Baisse de licenciés sportifs : "Une situation morose dans les clubs" de l'Aveyron

Abonnés
  • Le sport au temps du Covid-19 oblige l’adoption de mesures sanitaires mais provoque, aussi, une baisse du nombre de pratiquants.
    Le sport au temps du Covid-19 oblige l’adoption de mesures sanitaires mais provoque, aussi, une baisse du nombre de pratiquants. Photos Jean-Louis Bories
Publié le
Guillaume Verdu

La rentrée sportive a été marquée par une importante diminution du nombre de pratiquants dans les associations sportives, en raison de la crise sanitaire.

C’est une autre conséquence de la crise liée au Covid-19 à laquelle les associations sportives sont actuellement confrontées. Depuis la rentrée, celles-ci ont en effet constaté une baisse globale du nombre de licenciés.

S’il est encore difficile de mesurer précisément le phénomène et si toutes les disciplines ne sont pas concernées dans les mêmes proportions, les premières estimations sont pessimistes, pour ne pas dire alarmantes. "Le mouvement sportif se projette sur une baisse de 20 à 30 % du nombre des licences", a déclaré dernièrement Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports.

L’Aveyron n’y échappe pas. " A priori, il y a une baisse de 15 à 20 % du nombre de licenciés", estime pour sa part Jean-François Angles, le président du Comité départemental olympique et sportif.

"La situation est très morose, complète-t-il. Les clubs rament et certains sont très inquiets pour l’avenir."

La principale cause de cette défection est évidemment le contexte sanitaire. Même si les fédérations ont mis en place des protocoles spécifiques, de nombreux pratiquants en loisir sont réticents à reprendre leur activité, par peur d’être contaminé. Cela est d’autant plus vrai pour les sports de contact ou ceux pratiqués en intérieur.

"Chez les plus de 65 ans, beaucoup ne veulent pas reprendre"

Parmi eux, le tennis de table. "Par rapport à la saison dernière, nous sommes pour l’instant à 60 % de reprise de licences dans le département", avance Bernard Barascud, le président du comité départemental. Selon le dirigeant, cette tendance se retrouve particulièrement chez les pratiquants les plus âgés. "Parmi nos vétérans de plus de 65 ans, beaucoup ne veulent pas reprendre car ils ont peur d’être contaminés", explique le dirigeant. De quoi expliquer la baisse de fréquentation puisque "sur les 500 licenciés aveyronnais, les deux tiers sont des seniors", appuie Bernard Barascud.

Cette défection chez les seniors se retrouve dans d’autres sports. "Pour nous, il y a une forte baisse chez les adultes mais une augmentation chez les enfants", relève Mickael Ledolley, président du club Taekwondo Rodez. Au printemps, son association avait dû attendre de longues semaines après la fin du confinement avant de retrouver un fonctionnement normal, comme tous les clubs de sports de combat, les dernières disciplines autorisées à reprendre. "Nous avions été les premiers à nous arrêter et cela pourrait de nouveau être le cas si de nouvelles mesures sont prises", redoute-t-il.

Et des pratiquants ont peut-être mis leur activité en pause, par crainte d’une nouvelle année tronquée.

Un changement d’habitudes après le confinement

D’ailleurs, la baisse du nombre de licenciés peut aussi s’expliquer par les difficultés de pratiquer son sport en temps de pandémie.

En effet, dans les départements voisins, de nombreux gymnases ont été fermés par décision administrative.

De quoi entraver les compétitions, même chez les amateurs. Sans parler des vestiaires et douches interdits dans certains stades, qui rendent la pratique bien plus inconfortable.

Ce contexte particulier peut ainsi inciter certains à changer leurs habitudes sportives. "Le confinement a favorisé le développement de la pratique individuelle de certaines disciplines, comme la gymnastique, le yoga ou encore la course à pied, relève Jean-François Angles. Plutôt que de s’inscrire dans un club, des personnes ont pris l’habitude de recourir à des coaches en ligne ou à s’exercer tout seul."

Preuve que pour la pratique de sport aussi, l’épidémie de Covid-19 est susceptible de tout bouleverser. Et d’engendrer un monde d’après dans lequel les associations sportives seraient les grandes perdantes.

Le chiffre

  • 78 000

Selon le Comité départemental olympique et sportif, il s’agit du nombre de licences sportives en Aveyron, en 2019. Soit avant la forte baisse observée cette rentrée, mais pas encore quantifiée.

 

Jean-François Angles.
Jean-François Angles. Centre Presse - José A. Torres

Jean-François Angles : "Un important manque à gagner"

La perte du nombre de pratiquants est une mauvaise nouvelle sur le plan financier. Les associations sportives récupèrent en effet une partie de la somme versée sur chaque licence. De quoi craindre de la casse parmi les clubs du département.

"Quand on est dans un petit club avec une petite trésorerie, on vit souvent au jour le jour. Les associations ont souvent peu de réserves financières. Elles s’apprêtent à vivre une année difficile, voire dramatique. Certaines devront peut-être mettre la clef sous la porte", craint Jean-François Angles, le président du Comité départemental olympique et sportif. D’autant que les clubs ont déjà été sévèrement touchés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19 au niveau des recettes, avec les limitations concernant la présence de spectateurs, la tenue de buvettes ou encore d’événements festifs comme les repas ou les quines, organisés pour soulager les trésoreries. Sans parler de la baisse des partenariats, avec des entreprises ou collectivités elles aussi touchées par la crise.

Et à côté de cela, les dépenses continuent, puisque les rencontres continuent à se tenir. "Les clubs s’engagent dans la reprise avec les classiques que cela implique, comme les équipements sportifs, les transports, les collations, etc.", pointe le club de rugby d’Espalion dans une lettre ouverte aux présidents de la Fédération et de la Ligue.

Face à cette situation, les associations sportives comptent sur un coup de pouce financier. "Nous attendons beaucoup de la part des fédérations", lance Jean-François Angles, qui n’oublie pas que celles de rugby et de handball ont déjà présenté des plans d’accompagnement de leurs clubs. "La ligue d’Occitanie de tennis de table a fait remonter au ministère des Sports une demande d’aide à la licenciation de 50 € par individu, ajoute Bernard Barascud, président du comité départemental. Notre demande a été entendue, mais il faut voir si un financement peut être trouvé..."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?