Covid-19 : l’Ehpad Gloriande de Sévérac très lourdement touché par la mort de trois résidents

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  • Gloriande est "le plus gros point chaud du département, peut-être même de France" affirme le président Vieillescazes. Gloriande est "le plus gros point chaud du département, peut-être même de France" affirme le président Vieillescazes.
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Propos recueillis par Xavier Buisson

À l’Ehpad Gloriande de Sévérac-d’Aveyron, 70 des 73 résidents sont contaminés (nous avons appris vendredi soir le décès de trois d'entre eux) ainsi que la quasi-totalité de l’équipe de soins. Les trois médecins que compte la ville, en charge des gardes à l’Ehpad, sont elles aussi malades. Entretien avec le président du conseil de l’Ordre des médecins de l’Aveyron, Alain Vieillescazes, qui souhaite alerter le plus grand nombre sur cette situation "inacceptable". Nous apprenions vendredi soir, les décés de trois résidents.

L’Ordre des médecins de l’Aveyron suit de très près la situation à l’Ehpad Gloriande de Sévérac…

Nous sommes mobilisés depuis dimanche soir, informés de la situation sanitaire dans l’établissement. Il y a une lourde contamination, c’est préoccupant. On peut considérer que l’ensemble de l’établissement est touché.

Disposez-vous d’un bilan récent du nombre des contaminations ?

Mardi soir, l’établissement comptait 40 résidents positifs au covid-19 (dont trois hospitalisés) ainsi que 12 soignants. Jeudi soir, il y avait 70 résidents positifs sur un total de 73… et la quasi-totalité de l’équipe. Désormais cela ne sert plus à rien de tester dans cet Ehpad, il faut conclure que l’ensemble de l’établissement est touché. Ce qu’il faut noter par ailleurs, c’est que les trois médecins de ville que compte Sévérac-d’Aveyron sont elles aussi malades. Elles ne pourront donc plus assurer les gardes à l’Ehpad ni les consultations. Il n’y a plus de médecin à Sévérac-d’Aveyron.

En tant que président du conseil de l’Ordre des médecins de l’Aveyron, avez-vous tenté d’intervenir ?

Sévérac est désormais en zone blanche, l’établissement est désormais sans ressource médicale et certains des résidents sont très fragilisés… J’ai alerté l’Agence régionale de santé (ARS) du risque de cette situation. En cas de situation de risque sanitaire majeur – nous y sommes – il faut diriger les patients vers des structures hospitalières. Je l’ai dit à l’ARS dès mercredi, mais l’Ordre, s’il a été entendu, n’a pas été écouté. Aujourd’hui nous sommes face à des situations de décompensation et dé-saturation, c’est-à-dire que l’état des patients s’aggrave, avec des difficultés respiratoires…

Comment l’établissement et les services sanitaires vont-ils gérer la suite de cette situation ?

Nous avons monté en urgence un tableau de gardes, ce sont trois à quatre médecins bienveillants de Millau qui viendront les assurer ce week-end ainsi qu’une présence médicale en ville pour les consultations. C’est le travail de l’ARS d’organiser les gardes… l’ARS m’a remercié !

Quelles sont les problématiques liées à ce week-end en particulier ?

Nous arrivons au stade critique de la maladie, l’aggravation se fait vers les 8e ou 9e jours, c’est-à-dire ce week-end. S’il doit y avoir des aggravations, il faudra y donner une suite. Les médecins de Millau ne connaissant pas les patients, c’est une situation très inconfortable. L’Ordre ne peut pas cautionner cette situation. J’ai la crainte que 30 à 40 patients nécessitent une hospitalisation, ça peut arriver.

Que se passerait-il alors ?

L’hôpital de Rodez ne pourrait pas accueillir autant de personnes, et celui de Millau pourrait prendre une dizaine de cas. Sans parler de l’organisation du transfert, pendant un week-end ! Protection civile ou pompiers pourraient s’en charger, mais ont-ils été prévenus ? Il y a une absence de solution. Une absence de décision de l’ARS.

L’Ehpad Gloriande de Sévérac constitue le plus gros "cluster" du département…

Oui, c’est le plus gros point chaud du département, et peut-être même de France. Si ça tourne vraiment mal, ça va faire la "Une" parce que c’est intolérable. Nous sommes à quelques kilomètres d’hôpitaux. Personne ne comprendrait que ces patients ne puissent pas y être acheminés.

Trois résidents ont succombé

Confirmé par des sources sanitaires en lien avec l’établissement, après que nous ayons joint Alain Viellescazes, nous avons appris hier soir que le Covid-19 avait fait trois victimes à Gloriande : un résident est décédé jeudi 10 septembre et deux autres hier vendredi. On peut malheureusement s’attendre à ce que ce bilan s’alourdisse dans les jours à venir.

 

La préfecture « mobilisée »

« Les services de l’État, en particulier la délégation territoriale de l’ARS, sont particulièrement mobilisés pour suivre la situation de l’Ehpad Gloriande », a affirmé hier la Préfecture, qui affirme que plusieurs « leviers » ont déjà été « activés » : renfort en soins infirmiers, mobilisation de la Protection civile dès ce week-end, éventuel soutien de l’Udsma en début de semaine et activation d’une plateforme de mise en relation de l’Ehpad avec des professionnels de santé volontaires.
 

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