Confinement : "Trop de gens encore ne jouent pas le jeu" en Aveyron

  • Gendarmes en opération de contrôle « Il faut faire attention à ne pas nous raconter d’histoires ».
    Gendarmes en opération de contrôle « Il faut faire attention à ne pas nous raconter d’histoires ». J.A.T - Reproduction Centre Presse
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Christophe Cathala

Les forces de l’ordre sont sur le pont et ont déjà verbalisé plus de 400 personnes en une semaine. Inciviques les Aveyronnais ? Le colonel Fagard, qui dirige la gendarmerie en Aveyron, nous éclaire.

Les libertés, prises individuellement çà et là, avec les règles de confinement, se transforment volontiers en dérives collectives quand vient le week-end. Un incivisme inacceptable pour la préfète de l’Aveyronet pour les forces de l’ordre qui raffermissent leurs contrôles en regard de situations jugées "irresponsables" comme le détaille le colonel Yann Fagard, commandant du groupement de gendarmerie du département.

On loue régulièrement le civisme et le respect des Aveyronnais, qu’en est-il vraiment à une semaine du confinement ?

Il est vrai que les Aveyronnais respectent plutôt bien, en général, les mesures imposées à tous. Mais il arrive parfois qu’une minorité de gens abusent et qu’encore trop de gens ne jouent manifestement pas le jeu.

Ainsi, depuis mardi dernier, nous avons procédé, sur la zone gendarmerie de l’Aveyron, à 243 verbalisations. Et pour la seule journée de dimanche, ce sont 113 procès-verbaux qui ont été dressés…

Pour quelles raisons ?

Samedi soir par exemple, dans le Millavois, nous sommes intervenus, pour tapage, dans un domicile où se déroulait une petite fête avec de nombreuses personnes… L’exception à la règle du confinement strict, ce n’est pas pour faire l’apéro entre copains ! Il y a encore des gens qui ont du mal à le comprendre. Et samedi en particulier, nous avons concentré une partie de nos efforts sur la surveillance des berges des lacs et des rivières où des gens s’adonnaient collectivement à la promenade…

Au quotidien, la présentation des attestations est bien intégrée maintenant dans les habitudes ?

Globalement oui. Mais on trouve encore des personnes qui, sur leur attestation datée, sortent plusieurs fois dans la même journée : au tabac puis, plus tard au supermarché, puis qui ressortent pour aller à la pharmacie… Ce n’est pas le principe. On sort une fois pour toutes dans la journée, on groupe ses courses.

Et puis certaines personnes racontent des histoires aux gendarmes. Tel ce garçon qui sort "faire des courses" avec une Nintendo sous le bras. Devant l’incrédulité de la patrouille, il a convenu aller chez un copain. Si l’attestation dérogatoire ne suffit plus, on demandera bientôt à nous présenter un ticket de caisse pour justifier la sortie…

Il en va de même sur la route où nous avons un œil attentif sur les camping-caristes. On peut utiliser ce véhicule autour de chez soi et justifier de sa résidence. Mais ceux qui sont en vacances - et vous seriez surpris de voir qu’il y en a encore beaucoup sur les routes - doivent expliquer qu’ils sont bien sur le chemin du retour vers leur domicile.

Donc, tolérance zéro ?

Il faut faire la part des choses. Nous avons une tolérance à l’égard de tous les personnels de santé, et plus généralement des travailleurs qui se rendent ou reviennent du travail. Et une grande vigilance à l’égard des transporteurs routiers qui contribuent à acheminer les denrées dans les magasins.

Des commerces que vous surveillez d’ailleurs de près…

Notamment ceux qui sont fermés et qui nécessitent la vigilance des patrouilles de gendarmerie. L’opération "tranquillité commerces" s’inscrit ainsi dans nos missions, en plus de la surveillance des règles de confinement. Nous devons être attentifs à tout. Car si on veut réussir à gagner, il faut que tout le monde s’y mette.

Police : "Durcir le ton"

Du côté de la police nationale et de ses trois circonscriptions aveyronnaises (Rodez, Millau et Decazeville), mêmes constats que les gendarmes dans l’approche de certains comportements. Lesquels ont donné lieu "à 148 verbalisations depuis le 19 mars", à ajouter aux 22 recensées pour la seule journée de mercredi dernier. La pédagogie n’est plus la priorité, "désormais on durcit le ton et l’on multiplie les rappels à l’ordre", confirme le commandant de police Lilian Kinach, à l’état-major de la direction de la sécurité publique de l’Aveyron.

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