu’il aura loisir de se faire aider par les maîtres maçons et sculpteurs locaux, durant les huit années prévues pour les travaux.

De grandes qualités d’exécution

Le programme du portail est ambitieux : 108 "ymages" étaient prévues en plus des groupes formant les scènes historiées. En 1456, ce chantier n’est toujours pas achevé ; Jacques Morel a quitté Rodez pour Angers afin d’achever le tombeau du roi René d’Anjou. À sa suite, Thibault Fournier, maçon, et deux imagiers Pierre Viguier et Guillaume Desfosses, sont engagés pour poursuivre la réalisation des groupes sculptés autour de la Vierge à l’Enfant du Trumeau, de la Mise au tombeau du Christ du linteau et de la Crucifixion du tympan.

Pierre Viguier est à l’origine d’une dynastie de sculpteurs très active en Rouergue et Albigeois ; il utilise pour ses sculptures une pierre extraite de carrières locales notamment celle de Magot, dans le canton de Livers-Cazelle, proche de son village d’origine.

Le décor sculpté de ce portail a été martelé méthodiquement à la Révolution, puis enfouis dans des fosses à l’intérieur de la cathédrale. En 1998 puis en 2006, des travaux menés dans la nef de la cathédrale ont permis de découvrir sous le dallage une fosse dont le comblement contenait de très nombreux fragments de sculpture. Caroline de Barrau, qui en a réalisé l’étude dans le cadre de sa thèse, y a identifié des protagonistes des scènes du portail.

Parmi les éléments de prophètes ou personnages de la Mise au tombeau, deux statues féminines, très partiellement conservées, se distinguent par la grande qualité de leur exécution qui permet de les rapprocher des plus belles œuvres sculptées de cette époque.

Le buste de la Vierge à l’Enfant du Trumeau peut être reconnu dans un très beau fragment. Légèrement déhanchée, la Vierge tenait un livre dans la main droite et portait l’Enfant du bras gauche. De longues mèches de cheveux ondulés tombaient de part et d’autre de son visage sur la poitrine. De l’autre personnage féminin est conservé le visage, le fragment "le plus émouvant" dit Caroline de Barrau.

Il s’agit vraisemblablement d’une des saintes femmes entourant la Vierge dans le groupe de la Mise au tombeau du portail, telles qu’on peut les voir dans le groupe de la chapelle de Galhard Roux.

L’architecture du portail est marquée par de forts contrastes entre les matériaux, le calcaire blanc du frontispice et le grès, mais aussi entre la rigidité du cadre des contreforts préexistants et les remplages ondulants des roses et du tympan. Cette composition exercera une influence durable sur l’architecture flamboyante rouergate, sensible, par exemple, à l’église Saint-Jean d’Espalion.

 

Chaque semaine, Centre Presse ouvre ses colonnes au service du patrimoine de Rodez Agglomération. Laissez-vous entraîner dans son sillage à la découverte de ces trésors, connus ou méconnus, de l’agglomération ruthénoise.

 

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