La journaliste Aurore Cros a séduit Guillaume Canet avec son documentaire

Au nom de la terre". C’est ainsi qu’Edouard Bergeon a baptisé son long métrage, sorti en 2019, nommé au César du meilleur premier film et à celui du public, avec, comme acteur principal, Guillaume Canet. Le courant est passé entre les deux hommes, qui ont décidé de créer cultivonsnous.tv. Ils sélectionnent, chaque mois, les meilleurs documentaires, reportages et programmes courts, pour, selon leurs propres termes, "cultiver nos connaissances et comprendre le chemin des produits que nous mangeons". Cette chaîne de télévision en ligne (4,99€ par mois, sans engagement, avec un euro reversé à Solidarité paysan) diffuse, depuis quelques jours, "Ruralité : les oubliés !". Le pitch plante le décor : "Dans ce documentaire autoproduit, j’ai recueilli les témoignages d’Aveyronnais pour mieux comprendre leurs attentes sur leur territoire, réel laboratoire d’idées. La culture, les transports, la santé, l’agriculture, sont autant de thèmes qui permettent de comprendre le sentiment d’enclavement ressenti, parfois, par ces "oubliés" du gouvernement". Avec, selon ses mots à elle, "zéro moyen", Aurore Cros a réussi à mener à bien son projet et à convaincre édouard Bergeon, le réalisateur de 37 ans. Qu’elle n’avait pas hésité à aborder, au culot, quand il était venu présenter "Au nom de la terre", en avant-première, à Rodez. Née dans le Cantal, avec des parents installés à Chaudes Aigues et des grands-parents maternels ancrés à Saint-Amans-des-Cots ("papy Ricou" apparaît d’ailleurs à l’écran !), pigiste actuellement à Saint-Affrique pour "Midi Libre", Aurore Cros est passée par InfoCom à Clermont, avant de décrocher un Master "des nouvelles pratiques journalistiques" à Lyon II. Dans le cadre de ses études, elle avait goûté à la réalisation de documentaires et celui qu’elle a réalisé, avec neuf mois de travail, est "né d’une réflexion" quand elle travaillait à "La Dépêche du Midi Aveyron". "J’ai couvert des sujets sur les hôpitaux de proximité à Decazeville et à Villefranche-de-Rouergue, sur les cheminots à Capdenac, détaille la journaliste. Après avoir vu ces piquets de grève, entendu les fortes inquiétudes, j’ai voulu donner la parole à ces forces vives des territoires qui défendent le service public". L’intéressée poursuit, intarissable : "Raconter leurs histoires, c’est montrer que les petites lignes, les petits hôpitaux souffrent. Le problème ne vient pas d’une gestion sur place mais du système de soins qui ne va pas dans le sens des hôpitaux de proximité". Aurore Cros n’en fait pas mystère : "Oui, mon documentaire est engagé ! J’ai travaillé avec beaucoup de liberté. Je me suis lancée à l’aveugle avec la volonté de faire passer un message". Elle aimerait donc qu’il soit diffusé "le plus largement possible, avec des débats sur la ruralité". Ce sera le cas vendredi 2 octobre, à 20 h 30, au Moulin de madame à Saint-Affrique. "C’est une vraie chance", conclut-elle, optimiste.