Flagnac. Christian Dessalles, "seigneur" de Pagax

C’est un rêve de gosse. " Le rêve de gosse de Christian Dessalles : acheter un château fort. Rien que ça. " J’ai toujours dit et répété que je finirai mes jours dans un château fort. J’ai toujours été fasciné par les châteaux, les châteaux médiévaux notamment. Quand j’étais gamin, je passais des heures à jouer avec des châteaux miniatures." Aujourd’hui, Christian Dessalles "joue" avec le château de Pagax, à Flagnac, dont il est devenu propriétaire début 2005.

Avant d’en arriver là, ce Lyonnais de 58 ans, à la silhouette imposante et à la voix presque tonitruante, a beaucoup cherché sur internet la bonne opportunité, à la rubrique "châteaux à vendre". " Il y en a des tas ", glisse-t-il. Et de raconter que c’est à travers une discussion internet de passionnés comme lui, qui évoquaient des châteaux à vendre dans le Cantal, qu’il est tombé sur Pagax (prononcer Pagasse).

"C’est celui-là !"

Renseignements pris, toujours sur le net ou auprès de la mairie de Flagnac, et après avoir visionné de nombreuses photos, il finit par faire le déplacement fin 2004. " Quand je suis arrivé ici, plus je me rapprochais du château et plus je me disais, c’est celui-là ! " Alors s’engage la dernière étape pour le rachat : convaincre son épouse. Un petit dîner au restaurant et l’affaire fut bouclée.

"Au début du repas, elle ne voulait pas trop. À la fin, j’ai fini par la décider. Elle a posé deux conditions : ne pas manger des pâtes tous les jours jusqu’à la fin de sa vie et ne pas passer dans l’émission TV Des Racines et des Ailes !" La première condition a été tenue. Pour la seconde, c’est loupé ! Une équipe des Racines et des Ailes est venue la semaine dernière mettre en boîte un reportage qui sera diffusé sur France 3 en avril prochain.

Financement participatif

Quoi qu’il en soit, depuis 2005, Christian Dessalles partage sa vie entre Lyon et Pagax. Son activité professionnelle, en tant qu’entrepreneur en menuiseries extérieures, puis comme agent immobilier indépendant, lui permet de nombreux allers-retours.

À travers une association créée dans cet objectif (Les Amis de Pagax), il a très rapidement enclenché la rénovation d’un château mis à mal par le temps. Pour parvenir à régler divers travaux de remise en état, deux campagnes de financement participatif ont déjà permis de récolter 10 000 et 12 000 €. Une troisième est en cours, qui a rassemblé plus de 10 000 € (ouverte sur le site https ://dartagnans.fr).

Christian Dessalles, désormais connu et apprécié dans le hameau de Pagax, organise par ailleurs brocantes et vide-greniers pour rentrer quelques subsides supplémentaires, sachant qu’il investit ses propres deniers dans l’affaire. Des rendez-vous publics au cours desquels il écoule notamment tout un panel de produits dérivés de sa production, des verres en plastique réutilisables à la bouteille de vin.

Sans avoir chiffré avec précision le montant nécessaire pour remettre en état le château, il estime à 4 M€ l’investissement total pour ce faire et à 1,2 M€ l’enveloppe pour redonner un toit aux tours de l’édifice. Une paille.

Une tour s’effondre

"J’y crois, martèle Christian Dessalles avec passion, alors même qu’en début d’année, une des tours s’est effondrée. Ce fut un coup dur. Mais d’un autre côté ce fut un mal pour un bien. Car cet épisode fut un élément déclencheur pour passer un cap."

Depuis, le "seigneur" de Pagax a reçu d’éminents visiteurs, de la Fondation du Patrimoine, des Affaires culturelles. Des gens sensibilisés à la démarche de préservation engagée, qui ont soumis à Christian Dessalles des plans de financement avec aides publiques.

De plus, un architecte du patrimoine devrait intervenir sous peu afin de dresser les plans du château, tel qu’il était voilà des siècles, et tel qu’il doit être rénové. Des archéologues pourraient également suivre le chemin de Pagax, le site présentant de réels intérêts en la matière.

"Que tout soit gratuit"

Et pendant que des entreprises hautement spécialisées s’attaquent à rebâtir la tour effondrée et à rénover l’une des façades, le Lyonnais imagine déjà la suite. Alors qu’il est en train d’aménager une dépendance pour pouvoir (presque) vivre au château, il souhaiterait faire du site un "lieu de convivialité, de rencontres, de spectacles médiévaux. Et que tout soit gratuit. L’endroit se prête à merveille à ce genre de projections. Ce serait merveilleux de faire venir plein de gens passionnés comme moi, de les rassembler autour d’un tournoi ou d’un campement comme on les organisait au Moyen Âge."

En attendant, Christian Dessalles exauce son rêve de gosse. "Il ne se passe pas une heure sans que je pense à Pagax. Pour tout dire, depuis que j’ai racheté ce château, je sais que je vais le sauver."